« La
belle et la bête », dixième (au moins). Après le très beau film de Christophe Gans, Bill Condon a été chargé par Disney de porter une nouvelle fois à l’écran
cette histoire dont l’adaptation maîtresse reste la version (à jamais indépassable
?) de Jean Cocteau de 1946. Mais il s’agit en fait moins d’une nouvelle adaptation
du célèbre conte que du remake en prises de vues réelles du dessin animé de
Disney de 1991, puisque ce film est une comédie musicale (le dessin animé ayant
aussi été porté sur scène à Broadway). Pouvait-on raisonnablement attendre
quelque chose d’un tel projet, confié au réalisateur des deux derniers « Twilight » ?
Bien évidemment, non.
Hypocrite
Pour faire
court, ce « La belle et la bête » est moche et mal fait. Les moments
chantés sont si piètres qu’on regrette d’avoir osé émettre des réserves il y a quelques
temps devant les passages musicaux de « La la land » : la
comédie musicale est un art que Bill Condon ne maitrise pas du tout. Il
ridiculise son actrice principale, Emma Watson, ne sachant pas comment la
diriger lors de ses passages chantés.
Pour le
reste, il est difficile de dépasser le sentiment de consternation provoquée par
l’étalage de laideur déroulée par la direction artistique, qui se complait dans
le kitsch.
Le seul risque
artistique pris par ce décalque du dessin animé original est l’ajout d’un
pseudo-discours féministe. Belle est indépendante, débrouillarde, experte en
mécanique, prête au combat… Cette émancipation des héroïnes Disney est devenue
si systématique (présente dans toutes les productions du studio depuis le
succès de « La reine des neiges ») qu’on n’y croit pas une seule
seconde, surtout lorsqu’il s’agit de raconter une histoire où l’héroïne
intrépide, capable de tomber amoureuse d’un monstre habitant un château
décrépit, finira heureuse châtelaine d’un palais dorée aux bras d’un noble
bellâtre… Une hypocrisie (et ce n’est pas la seule) qui résume bien le projet
du film : faire passer pour neuf du ringard et empocher la mise au
box-office (et malheureusement, ça marche). On préfèrera, et de loin, la récente adaptation de Christophe Gans, nettement plus audacieuse et émouvante.
On retiendra…
Luke Evans est le seul qui semble
un peu s’amuser.
On oubliera…
La laideur de la direction
artistique, les passages musicaux, l’hypocrisie du film.
« La belle et la bête »
de Bill Condon, avec Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans,…
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