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Quoi ? Je croyais que tu en avais assez de
voir des suites au cinéma ! Tu n’as aucun honneur. Mettre la note maximale
à l’opus 23 d’une franchise cinématographique, je n’aurais jamais cru ça de
toi.
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Là, tu déformes mes propos. Et puis James Bond
est un cas à part, unique dans l’histoire du cinéma, puisqu’aucune autre
franchise n’a su durer aussi longtemps. Généralement, les sagas s’arrêtent
après un échec au box-office ou le refus de l’acteur principal de rempiler une
nouvelle fois. On imagine mal un « Mission : Impossible » sans
Tom Cruise ou un « Pirates des Caraïbes » sans Johnny Depp (le
cinquième épisode de ces deux franchises est en préparation). James Bond, lui,
semble immortel. Sous les traits de Daniel Craig, il fête ses cinquante ans au
cinéma.
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En cinquante ans, James Bond n’a pas toujours eu
une santé de fer… A la sortie du vingtième opus en 2002 (« Meurs un autre
jour » avec Pierce Brosnan), la franchise avait touché le fond avec ce
film involontairement parodique. Pour ressusciter d’une manière spectaculaire
avec « Casino Royale » en 2006 et l’arrivée de Daniel Craig, qui
créait l’événement parce qu’il était… blond.
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C’est ça qui est génial avec James Bond :
cette saga est si codifiée qu’elle est devenue un genre à elle toute seule. La
faute à des films tous plus ou moins interchangeables, confiés à des
réalisateurs presqu’anonymes choisis pour leur capacité à se soumettre aux
règles du producteur. Voilà pourquoi depuis « Casino Royale » la franchise
ne s’est jamais aussi bien portée : James Bond ose enfin le changement
(c’est dans l’air du temps).
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Pour « Skyfall » le changement a un
nom : Sam Mendes. Le réalisateur britannique connu pour ses films d’auteur
et ses mises en scène de pièce de théâtre prouve enfin qu’on pouvait allier
James Bond et auteur. « Skyfall » est une éclatante réussite et
s’impose comme le meilleur épisode de la saga. Sam Mendes semble d’abord avoir
réalisé « Skyfall » en réaction à « Quantum of Solace », le
précédent James Bond, illisible et incompréhensible à cause de son montage
stroboscopique : la poursuite en moto sur les toits d’Istanbul en
introduction est filmée avec des plans longs, ce qui va à rebours de la course
à la vitesse initiée par la série des « Jason Bourne ». Une
réalisation qui fait écho au scénario qui oppose l’archaïsme des méthodes de
007 aux menaces terroristes et informatiques modernes.
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C’est sûr, jamais un James Bond n’avait été
aussi bien filmé ! Le plus remarquable étant les éclairages (il faut voir
ce plan séquence en haut du gratte-ciel à Shangaï !), ou la direction
d’acteurs : l’apparition de Javier Bardem à l’écran est terrifiante.
Javier Bardem, véritablement immense dans ce rôle de méchant au visage déformé,
fait même de l’ombre par sa composition à Daniel Craig (au risque d’en faire un
peu trop).
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Surtout, ce qui fait toute l’importance de ce
James Bond est sa dernière partie, qui raconte quelque chose de complètement
inédit dans la saga. Au moment-même où l’on commençait à reprocher à Sam Mendes
de ne rien renouveler… Après ça, aucun doute : James Bond peut revenir.
On retiendra…
La réalisation de Sam Mendes,
les interprétations de Daniel Craig et Javier Bardem, les éclairages, le
finale.
On oubliera…
James Bond y va un peu fort
sur les placements de produits.
« Skyfall » de Sam
Mendes, avec Daniel Craig, Javier Bardem, Judi Dench,…
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