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La semaine dernière, tu parlais des films – ça existe
encore – qui ne remportent un énorme succès qu’aux Etats-Unis. Cette semaine,
on pourrait évoquer un sujet inverse : les cinéastes américains adulés en France
mais mal considérés outre-Atlantique.
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Tu veux parler du dernier film de James Gray, « The
immigrant » ? Ce film était l’un des événements de la sélection 2013
du festival de Cannes, pour une raison d’abord purement mathématique :
James Gray est un cinéaste rare, qui ne signe ici que son cinquième
long-métrage en 20 ans.
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James Gray a en effet beaucoup de difficultés à
produire chacun de ses longs-métrages… même si le vent est apparemment en train
de tourner.
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Ceci est une autre histoire… Pour l’heure, James
Gray réalise avec « The immigrant » son film le plus ambitieux, puisqu’il
s’agit d’une reconstitution historique du New York des années 1920.
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Son plus ambitieux… mais étrangement pas son
plus réussi – qui reste, curieusement, « Two lovers » (2008), son
précédent film, mais aussi son plus petit (celui qu’il a réalisé le plus
rapidement).
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La force du cinéma de James Gray était celle des
tragédies grecques. Les personnages de « La nuit nous appartient » et
de « Two lovers », auxquels le spectateur s’identifiait
instantanément, se retrouvaient plongés dans des dilemmes d’autant plus émouvants
que le spectateur s’y sentait impliqué. « The immigrant » avait
tout pour renouer avec ces prodiges : l’histoire est celle d’un mélodrame,
les trajectoires des personnages sont passionnantes, la reconstitution
historique est très réussie…
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Et surtout, les performances des acteurs sont
fabuleuses : Marion Cotillard, aussi à l’aise en anglais qu’en polonais, est
incroyable dans ce rôle qui rappelle, après la récente déconvenue de « The dark knight rises », qu’elle méritait bien son Oscar. A ses côtés, Joaquin
Phoenix trouve ici encore un rôle où déployer l’ambigüité de son jeu, toujours
sur le fil entre burlesque et drame – on ne sait jamais s’il va exploser de
colère ou s’effondrer en pleurant…
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Et pourtant, l’émotion, qui ne demande qu’à
affleurer, point rarement. La faute peut-être à une photographie de Darius
Khondji très travaillée mais trop peu originale, qui donne un aspect éthéré à
toute cette histoire. Au point que l’on se demande parfois par moments si on n’est
pas en train de nous montrer un rêve… Ce manque de matérialité pourrait donc
expliquer l’étonnant déficit émotionnel de ce film de James Gray.
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Qui n’en reste pas moins un superbe film ! Avec
un film de James Gray tous les quatre ou cinq ans, on aurait tort de bouder son
plaisir…
On retiendra…
La performance de Marion
Cotillard, qui n’a jamais été aussi convaincante dans un film anglophone. C’est
elle qui porte tout le film.
On oubliera…
Etrangement moins émouvant que
les précédentes réalisations de James Gray.
« The immigrant » de
James Gray, avec Marion Cotillard, Joaquin Phoenix, Jeremy Renner,…
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