dimanche 13 juillet 2014

Hotel (Xenia)

Cette « nouvelle épopée grecque » - comme le présente le distributeur du film – est effectivement un road movie situé en Grèce. Suite au décès de leur mère, deux frères albanais, Dany et Odysseas, partent à la recherche de leur père qu’ils ne connaissent pas, pour lui réclamer  une partie de sa fortune mais surtout sa reconnaissance, indispensable à l’obtention d’un passeport grec.


Un rempart à la crise
Sur cette amorce a priori lugubre comme une tragédie grecque, Panos H. Koutras déploie un univers très coloré, une folie, un humour qui évoquent beaucoup le cinéma de Pedro Almodovar. Semblant d’abord un peu forcée, l’extravagance du personnage principal, Dany, devient rapidement aussi attachante qu’elle agaçait au départ, à l’image du film dans son ensemble. Les embardées excentriques des deux frères,  qui insufflent émotion et énergie au long-métrage, font contrepoint au cadre nettement plus inquiétant où se déroule cette histoire, soit la Grèce en pleine crise de la dette, où sévissent en presque totale impunité des ligues d’extrême droite.
L’appel au rêve apparaît alors comme une nécessité pour Dany et Odysseas, capables de réinventer leur misère en conte de fées. C’est ainsi que sur le chemin les menant à leur père, Dany embarque bientôt son frère Odysseas dans des auditions pour concourir à l’équivalent grec de la « Star Academy ». Pour cette fratrie, le rempart le plus efficace contre la tristesse ambiante est les chansons de la diva italienne Patty Pravo, réinterprétées dans des fabuleuses scènes musicales où l’émotion souvent affleurante éclate soudainement. Interviennent aussi, à des moments toujours inattendus, des séquences oniriques, qui participent au décollement du film de ce dur portrait de la crise sociale grecque dépeint par ailleurs.
C’est cette capacité à réenchanter son environnement que Panos H. Koutras célèbre à travers cette comédie douce-amère. Koutras a la très bonne idée, avec les auto-persuasions de Dany, de piéger ses spectateurs ou de laisser planer le doute sans jamais trancher. Comme le montre la fin de son film, vivre importe plus que de débrouiller mensonges et vérités.

On retiendra…
Difficile de résister à la capacité de réinvention de ces personnages, pourtant persécutés dans la Grèce en crise. La mise en scène, lorsqu’elle ne résout pas les ambigüités.

On oubliera…
Le mauvais goût de certaines séquences se traduit parfois par quelque laideurs visuelles.

« Xenia » de Panos H. Koutras, avec Kostas Nikouli, Nikos Gelia,…

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