Le projet semblait intéressant : mélanger western et SF avec sérieux aurait pu donner un blockbuster atypique et réussi. Mais il s’avère que la mayonnaise ne prend jamais, et malgré tous les efforts réalisés, c’est plutôt avec ennui que l’on suit cette histoire finalement pas si originale que ça. Un semi-échec plus dû à une réalisation passable qu’aux difficultés supposées de mélanger cow-boys et extra-terrestres.
Mauvais western + SF banale
« Cowboys et envahisseurs » est adapté d’un roman graphique. Dans l’univers de la bande-dessinée, la rencontre entre des aliens et des cow-boys doit bien fonctionner. Mais au cinéma, celle-ci est beaucoup plus difficile : pour réussir son pari, le réalisateur Jon Favreau doit réaliser un western, genre ultra-exploité possédant sa propre mythologie. Chaque image qu’il livrera se confrontera forcément à celles des chefs-d’œuvre du genre. C’est évidemment le cas avec n’importe quel film, de quelque genre qu’il soit, mais le western ayant été si exploité et usé jusqu’à plus soif qu’il occupe désormais une place particulière. Le passé du western est si lourd que pour rester dans les mémoires, un western aujourd’hui ne peut se permettre la médiocrité. Or, c’est malheureusement le cas ici : le volet western du film est d’une banalité affligeante. Les situations ont déjà été vues et revues des milliers de fois, le scénario accumule les poncifs du genre sans grande conviction. Et la réalisation échoue à donner un tour vaguement original à l’ensemble.
Quant à la partie science-fictionnelle de l’histoire, on aura du mal aussi à s’émerveiller, même si il est indubitable que celle-ci est plus réussie. Les extra-terrestres sont conformes aux modèles des séries B, ni plus ni moins. Le personnage joué par Olivia Wilde, par contre, est complètement raté. Il est si imparfaitement traité qu’on voit à travers lui les coutures reliant à grande peine l’histoire western avec l’histoire d’aliens.
L’or, une énorme erreur
Que les deux aspects du film soient si dissociables est peut-être déjà un problème. Ce qui est sûrement le plus gros échec du film est le lien entre les deux parties : si les aliens attaquent la Terre, c’est pour exploiter ses mines aurifères. Hommes de l’Ouest et extra-terrestres et sont donc atteints du même vice envers le métal doré. Pour les premiers, c’est un cliché. Pour les seconds, c’est extrêmement dur à avaler. Comment une civilisation capable de voyager dans l’espace peut-elle encore avoir besoin d’exploiter les pauvres mines d’or terrestres ? Il aurait fallu plus d’explications pour rendre la chose crédible.
Le film en prend un sacré coup, alors que jusqu’ici malgré le côté série Z apparent du sujet, Jon Favreau s’était appliqué à réaliser quelque chose de sérieux (le film est plutôt sombre et comporte très peu d’humour). Mais l’erreur semble encore plus grande lorsqu’on imagine des extra-terrestres venus sur Terre non pas pour exploiter l’or… mais le pétrole. Le film aurait alors pris un tour complètement inattendu et excitant dans une telle superproduction ; malheureusement, les scénaristes n’y pas pensé, ou les producteurs ont refusé cette idée qui aurait tout changé.
Réalisation en demi-teinte
On ne pourra qu’ajouter que la réalisation de Jon Favreau semble parfois légèrement bâclée, comme lors de la bataille finale où le montage maladroit n’hésite pas à recourir aux incohérences pour faciliter la narration. Malgré tout, le film se suit facilement, la curiosité initiale ne s’évanouissant pas dès les premières maladresses. Le film se contente de remplir son contrat de blockbuster estival, de divertissement à faible persistance mémorielle, sans aller au-delà. Ce qui est bien dommage, car l’originalité apparente du sujet aurait pu donner bien plus.
On retiendra…
Des cow-boys se battant contre des extra-terrestres, c’est quand même inhabituel. Daniel Craig et Harrison Ford sont convaincants.
On oubliera…
La réalisation n’est pas à la hauteur et le scénario commet une lourde erreur. Olivia Wilde est nulle.
« Cowboys et envahisseurs » de Jon Favreau, avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire