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Sur le terrain du fantastique, le cinéma
français, contrairement à celui hispanique ou américain, s’est toujours montré
fort décevant…
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A quelques exceptions près ! Fort rares, il
est vrai. Parmi celles-ci, un chef-d’œuvre du cinéma : « La Belle et
la Bête » de Jean Cocteau, qui date de 1946 mais qui n’a rien perdu de sa
puissance et de son merveilleux, grâce à ses trucages artisanaux d’une poésie
sublime et intemporelle.
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68 ans plus tard, Christophe Gans ose livrer à
son tour sa vision du conte – la neuvième dans l’histoire du cinéma, tout de
même. Il ne cache pas son ambition de se détacher de la version tutélaire de
Cocteau. Contrairement aux choix artistique qu’auraient pu faire Michel Gondry
ou encore Guillermo del Toro…
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Qui compte justement parmi ses projets d’adapter
lui aussi le conte au cinéma !
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… Christophe Gans a voulu susciter le
merveilleux par les moyens numériques modernes – faisant fi, donc, de
l’héritage « bricolo » de Cocteau… pour citer, à la place, Hayao Miyazaki !
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Et c’est réussi ! Disons-le tout net :
le plaisir procuré par le film est purement visuel. La direction artistique est
sublime : des décors aux costumes, l’image est surchargée de détails aux
couleurs chatoyantes où l’on s’amuse, à l’invitation de la caméra, à perdre son
regard, émerveillé devant ce qui confine à un baroque féérique. Loin d’être
figés, ces décors, lorsqu’ils ne se métamorphosent pas, vivent grâce aux
multiples créatures qu’ils abritent, des servants mi-chiens mi-gnomes aux
impressionnants colosses de pierre. Une telle ambition visuelle, un tel
spectacle sont, dans le cinéma français, vraiment rares.
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« La Belle et la Bête » est un
véritable blockbuster à la française ! C’est ainsi le premier film
européen à faire usage de la motion capture, qui a permis à Vincent Cassel d’interpréter
la Bête. Le résultat est là-encore extraordinaire, avec une Bête très
expressive, où l’on reconnait sans peine le visage de l’acteur.
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Cependant, Vincent Cassel ne renoue pas avec
l’émotion apportée par Jean Marais dans la version de Cocteau (et transmise par
la seule force du regard !). Ce n’est ni la faute de l’acteur, ni celle
des effets numériques, mais bien un problème de mise en scène : à force de
nous faire visiter ses décors fabuleux (dans les deux sens du terme), Christophe
Gans délaisse quelque peu le centre de l’histoire, à savoir l’amour
contre-nature de la Bête et de la Belle. Gans a préféré développer plus
longuement d’autres aspects du conte originel, voire en inventer de nouveaux,
et en oublie de donner corps à la passion naissant entre les deux personnages du
titre.
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A ceci près que les plus belles scènes du film
sont quand même celles réunissant Léa Seydoux et Vincent Cassel, comme cette
magnifique poursuite nocturne sur un lac gelé ! Contre toute attente, le
pari de Christophe Gans est un incontestable succès – même si l’on doute que sa
version, parce que numérique, perdure dans les mémoires comme celle de Cocteau.
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C’était presque inespéré, de la part du
réalisateur du très mauvais « Pacte des loups » (2001) ! Espérons
que cette réussite soit suivie d’autres, puisqu’en 33 ans de carrière,
Christophe Gans n’a mené jusqu’à son terme que quatre projets de
longs-métrages... et a dû en abandonner sept. Une raison supplémentaire pour
célébrer ce film, qui, on le répète, détonne dans le paysage cinématographique
français.
On retiendra…
Décors, costumes, effets
spéciaux… Le film est un enchantement visuel, d’une ambition très rare dans le
cinéma français. La musique.
On oubliera…
L’amour entre la Belle et la
Bête manque singulièrement de passion. Les dialogues, parfois bancals. La
chanson du générique.
« La Belle et la
Bête » de Christophe Gans, avec Léa Seydoux, Vincent Cassel, André
Dussolier,…
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