vendredi 21 février 2014

Only Dracula forgives (Only lovers left alive)


-          Les vampires ont toujours aimé le grand écran : depuis 1922 et la sortie de « Nosferatu » de Murnau, Dracula et ses congénères n’ont cessé d’inspirer le 7ème art. Donnant au cinéma quelques-unes de ses plus belles œuvres : outre le « Nosferatu » déjà cité, il y eut aussi le sublime « Dracula » de Coppola, en 1992…
-          Et « Twilight », en 2008.
-          Non ! N’entache pas cet article avec cette regrettable référence ! Le film-somme de Coppola a dû beaucoup intimider pour que les vampires reviennent au cinéma dans des représentations aussi ridicules… même si ceux-ci ont toujours fait les joies des séries B ou pires.
-          Sauf que les vampires intéressent encore le cinéma d’auteur : annoncé depuis plusieurs années, sélectionné in extremis à Cannes l’année dernière, le nouveau film de Jim Jarmusch, « Only lovers left alive » arrive enfin au cinéma.
-          Et c’est un chef-d’œuvre ! On pardonnera au jury cannois de Spielberg de n’avoir pu le récompenser, il faut dire que la concurrence était très sévère… mais il n’en reste pas moins que cette nouvelle réalisation de Jarmusch enthousiasme beaucoup !
-          On comprend tout de suite pourquoi le plus mélomane des réalisateurs américains s’est intéressé aux vampires. Chassé de toutes parts, rejetés du monde, traversant les siècles mais devant vivre chaque jour (ou plutôt, chaque nuit), ce sont les figures-mêmes de la marginalité  – et la marginalité, c’est ce qu’affectionne, justement, Jarmusch.
-          Jamais le cinéma du réalisateur n’a semblé autant en osmose avec son sujet. Le rythme lent, hypnotique, qui caractérise sa mise en scène s’accorde ici à la perfection avec l’immortalité lasse de ses personnages principaux. Joués par Tilda Swinton et Tom Hiddleston, extraordinaires, Adam et Eve sont un couple de vampires fatigués de vivre, plongés dans une torpeur dépressive qui fascine et contamine le spectateur. Comment supporter le passage des années alors que l’appel du vide se fait d’autant plus pressant ? Déçu par l’évolution de la société actuelle, ayant perdu toute foi en l’homme et en sa société qui semble se rapprocher de plus en plus de sa perte, les vampires de Jarmusch n’ont plus qu’une seule raison de survivre : la musique, et l’art en général.
-          C’est surtout l’heureux prétexte pour Jarmusch de nous offrir de magnifiques traversées nocturnes (en voiture dans le Detroit abandonné ou à pied dans les rues de Tanger), où l’on se laisse griser par la bande son (composée par le groupe de Jarmusch, SQÜRL) et gagner peu à peu par la mélancolie de ces êtres épuisés et solitaires.
-          La musique dans laquelle baigne le film se matérialise à certains moments à l’écran sous forme de performances « live », comme celle de Yasmine Hamdan, d’autant plus marquantes. Le film cultive aussi des moments d’humour, et surtout des instants de pure poésie. Assurément la première œuvre forte de l’année !

On retiendra…
C’est un envoûtement auquel il est difficile de résister.

On oubliera…
Pourquoi le distributeur n’a-t-il pas cherché un titre en français ?

« Only lovers left alive » de Jim Jarmusch, avec Tilda Swinton, Tom Hiddleston, John Hurt,…

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