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Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai
entendu des gens se plaindre du cinéma français. Trop ennuyeux, trop
psychologique, trop triste, trop compliqué…
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Ah ! Si seulement ces adjectifs pouvaient
s’appliquer à « Taken 2 » ! Cette superproduction nationale,
disposant de l’un des plus gros budgets réunis par le cinéma français, n’est
pourtant pas identifiée par bon nombre de spectateurs comme un film bien de
chez nous.
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Mais comment les spectateurs peuvent-ils ne pas
s’en apercevoir ? Bon, il est vrai que le film a été tourné en anglais
sans acteurs français, en Turquie et aux Etats-Unis, que la réalisation imite
celle des derniers films d’action américains, mais quand même : il y a
écrit Luc Besson sur l’affiche et le nom du réalisateur ne sonne-t-il pas français :
Olivier Megaton ?
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J’espère que ces interrogations étaient
rhétoriques. Avec ce mode de production, Luc Besson (à travers sa société
Europacorp) réussit à générer les plus hauts profits du cinéma hexagonal à
l’étranger. Sorti en 2008, « Taken » avait connu un grand succès à
travers le monde malgré la démolition critique de la presse. C’est rare qu’un
film oppose à ce point critiques et spectateurs. Pour moi, ce succès est un
mystère : « Taken », ce n’est vraiment pas terrible. Avec un
scénario capable de toutes les invraisemblances pour rester simple et linéaire
et des scènes d’action pas du tout palpitantes, le film n’avait de mon point de
vu rien pour plaire.
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Allez, maintenant que tu as vu sa suite, tu as un
début de réponse… Ce que recherchaient les spectateurs de « Taken »,
c’était le plaisir régressif d’un scénario débile mais aux allures de drame.
« Taken 2 » contient encore plus d’énormités que « Taken ».
Passons sur toutes les coïncidences ménagées par l’histoire et les raccords
honteux entre deux actions qui n’ont absolument pas la même cohérence
temporelle. Voir ce qui deviendra assurément la scène culte du film procure ce
genre d’ébahissements qui nous ont conduits à hausser la note du film de une à
deux étoiles : l’héroïne du film balance à la demande de son père et sans
aucun scrupule des grenades dans les rues bondées du bazar d’Istanbul, et ce sans
que cela ne choque qui que ce soit.
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Alors même qu’un dialogue rappelait qu’Istanbul
était la jonction entre l’Orient et l’Occident ! Mais ne vous inquiétez
pas : malgré les apparences, il n’y a aucune idéologie abjecte cachée
derrière « Taken 2 ». Juste de la bêtise : Liam Neeson agissait
aussi impunément dans le Paris de « Taken ».
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En mettant en images ce bijou scénaristique, Olivier
Megaton prouve qu’il est aussi bourrin que son nom d’artiste le laissait
entendre. Imitant la réalisation stroboscopique de Paul Greengrass, Megaton
multiplie jusqu’à l’écœurement les points de vue pour filmer une scène, et
obéit quel que soit son sujet à ce qui doit être sa règle d’or : plus un
plan est court et meilleur il est. On met au défi quiconque de comprendre la
mise en scène de la première scène de dialogue du film, absolument illisible.
Lorsque Paul Greengrass filmait ainsi les courses-poursuites de Jason Bourne,
on justifiait sa mise en scène par une exacerbation de la paranoïa ambiante.
Dans les deux « Taken », le héros, un ex-militaire mal réinséré dans
la société civile, est effectivement paranoïaque… sauf que les scénaristes lui
donnent toujours raison.
On retiendra…
La débilité du scénario et de
sa morale finale. Deux scènes d’action très réussies. Le décor stambouliote.
On oubliera…
Quand donc Luc Besson le
comprendra-t-il ? Imiter Hollywood ne doit pas signifier prendre ses
spectateurs pour des imbéciles.
« Taken 2 »
d’Olivier Megaton, avec Liam Neeson, Maggie Grace, Famke Janssen,…
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