Guillermo del
Toro est enfin de retour ! Depuis la sortie en 2009 de « Hellboy 2,
les légions d’or maudite », son meilleur film à ce jour, le réalisateur
mexicain a échoué à réaliser deux de ses projets : « Le hobbit »
et « Les montagnes hallucinées ». C’est l’un des cinéastes ayant le plus
de projets de films à son calendrier (ou plutôt, qui a le plus communiqué autour
de ses projets) et pourtant… c’est avec un film que l’on n’attendait pas qu’il trouve
enfin le chemin du retour aux salles de cinéma : « Pacific rim ».
La fusion Honda/Harryhausen
Avec les
deux « Hellboy » et « Le labyrinthe de Pan », Guillermo del
Toro a prouvé qu’il était le meilleur créateur contemporain d’effets spéciaux
non numériques. Privilégiant l’animatronique à la motion capture, les décors
artificiels aux fonds verts, del Toro a livré des films d’une incroyable émotion
visuelle. Le travail réalisé pour donner vie aux créatures peuplant ces films
en fait le digne héritier de Ray Harryhausen, le maitre des monstres animés en
stop motion.
« Pacific
rim » présente lui aussi un bestiaire incroyable, d’une tout autre échelle
cependant que ses précédentes réalisations, puisque le film narre les combats
opposant des monstres géants (« kaiju ») à des robots titanesques
(« jaegers »). « Pacific rim » est en fait le premier
« vrai » blockbuster de del Toro, au regard du budget se chiffrant en
centaines de millions de dollars qui lui a été alloué, et du gigantesque
spectacle que livre le réalisateur à travers de multiples scènes d’action. Ces
combats de géants ravageant des cités entières évoquent évidemment
« Godzilla » : le film est logiquement dédié à Ichiro Honda
(réalisateur du premier film consacré au monstre en 1954), ainsi que (tout
aussi logiquement) à Ray Harryhausen.
Mécanumérique
La
production d’un blockbuster aussi bizarre que « Pacific rim » en ces
temps de standardisation hollywoodienne relève à elle seule du prodige.
« Pacific rim » ressemble à la réalisation du rêve d'un admirateur
lucide des films « kaiju », ce genre présentant des combats entre
monstres colossaux très prisé par le cinéma japonais de série B (au mieux) et
auquel Hollywood ne s’est jamais vraiment intéressé jusqu’à très récemment. del
Toro a en effet eu les moyens et le talent pour rendre ces luttes crédibles et
épiques : son film se situe loin, très loin du ridicule associé au genre.
Ces moyens
sont, entre autres, le recours intensif aux effets spéciaux numériques, qui,
s’ils ôtent le charme des maquettes, se révèlent être la seule solution pour
parvenir à une vraisemblance et une crédibilité essentielles à la naissance de
l’émotion. Les robots de guerre bâtis par les hommes pour se protéger des
monstres sont pilotés par deux soldats, engoncés dans une machinerie logée dans
la tête du robot. La machine de guerre anthropomorphe reproduit les mouvements
des soldats, qui se meuvent de manière synchrones grâce à un lien neural - une
excellente idée du scénario est en effet que chaque soldat pilote un hémisphère
cérébral de l’entité mécanique. Ce lien neural fait beaucoup penser à
« Avatar ». Mais del Toro dévie la métaphore du monde virtuel du film
de James Cameron vers une célébration de la mécanique. Avec les pilotes des
Jaegers faisant corps avec les rouages de leur machines, del Toro rappelle
l’héritage mécanique des effets spéciaux.
On s’amuse
donc beaucoup devant « Pacific rim ». Guillermo del Toro donne
toujours l’impression de s’être autant divertique le spectateur à faire son
film. Au plaisir communicatif des impressionnants combats de titans orchestrés
d’une main de maître s’ajoute l’humour du réalisateur mexicain. On ne peut
manquer de citer l’apparition inattendue et épatante de Ron Perlman, assurément
le grand moment de dérision du film.
La musique
de Ramin Djawadi, bâtie autour d’un thème unique, est excellente et contribue à
rendre les combats épiques.
Convention
Toutefois,
malgré tous ses atouts, « Pacific rim » laisse un goût d’inachevé à
la fin de la projection. L’œuvre aurait pu prétendre à beaucoup plus d’émotion.
Mais le scénario à la trame générale trop conventionnelle, l’exploitation trop
convenue de la superbe idée de départ (la fusion neurale des deux pilotes d’un
Jaeger), et enfin les acteurs principaux trop peu charismatiques (Charlie
Hunnam et Rinko Kinkuchi) empêchent Guillermo del Toro de renouer, excepté lors
de quelques séquences, avec les sommets d’émotion de ses deux derniers films.
Ce n'est
toutefois pas suffisant pour diminuer le plaisir à retrouver dans les salles
obscures le réalisateur mexicain. « Pacific rim » confirme
l'excellent niveau de cet été américain.
On retiendra…
L’audacieuse créativité de del
Toro se déploie à une nouvelle échelle, épique et colossale.
On oubliera…
La trame générale trop peu
originale du scénario et le déficit charismatique des acteurs principaux font
perdre le film en émotion, à l’échelle humaine - là où del Toro excellait
auparavant.
« Pacific rim » de Guillermo del Toro,
avec Charlie Hunnamn, Rinko Kinkuchi, Idris Elba,…
Un grand film d'horreur que vous devriez voir https://voirfilms.zone/9657-ca-2-2019.html Je l'ai aimé maintenant, mais alors voyez par vous-même, bien sûr, je ne regrette pas de le regarder
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