vendredi 23 septembre 2016

Arrête vraiment ton char (Ben-Hur)

« Ben-Hur » : l’histoire cruelle de cette fratrie qui se déchire au temps de Jésus-Christ (à l’origine, un roman publié en 1880) avait impressionné à l’ère du cinéma muet dans la première version de 1925 signée Fred Niblo. Elle a été de nouveau portée à l’écran avec toute la démesure de l’ère éclatante du Technicolor par William Wyler en 1959. Quand on évoque « Ben-Hur », c’est de ce film-ci que l’on parle, tant elle a marqué les esprits et reste impressionnante (notamment sa célèbre course de chars). A l’ère du numérique et de la 3D, il était donc presque logique qu’une nouvelle version de cette histoire désormais mythique soit produite… Mais comment passer après le film de Wyler de 1959, même cinquante-sept ans plus tard ?


Une parodie involontaire de péplum
Cette nouvelle adaptation est une erreur totale. C’est tout simplement un mauvais film, très mal filmé, encore plus mal monté. Petite prouesse, ce blockbuster réussit au niveau des effets spéciaux à perdre sur les deux tableaux : il concilie la laideur du numérique avec le toc des décors en cartons et des accessoires en plastique. La direction artistique est une vraie calamité (cette Antiquité est invraisemblable), à moins de regarder le film comme une parodie de péplum – dans ce cas l’un des éléments les plus drôles du film est sans nul doute la coiffure de Morgan Freeman (pourquoi s’est-il embarqué dans cette galère ?).
Pour tout ce qui n’est pas de l’action, le réalisateur Timur Bekmanbetov se révèle très maladroit. Avec ces dialogues risibles, ces acteurs sans expression et ces décors et costumes en carton-pâte, « Ben-Hur » a tout d’un téléfilm. On se demande vraiment pourquoi Bekmanbetov a accepté ce projet (proposé à beaucoup de réalisateurs). Lui qui est si adroit dans la fantaisie (l’extraordinaire « Abraham Lincoln, chasseur de vampires », 2012) n’est clairement pas capable de raconter cette histoire aussi lourde sans verser en permanence dans le comique involontaire…
On a l’impression que le réalisateur a tout misé sur la fameuse séquence de la course de chars (est-ce pour ce passage qu’il a accepté de tourner ce remake ?). C’est assurément le meilleur moment du film, mais il ne s’agit pas pour autant d’un grand moment de bravoure cinématographique. Certes, ça fait plein de bruit, ça envoie du sable en 3D sur la tête des spectateurs, mais c’est empêtré dans une laideur numérique qui affadit tout et ne rend plus rien impressionnant, et surtout, c’est filmé au stroboscope, ce qui fait qu’on n’y comprend rien.
En définitive, ce « Ben-Hur » ne restera pas comme ses prédécesseurs dans l’histoire du cinéma, d’autant plus qu’il ne propos strictement rien de nouveau par rapport à eux, et se contente de les copier jusque dans les principes de mise en scène. Si ce « Ben-Hur » parvient à rester dans les mémoires d’ici la fin de l’année 2016, ce sera déjà un exploit…

On retiendra…
Une 3D parfois marrante.

On oubliera…
Laid, involontairement comique, filmé et monté n’importe comment, cette nouvelle version de « Ben-Hur » fait honte à celles de 1925 et 1959. Absolument sans intérêt. Sauf si vous voulez démontrer (très cruellement) que « Hollywood, c’était mieux avant ».


« Ben-Hur » de Timur Bekmanbetov, avec Jack Huston, Toby Kebbell,…

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