vendredi 23 octobre 2015

L’inspiration reviendra (L’homme irrationnel)

Woody Allen, 49ème. Le film annuel du réalisateur new-yorkais, à la régularité quasi sans failles, est donc sorti. Tourné en Amérique, dans l’état de Rhode Island, le film se déroule sur un campus universitaire accueillant un professeur de philosophie à la réputation sulfureuse. Joué par Joaquin Phoenix ayant grossi pour le rôle, ce philosophe est en pleine dépression, mais il retrouvera goût à la vie le jour où il décidera de commettre un meurtre « altruiste ». Dernièrement, Woody Allen s’était montré très en forme, avec « Blue jasmine » en 2013 (tout simplement l’un de ses meilleurs films) et l’enchanteur « Magic in the moonlight » l’année dernière. Cette année, il n’avait pas l’inspiration.


Léger coup de mou
Cette fois-ci, on n’arrive jamais vraiment à croire à l’histoire que Woody nous raconte. Les défauts (incorrigibles ?) de son cinéma sont ici plus présents : outre le côté très bourgeois de ses longs-métrages, une description d’un milieu, le campus universitaire, pleine de clichés (et qui ne sont pas drôles), et un propos très simple (une soi-disant réflexion sur l’importance du hasard et du danger dans nos vies) qui vire ici au ridicule car il est exprimé lors de leçons de philosophie – auxquelles on ne croit donc pas une seconde.
Narrativement comme cinématographiquement, le film ne propose aucune surprise. Woody n’y tente rien de nouveau, rien qu’il n’ait déjà raconté ou filmé dans son abondante filmographie. Le seul étonnement viendra de la scène où le professeur de philosophie aura la révélation qu’il doit tuer quelqu’un : un virage narratif tellement tiré par les cheveux que le réalisateur ne trouvera pas d’autre moyen de justifier ce coup de folie qu’en mettant « irrationnel » dans le titre du film.
Etant moins réussi que les précédents, on a donc le sentiment de voir un film mis en scène en « pilotage automatique » par le réalisateur. Ce n’est pas déplaisant – Joaquin Phoenix est toujours aussi étrange et Emma Stone charmante –, c’est fait avec un grand savoir-faire, mais c’est complètement dispensable. Woody a livré son film annuel. L’inspiration reviendra.

On retiendra…
Quelques gags font mouche. Joaquin Phoenix s’amuse et Emma Stone est très belle.

On oubliera…
Trop peu crédible, le film est embarrassé de ses clichés et développe un propos bien maigre.

« L’homme irrationnel » de Woody Allen, avec Joaquin Phoenix, Emma Stone,…

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