La carrière
au cinéma de Sylvester Stallone ressemble à un gag relevant du comique de
répétition : on ne peut parler d’elle qu’avec des verbes en « re- ».
En 1976 il incarne le boxeur de Philadelphie Rocky dans le film éponyme. Rôle
qu’il reprendra ensuite cinq fois jusque 2006 (« Rocky Balboa »). En
1982 il incarne le vétéran de la guerre du Vietnam Rambo dans le film éponyme.
Rôle qu’il reprendra trois fois jusque 2008 (« John Rambo »). En 2010
il interprète Barney Ross, chef des « Expendables ». Rôle qu’il
reprendra – pour le moment – deux fois jusque 2014… Pour ce début d’année 2016,
Stallone fait encore son retour. Dans « Creed », il reprend son
personnage de Rocky Balboa, cette fois non plus pour boxer – dans le film, il n’en
a plus l’âge – mais pour entraîner le fils de son ex-meilleur ennemi, Apollo
Creed…
L’héritage
Il avait
juré après « Rocky Balboa » que ce film serait le dernier de la saga
Rocky. On avait regardé le film avec l’émotion des adieux. Ce projet de « spin-off »
à la saga Rocky, qui lui permet vaguement de faire une suite sans se parjurer, agaçait
donc et faisait craindre le pire. Or, on avait tort.
La
réalisation et l’écriture de « Creed » ont été confiées à un jeune
réalisateur prometteur (c’est son deuxième film), Ryan Coogler. Combats de boxe
à l’issue incertaine, entraînement rythmés par le célèbre thème de Bill Conti,
drames familiaux : Coogler reprend tous les codes de la saga Rocky. Et les
revitalise. Il réussit à les inscrire dans une nouvelle émotion, car double,
entre nouveauté (l’ascension déjà émouvante d’Adonis Creed, très bien joué par
Michael B. Jordan) et nostalgie : le film est (évidemment) tissé de
références à la saga Rocky, mais joue avec adresse de cet héritage. A l’image
de la bande originale : signée Ludwig Göransson, elle réinterprète les
thèmes immortels de Bill Conti (auxquels la saga doit beaucoup) mais en
surprenant toujours le spectateur, car au moment où l’on pense reconnaitre un
thème et deviner la suite de la musique, celle-ci dévie toujours dans une autre
direction.
Et puis,
surtout, il y a Sylvester Stallone. Le retour vieilli de légendes passées est à
la mode en ce moment (Schwarzenegger dans « Terminator Genysis »,
Harisson Ford dans « Star Wars VII ») mais il est ici
particulièrement touchant et émouvant. Stallone rappelle enfin qu’il est un vrai
acteur, ce que ces derniers rôles de musclor dans la série des « Expandables »
avait fait oublier. Au milieu du film, on est pris à la gorge par ce qui lui
arrive. Ajouter à cela deux combats de boxe d’anthologie, qui constituent deux
modèles de mise en scène du genre. Le premier nous plonge en immersion totale sur
le ring avec Adonis Creed, puisqu’il s’agit d’un impressionnant (et inédit ?)
plan-séquence à ses côtés, de son entrée dans l’arène jusqu’à la fin du combat.
Le deuxième, dans une forme plus classique mais pas moins efficace, alterne
entre les points de vue à la troisième personne avec commentaires des présentateurs
dramatisant l’action et effets de mise en scène lors des péripéties de ce
combat.
Entre ivresse du sport et nostalgie du passé, « Creed »
n’est que de l’émotion. Le film réussit l’exploit, qui paraissait impensable,
de donner très envie de découvrir sa suite…
On retiendra…
Stallone a-t-il déjà été aussi
émouvant ? La réactivation de la recette « Rocky » est réussie
au-delà de toute espérance.
On oubliera…
Des rebondissements sont
téléphonés, notamment l’histoire d’amour.
« Creed » de Ryan
Coogler avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson,…
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