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En 2011, Pedro Almodóvar était reparti une fois
de plus bredouille de Cannes, alors que « La piel que habito » est - à
ce jour - son meilleur film. La sortie à un mois du festival de Cannes de son
nouveau film, son dix-neuvième, laissait craindre qu’après ses cinq tentatives
cannoises Almodóvar renonçait aux festivals…
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Mais tu t’es trompé : si « Les amants
passagers » n’a pas attendu Cannes, c’est tout simplement parce que le
film est une pause dans la filmographie de l’auteur, un retour à la comédie et
à la légèreté qui avait peu à peu abandonné ces derniers films – un film que l’on
pourrait qualifier de « mineur » si cet adjectif ne sonnait pas aussi
péjoratif…
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Après les sommets de « La piel que habito »,
Almodóvar nous embarque à bord d’un avion dont les trains d’atterrissage bloqués
empêchent tout atterrissage.
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Dit comme ça, on a l’impression que tu nous
décris le scénario d’un film catastrophe ! Sauf que l’on est dans l’univers
loufoque et coloré d’Almodóvar : l’imminence de la catastrophe libère chez
Almodóvar tous les comportements. Malheureusement, le film se veut plus léger qu’il
ne l’est vraiment – « Les amants passagers » peine à décoller, le
spectateur étant parfois loin de partager le délire dans lequel s’agitent les
personnages du film. Mais ce côté forcé de la comédie peut se justifier dans le
scénario-même du film – les stewards prêts à tout pour faire oublier la
situation périlleuse dans laquelle ils sont embarqués –, mais aussi dans le
cadre de la métaphore évidente de l’Espagne que file Almodóvar avec cet avion
sans destination. Comme si le réalisateur espagnol, avec sa joyeuseté feinte,
tentait de distraire les espagnols de la terrible situation économique du pays…
tout en laissant bien comprendre que ce n’est qu’une feinte.
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Ton raisonnement me paraît bien tordu ! N’empêche,
le résultat est là : à part quelques moments hilarants – dont la chorégraphie
des trois stewards sur la chanson « I’m so excited » - une comédie
forcée reste une comédie pas vraiment drôle.
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Mais rares sont les comédies à bénéficier d’une
telle mise en scène ! Les décors simples de ce huis-clos fantasque, qui
découpent l’avion en quatre espaces, de la cabine de pilotage à la classe
économique, pourraient faire ressembler le film à une pièce de théâtre si on n’y
retrouvait pas l’art du découpage d’Almodóvar. Le réalisateur espagnol en est aujourd’hui
un maître - capable de faire bifurquer son récit vers une histoire moins légère
à Madrid, un film dans le film, sans aucunement déséquilibrer sa comédie…
On retiendra…
La mise en scène ultra-colorée
du réalisateur espagnol, la loufoquerie de ce voyage en avion.
On oubliera…
La légèreté semble forcée – ce
qui, même voulu par le réalisateur, empêche la comédie de véritablement
décoller.
« Les amants passagers »
de Pedro Almodóvar, avec Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo,…
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