jeudi 22 janvier 2015

Une trop longue folie (Les nouveaux sauvages)

Au milieu de la sélection officielle de Cannes 2014 évidemment très grave et sérieuse, « Les nouveaux sauvages » arrivait tel un détonateur à second degré, prêt contrecarrer la pesanteur parfois difficilement supportable de la compétition par des rires. Six courts-métrages composent ce film de l’argentin Damián Szifron. A chaque fois, victime du dysfonctionnement de trop de la société, un personnage va imploser et revenir à des comportements extrêmement primaires, faisant fi de toutes les barrières sociales. Le projet de Szifron est donc de montrer, ou de rappeler, que derrière le vernis de la civilisation, nous restons des bêtes sauvages. Le film n’est même pas loin d’affirmer que c’est un degré trop haut de civilisation qui nous ramène à la sauvagerie.


La faiblesse de tout film à sketch
Après un sketch d’introduction très drôle, construit selon un crescendo d’hystérie, « Les nouveaux sauvages » se fait très prometteur. Le plaisir est le même devant le deuxième sketch, où le dérèglement des normes sociales s’avère réjouissant. On pense tenir un chef-d’œuvre à la fin du troisième sketch : une course-poursuite en voiture en plein désert, initiée par une banale incivilité, mais qui ne cesse ensuite de gagner en violence et en folie à chaque nouvel affront de l’un ou l’autre des deux automobilistes. L’escalade (inventive) de la violence vire rapidement au grotesque, puis le grotesque lui-même enfle, enfle, et l’on rit de plus en plus fort…
La redescente n’en sera que plus dure aux sketchs suivants. « Les nouveaux sauvages » est en effet rattrapé par la faiblesse inhérente à tout « film à sketchs » : l’inégale qualité de ses segments. Après le troisième court complètement dingue, les trois derniers paraissent nettement plus sages. Les mécanismes comiques des sketchs se mettent à tourner à vide car ils sont compris : on attend avec un certain ennui que le héros du segment pète les plombs. Le propos paraît répétitif, la catharsis est terminée. L’intérêt du film chute donc grandement, tant la mise en scène de Szifron est des plus fonctionnelles.
Il est possible que ces sketchs ne soient pas de trop, mais simplement mal placés : si le film avait gagné en folie à chaque segment, il n’aurait pas été cet étrange mélange d’allégresse et d’agacement. En l’état, la réussite de « Les nouveaux sauvages » est donc mitigée par sa longueur.

On retiendra…
Un segment hommage à « Duel » de Spielberg jouissif et hilarant.

On oubliera…
Le propos ne se renouvelle pas assez, et sans mise en scène intéressante, la moitié des sketchs paraissent de trop.

« Les nouveaux sauvages » de Damián Szifron, avec Ricardo Darin, Oscar Martinez,…

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