lundi 20 juin 2011

Le retour de l’argot au cinéma (Largo Winch 2)


-          Pourquoi la France devrait-elle avoir son James Bond ? On a déjà OSS 117 ! Jérôme Salle avec ses « Largo Winch » ne réussit à en produire qu’un ersatz qui ne ressemble pas à grand-chose, à l’image de son acteur principal, Tomer Sisley, dont on doute toujours de ses talents de comédien.
-          Ne t’acharne pas que sur lui ! Les autres acteurs principaux de cette superproduction française ne sont pas non plus convaincants. Le recrutement de Sharon Stone, pour porter le film à l’international, ne semble pas être un choix judicieux, l’actrice étant beaucoup trop âgée pour son rôle.
-          Mais ne limite pas ta critique qu’aux acteurs ! Certains sont au demeurant très bien, le domestique de Largo Winch en tête joué par un Nicolas Vaude épatant, seul personnage vraiment drôle du film. Laurent Terzieff, aujourd’hui décédé, est aussi impressionnant par son physique tant son visage est émacié et ridé (même si il ne joue pas très bien). En fait, les problèmes de « Largo Winch 2 » sont identiques à ceux du premier opus. Les scénaristes ont encore eu la mauvaise idée de rajouter une péripétie finale invraisemblable et inutile, à moins que le problème ne vienne de la réalisation de Jérôme Salle qui n’est jamais parvenu à nous emporter auparavant.
-          Hé ho ! Ne te fâche pas uniquement contre le scénario ! N’oublie pas non plus l’insipide musique, pourtant signée par l’excellent Alexandre Desplat, sans aucune originalité et qui est d’ailleurs clairement mise au second plan. Mais où est passé ton talent, Alexandre ?
-          Bon, je crois qu’on va arrêter et qu’il est temps d’aborder les points positifs du film, pour le moment nous n’avons pas encore justifié ces deux étoiles. Même si certains passages ont tout du sous-James Bond, on suit avec un certain plaisir le film, grâce à ses scènes d’action qui sont de plus en plus réussies, excepté la poursuite en voiture introductive qui ressemble un peu trop à un spot publicitaire…
-          Oui, la meilleure étant un combat en chute libre, une scène vraiment impressionnante et qui a été tournée en conditions réelles. Et on pourrait presque y voir une réponse directe à l’extravagante chute libre de Daniel Craig dans « Quantum of Solace » qui affublait James Bond de la même résistance aux chutes qu’un personnage de cartoon.
-          Et nous ne ferons pas mieux niveau chute puisque cette dernière réplique constitue celle de cet article.
On retiendra…
Les scènes d’action et le voyage mené par le majordome de Largo.

On oubliera…
Le jeu des acteurs principaux, particulièrement sensible et émouvant lors d’une histoire d’amour digne de « Rambo VIII ».

A noter :
Jérôme Salle n’enchaînera pas sur un hypothétique « Largo Winch 3 » mais se lance dans une biographie en 3D du commandant Cousteau.

« Largo Winch 2 » de Jérôme Salle, avec Tomer Sisley, Sharon Stone,…

Par Imer et Miltiade

A-t-on déjà vu le meilleur film de l’année ? (Black swan)


-          Voilà enfin le nouveau film de Darren Aronofsky, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur ne nous déçoit toujours pas !
-          « Black Swan » suit le même procédé que « The Wrestler », précédente réalisation de Aronofsky ; les deux films forment un diptyque à voir ensemble. Alors que dans « The Wrestler » on suivait, caméra à l’épaule, la vie d’un catcheur en fin de carrière, c’est au tour d’une danseuse de ballet dans le second. Si aujourd’hui on a droit à ces deux films complémentaires, c’est parce que Arfonosky a renoncé à mêler les deux histoires en une seule lors de l’écriture de « The Wrestler ».
-          Tenir le rôle titre d’un film de Darren Aronofsky est maintenant devenu un calvaire ! En bâtissant ceux-ci autour de la performance de leurs acteurs principaux, le réalisateur semble martyriser ceux-ci. Dans « The Wrestler », Aronofsky redonnait vie à Mickey Rourke, acteur déchu revenu depuis sur le devant de la scène cinématographique…
-          Redonner vie, mouais : cette résurrection passait en fait pour Rourke par des scènes d’automutilation très impressionnantes.
-          …et dans « Black Swan », c’est à Natalie Portman qu’échoit le rôle d’une danseuse qui se plie à tous les entraînements et régimes pour assurer le rôle du Cygne Noir dans le ballet de Tchaïkovski, se brisant peu à peu sous la pression qu’elle s’impose à elle-même. Un portrait particulièrement effrayant de la danse classique.
-          Effrayant, oui, car « Black Swan » ne ressemble pas tant à un film sur la danse qu’à un film d’horreur : il en a le montage et la musique.
-          Il y a quelque chose de masochiste dans les rôles de ces deux films, puisque leur performance repose sur le principe que la probabilité de décrocher un Oscar augmente proportionnellement aux tortures infligées par le réalisateur...
-          Oui enfin si cela suffisait « Jackass 3D » aurait déjà raflé toutes les récompenses.
-          ... Et on peut dire que ça marche, puisqu’on est véritablement époustouflé par la performance de Natalie Portman, qui a déjà d’ailleurs reçu le Golden Globe de la meilleure actrice et qui devrait décrocher l’Oscar. Tout le film repose sur ses épaules, et grâce à la mise en scène, l’identification est totale avec le spectateur, et la transmission des émotions a rarement aussi bien fonctionné.
-          Le film balaye ainsi tout le spectre des émotions, et s’autorise mêmes quelques traits d’humour pour relâcher la tension. On ne ressort pas indemne du plus spectaculaire tourbillon de sensations que l’on ait pu voir depuis longtemps !
On retiendra...
Le final du film, où tout est poussé à son paroxysme.

On oubliera...
La bande-son du film, très efficace pour installer l’angoisse et la folie de Nina mais au prix du sacrifice de toute originalité.

« Black Swan» de Darren Aronofsky, avec Natalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis…

Par Imer et Miltiade

On ne peut pas s’y Tronper (Tron : l'héritage)

Un programmateur décide de partir sur les traces de son père, disparu depuis 20 ans. Très rapidement, ses recherches le poussent à s’immerger dans le programme informatique que celui-ci avait créé à l’époque.

-          Tu m’écoutes quand je parle ? Qu’est-ce qui te prend de pianoter comme un dingue sur ton clavier ? Mais… pourquoi écris-tu toutes ces lignes de code ?
-          Mais laisse-moi donc ! Je suis en train de créer le programme parfait, celui qui va « restructurer la condition humaine » !
-          Et tu t’es achetée une moto ! Non, ne me dis pas que tu as été captivé par ce film…
-          Bien sûr que non ! Je suis juste en train de réviser mon contrôle d’ADA. Et de toute manière, ce n’est pas « Tron : l’héritage » qui me convaincra de la toute-puissance de l’informatique au point de me réorienter en MIC.
-          En effet, malgré d’énormes attentes, cette suite à « Tron », premier film à intégrer des séquences réalisées entièrement à l’aide d’effets numériques, déçoit profondément. A sa sortie en 1982, les effets spéciaux numériques de « Tron » étaient une petite révolution…
-          Sauf qu’aujourd’hui, en 2011, ces séquences sont devenues très banales. Et « Tron : l’héritage » n’a plus aucune nouveauté à proposer, un an après la démocratisation de la 3D.
-          Rien de neuf à proposer, et rien d’autre non plus… Joseph Kosinski avait pourtant tout : des moyens énormes mis en œuvre par Disney ; l’acteur Jeff Bridges ; il fut l’un des premiers réalisateurs à utiliser les caméras 3D de James Cameron ; et a convaincu le duo français Daft Punk de se charger de la bande originale du film…
-          Mais hélas, il ne reste au final presque rien de toute cette entreprise, excepté l’ambiance et la musique. Le scénario se révèle être très brouillon, voire complètement absurde, un salmigondis de références cinématographiques (la réplique culte du film plaira à Georges Lucas : « Je ne suis pas ton père ») qui manque donc de cohérence et surtout d’enjeu pour le spectateur. Les scénaristes n’ont pas su développer une intrigue assez liée à notre monde réel pour donner une quelconque intensité dramatique à l’histoire : on n’arrive jamais à croire un seul instant que ces programmes totalitaires, protagonistes du film, puissent menacer notre existence…
-          Les acteurs ne relèvent hélas pas le niveau, à commencer par celui qui incarne le héros Sam Flynn. Ils se retrouvent embourbés dans des dialogues ridicules (« Je n’ai pas pu éviter le génocide des algorithmes isomorphes ») et ne réussissent pas à insuffler le rythme et l’émotion qui manquent singulièrement au film…
-          En effet, le montage et la réalisation de « Tron : l’héritage » sont vraiment médiocres. La mise en scène débutante de Kosinski tente quelques effets - sans succès, et le montage trop lent rend le film tout plat malgré son relief 3D : les scènes d’action se retrouvent traitées de la même façon que celles de dialogues, tuant toute émotion. Même les ralentis manquent de dynamisme !
-          Tu ne me laisses plus qu’à conclure avec la réflexion philosophique profonde que propose le film : « la perfection est inaccessible ». Réflexion dont on se dit d’ailleurs en sortant de la salle que le réalisateur l’a vraiment très prise au sérieux, vu le résultat. Tout le contraire de « Black Swan », dont on vous parlera la semaine prochaine…
On retiendra…
L’extraordinaire musique de Daft Punk, qui aurait due être nommée à l’Oscar ! Elle surclasse tranquillement le film, lui étant bien supérieure…

On oubliera…
En vrac : les dialogues, les acteurs, la mise en scène, le montage. On en passe et des meilleures...

A noter :
Voir ce film en 2D est suicidaire. Si vous faîtes l’effort de le voir, allez-y en 3D, ou mieux en IMAX 3D.

« Tron : l’héritage » de Joseph Kosinski, avec Jeff Bridges, Garett Hedlund, Olivia Wilde,…

Par Imer, Maroufle et Miltiade

Les randonneurs (Les chemins de la liberté)



-          C’est encore loin la liberté ?
-          Ha ha ha, très drôle… C’est la question que suscite le titre français un rien pompeux du film de la semaine, « Les chemins de la liberté », et qui marque le retour derrière la caméra de Peter Weir, réalisateur de « Le Cercle des Poètes Disparus » et « The Truman Show », après sept ans d’absence depuis « Master and Commander : de l’autre côté du monde ».
-          N’y allons pas par quatre chemins : la leçon du film est qu’on ne revient pas toujours avec un chef-d’œuvre. Le film retrace l’odyssée entreprise par un groupe de prisonniers en 1941 évadés d’un goulag en Sibérie, et qui s’est achevée… en Inde.
-          Un périple extraordinaire qui est en fait celui de l’officier polonais Slawomir Rawicz, et qu’il a raconté dans l’ouvrage « A marche forcée », best-seller en son temps (publié en 1956), dont le film est l’adaptation.
-          Une « histoire vraie » qui est très sérieusement remise en doute et dont on est à peu près sûr aujourd’hui que l’auteur ne l’a jamais vécue. Son roman est en fait une pure fiction, mais inspirée des voyages que d’autres évadés du goulag ont pu effectuer…
-          Et c’est là tout le problème de ce film : il n’a pas réussi à nous faire croire à cette histoire. Au fur et à mesure que le film fait son chemin, la crédibilité de l’ensemble diminue. Ce processus s’emballe même à la fin du voyage, où Weir semble s’être rendu compte du manque de vraisemblance  de son histoire et expédie la traversée de l’Himalaya (!) en quelques plans.
-          C’est dommage, car les paysages sont vraiment beaux, en particulier lors de la traversée du désert de Gobi et les acteurs sont convaincants. On peut saluer l’équipe de maquillage qui rend particulièrement bien la déchéance physique due à la sécheresse et le manque de nourriture, les acteurs apparaissent physiquement de plus en plus marqués par le soleil, la soif, la saleté, les pieds gonflés par les oedèmes. Alliés à la beauté des paysages, c’est un vrai spectacle. Mais Peter Weir nous perd en chemin, lorsqu’on se rend compte qu’il n’a finalement rien à dire dans ce film.
-          Il ne reste que la première partie du film, qui raconte la captivité des prisonniers du goulag, où la caméra très proche des personnages retranscrit très bien la dure réalité de ces camps, notamment lors d’un passage dans les mines, et la toute fin du film, très émouvante si on s’est laissé prendre par l’histoire.

On retiendra…
Les décors et la performance des acteurs.

On oubliera…
La mise en scène trop classique.

« Les chemins de la liberté » de Peter Weir, avec Jim Sturgess, Ed Harris,…

Par Imer et Miltiade

« Vers l’infini et au-delà ! » (Au-delà)



-          Est-ce que tu crois qu’il y a un paradis après la mort ?
-          Décidément en ce moment tu commences nos articles très très fort ! Mais je ne peux que te le pardonner : c’est avec peu ou prou la même subtilité que Clint Eastwood s’attaque à ce sujet dans son film annuel, « Au-delà », où il entrecroise l’histoire de trois personnages qui se retrouvent confrontés à la mort…
-          Hélas, on ne peut que regretter que le cinéaste désormais âgé de 80 ans se soit attelé à la réalisation d’un film pareil. Avait-il besoin de se rassurer sur ce sujet, après s’être enterré dans « Gran Torino » il y a deux ans ?
-          Tout semblait bien parti pourtant après une spectaculaire introduction où l’on est littéralement plongé dans le tsunami de 2004 avec le personnage français du film, une présentatrice de journal télévisé (Cécile de France, on n’y croit pas une seconde). La caméra est ballotée par les flots, l’absence de musique ne donne que plus d’intensité au drame…
-          Quoique vu la médiocrité des effets spéciaux, avec des personnages de synthèse très repérables et peu crédibles, ce tsunami n’est pas non plus ce que l’on a vu de mieux.
-          Mais c’est un autre drame qui se produit lorsque la française « vit » une expérience de mort imminente : Clint Eastwood impressionne alors par la naïveté de sa mise en scène et handicape dangereusement son film.
-          Qui ne s’en relèvera pas. L’au-delà est présenté comme un monde blanc peuplé d’ombres, où tous les défunts sont bienheureux, « en apesanteur », « omniprésents » et qui réussissent même à communiquer avec les vivants par l’intermédiaire du médium Georges Lonegan campé par Matt Damon.
-          La faiblesse du film est déjà qu’il présente la vision d’un au-delà très stéréotypée et fade, mais en plus sans laisser planer le moindre doute quant à son existence ! Eastwood ne se casse pas la tête : l’au-delà existe, et ses personnages s’en sont vraiment approchés.  Il nous faut des arguments un peu plus solides pour nous faire croire à cet au-delà ! Sans eux, le film est bâti sur du vide.
-          Du coup, on reste ébahi devant cette affirmation latente : on aurait aimé de l’ambigüité chez le médium Lonegan, pourtant le personnage le plus réussi du film !
-          Clint Eastwood s’essaye ici au mélodrame façon Alejandro Iñárritu (« Babel », « Biutiful ») puisque « Au-delà » nous fait suivre trois histoires différentes se déroulant aux quatre coins du globe : Londres, Paris, San Francisco…
-          Hé, ça fait trois chez moi.
-          Je ne me laisserais plus perturber : … mais avec nettement moins de brio. Et la comparaison est d’autant plus sévère que dans « Biutiful » Iñárritu y abordait déjà, entre autres, l’histoire d’un médium pouvant communiquer avec les morts. Les visions de Javier Bardem y étaient beaucoup plus dures et dérangeantes que la pâle lumière blanche d’Eastwood… Idem pour la description de l’au-delà.
-          Il ne me reste plus qu’à regretter l’inutilité de la location d’un tiers de l’intrigue à Paris. Eastwood tourne enfin en Europe mais traite Paris sans attention particulière. Cette partie française est ratée : ce que le réalisateur nous y décrit n’est pas du tout crédible. On espère que Woody Allen se débrouillera mieux avec la capitale française dans son film prochain film.
-          Bon, maintenant que tu as bien tergiversé et tourné autour du sujet, tu vas peut-être enfin pouvoir répondre à ma question : est-ce que tu crois qu’il y a un paradis après la mort ?
On retiendra…
La photographie du film.
On oubliera…
La présentation de l’au-delà d’Eastwood, à court d’idées. La musique : c’est toujours la même !

« Au-delà » de Clint Eastwood, avec Matt Damon, Cécile de France,…


Par Imer et Miltiade

La météo de la semaine (Même la pluie)



-          « Même la pluie », donc ?
-          Hum. Je ne sais pas si ça va passer. Nos introductions sont de moins en moins bien.
-          Tu as tout gâché ! Personne ne l’avait remarqué ! Ils sont tous en train de réviser, ils n’y avaient pas fait attention…
-          Bon. « Même la pluie », donc. Le film que l’Espagne a choisi comme candidat national pour l’Oscar du meilleur film étranger.
-          Autant dire qu’il risque d’être assez vite éliminé…
-          Ne sois pas si dur. Après « Somewhere » la semaine dernière sur la vie d’acteurs, voici un nouveau film sur le cinéma qui présente une réflexion sur l’engagement des cinéastes. Trois histoires coexistent dans ce film : d’abord, les difficultés d’une équipe occidentale à tourner un film en Bolivie, à Cochabamba, sur la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb ; puis le film lui-même tourné par cette équipe dont on voit quelques extraits ; enfin la révolte des habitants de Cochabamba contre la privatisation de l’accès à l’eau courante, dernière histoire qui prendra peu à peu le pas sur les autres.
-          Tout l’argument du film est de faire naître des résonnances entre ces trois histoires, puisqu’elles sont étroitement imbriquées : l’équipe du film profite des faibles coûts boliviens pour engager à peu de frais des figurants locaux, qui lanceront les manifestations puis les grèves contre la privatisation de l’eau.
-          Un dispositif assez complexe mais très bien maitrisé, étant donné que chacune de ces trois parties est aussi convaincante - et en particulier le film sur Christophe Colomb -, dispositif qui constitue donc la réussite du film…
-          … mais aussi sa limite. Le même problème surgit dans chacune de ces trois histoires, celui de l’exploitation des indigènes, et le dispositif montre ici toute sa force avec une mise en abyme immédiate qui accentue le questionnement du film. Mais justement, quand ce même problème se répète dans les trois niveaux de l’histoire, le film n’arrive plus à cacher l’artificialité de sa mise en scène. La coïncidence est trop suspecte.
-          Oui, peut-être aurait-il fallu séparer complètement les trois histoires pour créer une sorte de vertige lorsque l’on s’aperçoit que le temps n’abolit pas les injustices…
-          Sauf que ce film que tu me décris là n’a presque plus aucun point en commun avec « Même la pluie ».

On retiendra…
Le scénario à niveaux du film.

On oubliera…
Le scénario à niveaux du film.

A noter :
Le film est inspiré de la véritable guerre de l’eau qui a éclaté à Cochabamba en 2000.

« Même la pluie » de Iciar Bollain, avec Gael Garcia Bernal, Luis Tosar,…

Par Imer et Miltiade

Quelque part (Somewhere)


-          Quelle serait la réplique que tu retiendrais de ce film ?
-          Laisse-moi réfléchir… Non, c’est bizarre mais rien ne me vient à l’esprit.
-          Ne cherche pas plus loin : cette question était purement rhétorique et ne servait qu’à débuter cet article.
-          Je me disais aussi : qu’est-ce que tu essayais de faire avec cette interrogation ? Me déstabiliser ? Il m’avait bien semblé que les paroles n’ont presque aucune importance dans « Somewhere », Lion d’Or à la Mostra de Venise. On y parle peu, et pour ne rien dire.
-          Je dirais aussi qu’on y bouge peu, et pour ne rien faire. Ou plutôt si : Johnny Marco, personnage principal du film, est une vedette hollywoodienne, et avant tout un occidental qui comble ses journées d’activités que tout le monde rêverait de faire : fêtes, balades en Ferrari, voyages dans les plus grands palaces... Logeant dans l’hôtel du Château Marmont, lieu emblématique des stars d’Hollywood, il vit luxueusement et dans une oisiveté presque totale. Et pourtant, rien ne nous attire dans son existence.
-          C’est que nous sommes dans le quatrième film de Sofia Coppola. Johnny Marco s’ennuie, bien qu’il ait tout, pour exaucer tous ses désirs. Il est aussi désespérément seul, alors qu’il est en permanence entouré des autres locataires de l’hôtel, ce que la mise en scène et l’acteur Stephen Dorff nous font parfaitement ressentir. Bref, on est bien loin de l’image que l’on a habituellement de la vie de ces acteurs richissimes et célébrissimes.
-          RRzzz… Tu n’aurais pas une blague, plutôt ? Je crois bien que nous sommes en train d’endormir tout le monde, là. Pas de dialogues, pas d’action, de l’ennui et de la solitude : un programme qui doit faire rêver tous nos lecteurs.
-          C’est malin, ton intervention vient de gâcher tout mon effet. Et bien, justement : le film est, malgré son sujet, passionnant et fascinant. Du début à la fin, on se demande s’il est possible d’être autant décalé avec la réalité, aussi enfermé dans son monde ?...
-          Tu devrais me remercier, je viens juste de t’en sortir.
-          …  « Somewhere » multiplie les métaphores de l’isolement et de l’enfermement. On ne peut qu’être saisi par le plan qui introduit le film, et celui de la séance de maquillage pour les effets spéciaux d’un film dont Johnny Marco est le héros. Plans fixes, longs, mais qui nous emportent dès le début. Et qui parfois décrivent des choses si ahurissantes…
-          Je vais arrêter de faire l’avocat du diable : « Somewhere » est bien plus qu’un très bon film. Sofia Coppola filme le vide et le silence comme personne. J’exprimerais juste une légère déception quant à la musique du groupe français Phoenix, qui est tellement bien qu’on aurait aimé l’entendre plus souvent, ou alors ne pas l’avoir déjà découverte dans la bande-son du film-annonce.
-          Tu as frappé fort, là : « le seul défaut c’est que c’est trop bien »… Pitoyable.

On retiendra…
L’atmosphère du film. Son rythme lent calme et donne envie d’y assister de nouveau.
On oubliera…
Les derniers instants du film. On aurait pu s’attendre à plus d’originalité, au vu de la qualité de ce qui précède.

A noter :
Le Lion d’Or décerné à « Somewhere » comme le reste du palmarès a suscité quelques polémiques : Quentin Tarantino, président du jury, a aussi été le compagnon de Sofia Coppola. Selon nous, elle reste méritée.

« Somewhere » de Sofia Coppola, avec Stephen Dorff, Elle Fanning,…

Par Imer et Miltiade.