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« Effets secondaires » est le vingt-cinquième
film de Steven Soderbergh en vingt-quatre ans de carrière (si on excepte ses
documentaires et courts-métrage). Cet inclassable réalisateur américain, qui
obtient une Palme d’or avec son premier film « Sexe, mensonges et vidéo »
réalisé à 26 ans (un record), livre depuis une dizaine d’années deux longs-métrages
par an.
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Un auteur ultra prolifique qui enchaine les réalisations
à toute vitesse, mais officie aussi comme monteur et directeur de la
photographie sur ses films... En 2013, cette véritable frénésie
cinématographique qui dure depuis les années 2000 semble l’avoir complètement
épuisé : « Effets secondaires » est en effet annoncé par le
réalisateur comme son dernier film*.
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J’ai du mal à croire qu’après tant d’années
consacrées à cet art, Soderbergh arrête définitivement le cinéma.
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C’est ce que je pensais aussi… jusqu’à ce que je
voie « Effets secondaires ». Qu’il mette en pause sa carrière pour
quelques années semble désormais une nécessité : Soderbergh est fatigué. La
manière dont il a mis en scène « Effets secondaires » est tellement
froide, mécanique, qu’il est difficile d’apprécier pleinement ce thriller - même
en sachant que c’est le dernier.
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« Effets secondaires » aurait pourtant
pu être un grand film ! Si Soderbergh est fatigué, le scénariste Scott Z.
Burns, lui, ne l’est pas. L’histoire, aussi étonnante que perturbante, est
remplie de fausses pistes, ne cesse de changer de direction, d’instiller le
doute chez le spectateur : un très bon scénario donc…
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Qu’on ne peut évidemment pas vous raconter sous
peine de vous gâcher la projection.
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... sur lequel Scott Z. Burns travaillait depuis
neuf ans - il devait même, à l’origine, le réaliser.
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Cela aurait sûrement mieux valu ! En soi, on
ne peut dénigrer la mise en scène de Soderbergh. Mais, de « Contagion »
(fin 2011) à « Effets secondaires »
le réalisateur a filmé de manière identique ses quatre derniers films. Si
la précision clinique des plans faisait de « Contagion » un - voire
le - sommet de la filmographie de l’auteur, elle lasse ici complètement. On a l’impression
de revoir se jouer sous nos yeux le même film. L’absence de passion du
réalisateur dans son œuvre, qui semble avoir été réalisée mécaniquement,
annihile toute émotion.
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Et c’est d’autant plus dommage que le scénario
du film comportait une très bonne idée, jouant sur l’attente du spectateur et
sa reconnaissance d’un schéma cinématographique connu… pour mieux le tromper. Une
idée semblant donc parfaitement convenir à une réalisation du productif Soderbergh
– mais c’était sans compter l’essoufflement du réalisateur, qui semble avoir
étendu le concept à toute la longueur du film.
On retiendra…
Un scénario très fort et très dérangeant,
l’interprétation de Rooney Maara et de Jude Law.
On oubliera…
La mise en scène trop froide
qui donne à l’œuvre un aspect mécanique provoquant le désintérêt du spectateur
au moment-même où le film devait décoller.
*A noter :
« Effets secondaires »
est le dernier film de Soderbergh à sortir au cinéma... aux Etats-Unis (à ce jour). Son dernier film, « Behind
the candelabra », est un téléfilm produit par HBO, sélectionné à Cannes, sorti en salles en France.
« Effets secondaires » de Steven Soderbergh, avec Rooney
Maara, Jude Law, Channing Tatum,…
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