mercredi 8 mai 2013

Transition (Trance)


-          Cannes approche ! Il va falloir qu’on choisisse avec soin le film de cette semaine, pour se mettre au diapason des prochaines critiques. « Post tenebras lux » aurait été un excellent choix, mais il n’est diffusé que dans six salles en France, et aucune n’est à Toulouse… Mais de quoi va-t-on parler cette semaine ?
-          Hein ? Comment ça, de quoi allons-nous parler ? Mais tu as déjà posté la critique à Contact hier, tu ne t’en souviens pas ?
-          Quoi ? Mais… à propos de quel film ?
-          Enfin ! « Trance », la nouvelle réalisation de Danny Boyle ! C’est bizarre que tu n’en aies aucun souvenir… Un film où un homme, devenu amnésique après avoir volé un tableau, essaye de se souvenir par des séances d’hypnose où il l’a caché ? Non ? A vrai dire, je comprends que tu l’aies oublié : « Trance », c’était quand même un sacré navet.
-          J’en attrape mal à la tête, à essayer de me rappeler de la projection… Pourquoi était-ce si nul ? Aide-moi à me souvenir !
-          A ce niveau-là, lister tout ce qui ne va pas serait trop dur : il vaut mieux que je te parle de ce qui est bien. Mais… A moins que moi aussi je ne devienne amnésique, je ne trouve presque pas d’arguments en faveur du film !
-          Tu ne m’aides pas, là !
-          Bon, je vais quand même essayer de te dire pourquoi ce film est raté. Ce qui horripile au plus haut point est la mise en scène de Danny Boyle : hyper rapide, elle ne cesse de fuser et d’accélérer, tout en se gardant bien de ne pas perdre le spectateur. Le réalisateur fantasmait sûrement un film où le spectateur, en permanence en proie au doute, serait plongé pendant la projection dans une intense réfléxion. Mais non. On comprend tout, tout est expliqué. Et le film ne se réduit qu’à une suite invraisemblable de péripéties, de retournements de situations de plus en plus abracadabrantesques – Danny Boyle n’arrête pas de foncer, il ne veut pas que le spectateur s’ennuie ! - au point de devenir… comiquement involontaires.
-          C’est dommage que je ne m’en souvienne pas… On dirait un exercice de style…
-          Ça aurait pu, en effet. La manière dont Boyle réduit ses personnages à des caricatures, alors que le film est censé explorer leur psychologie, ferait en effet croire à un échec artistique volontaire. J’ai complètement décroché au moment de la séquence la plus bêtement mise en scène du film : une énième séance d’hypnose où le voleur, luttant contre son amnésie, retrouve sa mémoire symbolisée par… un Ipad jouant une vidéo. La littéralité de ses séances d’hypnose était déjà difficilement supportable, mais avec une telle bêtise, Danny Boyle franchit le point de non-retour. Une frontière que le réalisateur anglais fait l'exploit de traverser plusieurs fois, puisqu'un nouvel uppercut est asséné au spectateur lorsqu'il découvre la misogynie du film. 
-          Attends… Je crois que, enfin, ça me revient… Quelque chose qui avait à voir avec la dernière phrase du film…
-          Exact ! Je comprends ce qui t’arrive ! Aveu de son propre échec ? La dernière parole invite (indirectement, évidemment) le spectateur à… oublier le film. Je vois que tu as fait ton choix.

On retiendra…
Euh ? On attend avec encore plus d’impatience l’ouverture de Cannes.

On oubliera…
Un mauvais scénario tout sauf transcendé par une mise en scène atroce de Danny Boyle. Rien à sauver.

« Trance » de Danny Boyle, avec James McAvoy, Vincent Cassel, Rosario Dawson,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire