Depuis l’immense
réussite tant artistique que financière du premier « Pirates des caraïbes »
de Gore Verbinski, Disney s’est plus que jamais lancé dans une production de
franchises. Le rachat de Marvel, Pixar, Star Wars ne sont que des exemples de
la stratégie de production du studio, qui ne conçoit désormais ces films que comme
de simples maillons d’une chaine mercantile beaucoup plus vaste – s’étendant des
jouets au parc d’attraction. Le studio ne s’est toutefois pas encore totalement
fermé à la seule production effrénée de suites tirées des univers dont elle
possède déjà les droits (allant même jusqu’au « reboot » de vieilles
franchises comme « Tron »). Disney semble bien conscient qu’il ne pourra
pas sortir indéfiniment des suites à « Pirates des caraïbes » ou aux
films « Marvel » sans court-circuiter à plus ou moins long terme la
machine à dollars (encore qu’on peut se poser la question dorénavant avec le
nombre de films « Star Wars » annoncé suite au rachat de LucasFilms).
Il tente donc, chaque année, de lancer une nouvelle franchise. On ne peut en
effet plus vraiment parler de films, tant la production de ces œuvres a perdu
toute visée artistique : « Prince of Persia », « John
Carter », et maintenant « Lone ranger, naissance d’un héros »…
Western mécanique et sans âme
C’est avec
une consternation croissante que l’on suit les aventures du cow-boy justicier John
Reid et de son acolyte indien Tonto. Consternation devant le gâchis d’une telle
superproduction qui évoque du début à la fin son modèle évident, à savoir « Pirates
des Caraïbes ». Gore Verbinski est rappelé à la réalisation, et celui-ci a
entrainé avec lui Johnny Depp. L’un comme l’autre, ils répètent le même numéro
que celui de « Pirates des caraïbes ».
Johnny
Depp, hyper grimé, surjoue un indien fou dont les tics drôles bizarres seront
expliqués par la révélation de son passé, à l’image d’un certain Jack Sparrow.
Gore
Verbinski revisite le western comme il l’avait fait du film de pirates, en y
insufflant du fantastique (qui aurait dû être encore plus poussé dans le projet
original du film, puisque celui-ci allait jusqu’à mêler cow-boys et loups
garous – projet revu à la baisse par Disney).
Le problème
tient peut-être à ce que le western soit justement le genre le plus visité par
le cinéma, et qu’en donner une nouvelle vision convaincante demande beaucoup de
brio. Or Gore Verbinski n’a pas la liberté de Quentin Tarantino (« Django
unchained »). L’exotisme était là dans les pirateries caribéennes ou l’orientalisme
merveilleux de « Prince of Persia »... mais même en s’y acharnant, Gore
Verbinski ne peut pas faire de l’Ouest américain une contrée exotique. Ce
handicap est encore alourdi par la musique atroce de Hans Zimmer, qui ne cesse
de convoquer les thèmes d’Ennio Morricone. A ce stade-là, on ne peut plus
parler de clichés ou de stéréotypes.
Dans cette
machinerie trop bien huilée, quelque chose manque : la nouveauté, la fraîcheur.
Tout ne semble que redite. Les mimiques de Johnny Depp n’ont jamais été aussi énervantes.
On est pressé de descendre de ce train à vapeur qui avance mécaniquement, sur
des rails tout tracés, sans jamais en dévier. Arrivé au bout du chemin, il ne
reste plus qu’à constater l’échec. Parfois malgré tout divertissant, il aurait
été supportable s’il n’avait été aussi long.
On retiendra…
Une introduction plutôt
inventive.
On oubliera…
Verbinski, Depp, Zimmer :
pour chacun d’entre eux, « Lone ranger » est un film de trop.
« Lone ranger, naissance
d’un héros » de Gore Verbinski, avec Armie Hammer, Johnny Depp,…
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