Peut-on
juger un remake, sans connaitre l’original ? Je n’ai pas vu le
« Point break » de Kathryn Bigelow datant de 1991, et ne pourrais
donc pas le comparer avec son remake de 2015, réalisé par l’inconnu Ericson
Core et écrit par Kurt Wimmer. Mais, au moment d’en faire la critique, cela
a-t-il une quelconque importance, lorsque ce qu’il y a à juger est aussi faible ?
Ce « Point break » est un très mauvais film… Pourtant, il échappe à
la catégorie des films sitôt vus, sitôt oubliés. Ce qui le sauve du désintérêt,
c’est qu’il est tellement nul… qu’il en devient génial.
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L’intention
de départ ayant guidé la réalisation de ce remake semble avoir été le rassemblement
dans un seul film des images les plus spectaculaires circulant dans les vidéos de
sports dits « extrêmes » : surf, escalade, vols en chute libre, snowboard,
motocross, apnée… Jusqu’au combat de rue, le film catalogue l’un après l’autre ces
sports extrêmes, dans un systématisme qui ôte bien vite tout réalisme et donc
tout frisson aux exploits présentés, mais qui atteint effectivement à un
spectaculaire original. L’autre risque de cette entreprise de listage d’images
sportives hors du commun était de conférer à ce film de cinéma des allures de
clip YouTube… Ecueil que « Point break » cite dès ses premières répliques,
mais pas tant pour s’en moquer que pour mieux s’y vautrer tout au long des deux
heures de film qui suivent.
Les
personnages n’ont aucune crédibilité, aucune profondeur, et sont en définitive moins
des personnages de cinéma que de clips publicitaires. La mise en scène est à
l’avenant : elle se distingue par son manque de lisibilité, son incapacité
à représenter un espace voire des gestes de manière claire. C’est que les
séquences, qu’elles soient ou non d’action, sont toutes montées comme des
clips, faisant fi de toute cohérence pour lui préférer le spectaculaire de
quelques plans impressionnants.
Confusion morale
Derrière
tout ça, surnagent non pas un mais des discours, qui ne cessent de s’opposer et
de se contredire. « Point break » valorise la prise de risques dans
la pratique des sports extrêmes, puis la dénonce quelques séquences plus loin, promeut
ensuite un comportement antisystème, avant de s’en horrifier… Le film est d’une
grande confusion, moralement flou. On s’en aperçoit lorsqu’on se rend compte
qu’on peut lui faire dire n’importe quoi. Ce flou des intentions était déjà
présent dans le scénario qui aurait mérité de nombreuses réécritures, mais a
encore été accentué par les facilités de la réalisation qui achèvent de
brouiller les pistes. Dans ses représentations des différents sports extrêmes,
le film accumule une telle brochette de clichés et de raccourcis qu’on pense
d’abord avoir à faire à une mise en scène parodique, avant de se rendre compte
que ce qu’on percevait comme du second degré était du premier.
C’est de ce
décalage[1],
ce sérieux confinant à son insu à la parodie, et de cette naïveté mélangée à
une gravité de pacotille, que nait le comique du film. Vu avec le recul approprié,
la nullité se transforme en génie. C’est la définition-même du plaisir que
procure un nanar.
On retiendra…
Des scènes d’action
originales, car basées sur des exploits sportifs rarement exploités par le
cinéma d’action.
On oubliera…
Acteurs bidons pour
personnages publicitaires, scénario brouillon, réalisation plus digne d’un clip,
intentions floues, le tout enrobé d’un grand sérieux : en résumé, un
nanar.
« Point break »
d’Ericson Core, avec Luke Bracey, Edgar Ramirez,…
[1] Que l’on
retrouvait déjà dans (au moins) un autre des films écrits par Kurt
Wimmer : « Equlibrium » (2002, et dont il était aussi
réalisateur). Une marque de fabrique ?
Parfaitement d'accord, c'est le nanar de l'année, je n'ai jamais vu autant de faux raccords dans un même film (pendant la scène d'escalade, il y a des plans sur une main de black...). Les acteurs ont le charisme d'un bulot, la photographie est dégueulasse, les dialogues sont navrants de bêtise et le scénario tient sur un timbre. J'ai passé un très bon moment :)
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