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Tu n’aurais pas du Smecta ? J’ai un mal de
ventre terrible depuis ce matin…
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Je vais t’en donner un, car j’ai vraiment besoin
de ton aide pour le dernier article avant les vacances d’été… Mais je vais
supprimer le nom du médicament de la critique, sinon on va croire que nous nous
mettons au placement de produit.
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Ah ! Ça va un peu mieux…
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C’est l’attente qui t’a rendu malade ?
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Ne m’en parle pas. Après Cannes, voilà l’ultime
récompense de cette fin d’année : le « retour à la science-fiction »
de Ridley Scott, trente ans après « Blade runner » et « Alien,
le huitième passager ». Ces deux films avaient révolutionné le cinéma de
science-fiction et donné à Ridley Scott un statut de démiurge hollywoodien
qu’il a lentement perdu par la suite, si l’on excepte « Gladiator »
en 2000. Mais peu après le triomphe d’ « Avatar » de son grand
rival James Cameron, Ridley Scott avait déclaré son ambition de faire encore mieux
avec « Prometheus ». Un film annoncé - avant que le réalisateur ne le
démente - comme une préquelle à la saga « Alien ». Dernièrement, la
bande annonce spectaculaire faisait craindre que le film ne soit qu’un remake du
premier opus de la saga… Une confusion qui ne faisait que renforcer l’attente.
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Maintenant que nous avons vu le film, un constat
s’impose : « Prometheus » n’est pas du tout le film que nous
attendions.
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Ce qui est mille fois préférable ! Ridley
Scott va en décontenancer plus d’un, en signant ce film très dérangeant. Un
adjectif que l’on ne peut appliquer que trop rarement à un blockbuster, et qui
fait donc tout le prix de cette œuvre.
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L’énigmatique prologue du film m’a beaucoup
rassuré : « Prometheus » n’est pas un remake. Mais oui, c’est bien
une préquelle.
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Un immense antépisode. Il ne fait aucun doute
que « Prometheus » est le film le plus spectaculaire sorti au cinéma
depuis « Inception » en 2010. Ce qui frappe d’emblée est la
splendeur visuelle, qui se déploie naturellement en 3D. La photographie est incroyable.
H.R. Giger a de nouveau été appelé à la direction artistique, lui qui avait
dessiné les décors et la créature d’ « Alien ». Les créations
biomécaniques de l’artiste avaient fini par disparaître dans les suites, mais « Prometheus »
les ressuscite pour notre plus grand malaise… Peut-être prendrez-vous
conscience des allusions qui rendent si particulier l’univers
d’« Alien ».
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Il n’y a pas que la direction artistique qui
rappelle « Alien ». Le scénario aussi…
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Faux ! Ridley Scott fait heureusement
preuve d’intelligence ! Dès que le spectateur croit reconnaître l’intrigue
d’ « Alien », le réalisateur brise aussitôt cette impression en faisant
bifurquer le film dans une direction inattendue. Ce jeu entre le surgissement
d’échos à l’œuvre originelle et leur rupture immédiate ne peut évidemment
s’apprécier que si l’on connait le premier opus de la saga, dont le visionnage,
même s’il n’est pas obligatoire, est fortement conseillé.
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Mais « Prometheus » a aussi d’autres
références ! Celles-ci s’étalent des mythes grecs à « 2001 :
l’odyssée de l’espace » (le personnage joué par Guy Pearce) et jusqu’à…
« Lawrence d’Arabie ».
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Revenons à ce qui fait de
« Prometheus » un blockbuster dérangeant. Ridley Scott a fait des
véritables choix de mise en scène qui ne plairont peut-être pas à tout le
monde. S’il est bien moins effrayant qu’ « Alien », il se
distingue par sa terrible froideur. Même s’il reprend comme personnage
principal une femme, la mise en scène est ici très distanciée. Le spectateur
n’est plus invité à plonger dans le tourbillon des émotions qui assaille le
personnage principal. Ce qui perturbe, trouble, déstabilise, c’est
l’impassibilité de la mise en scène, présente du début à la fin, et jusque dans
les moments les plus spectaculaires…
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Le film n’a pas fini de vous surprendre.
Notamment par sa fin…
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Il est temps de s’arrêter. Aïe ! Je n’en
peux plus de ces maux de ventre…
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Mais… Regarde ton ventre ! Tu es enceinte
ou quoi ?
On retiendra…
La beauté sombre et inouïe des
images. La froideur de la mise en scène. Le casting incroyable. La 3D.
On oubliera…
Pourquoi vouloir tout
expliquer dans une histoire ? Si « Alien, le huitième passager »
est aussi terrifiant, c’est en partie grâce au mystère qui entoure la planète
et sa créature. Donner une explication à cette énigme n’est donc absolument pas
pertinent, et c’est en ce sens qu’il vaut mieux ne pas considérer
« Prometheus » comme une préquelle à « Alien, le huitième
passager ».
A noter :
Depuis qu’il a découvert la
3D, Ridley Scott a déclaré qu’il ne réaliserait plus jamais de film sans elle.
« Prometheus » de
Ridley Scott, avec Michael Fassbender, Noomi Rapace, Charlize Theron,…
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