dimanche 15 juillet 2012

Du partage du sérieux et du rire (La part des anges)


Ken Loach, bientôt trente films et vingt téléfilms, ne cesse d’être sélectionné en compétition à Cannes. Or, depuis sa Palme d’or en 2006 pour « Le vent se lève », le réalisateur anglais est en petite forme. Après avoir signé le très mauvais « Route irish », pourtant intégré de justesse – par erreur, on l’espère – à la sélection officielle du festival de Cannes de 2010, Loach est donc revenu sur la Croisette cette année avec une comédie, « La part des anges ». Un film qui lui a permis d’obtenir son troisième prix du jury…


Grand écart
Il est encore trop tôt pour juger de la pertinence d’un tel prix étant donné qu’à moins d’être festivalier la majeure partie de la sélection cannoise n’est pas encore sortie sur nos écrans. Et pourtant, force est de constater qu’avec « La part des anges » Loach ne signe pas un grand film. La faute à un scénario trop ambitieux, qui essaye de mêler les extrêmes. On est d’abord intrigué par ce mélange de comédie et de chronique sociale chère à Ken Loach, deux « genres » opposés par bien des aspects et auxquels sont (plus ou moins) consacrés chacun une moitié du film.
Le grand écart éveille l’attention : comment Loach s’en sortira-t-il pour réaliser un tout cohérent ? Il n’y arrive pas. Malgré un bon départ, les déboires du jeune Robbie ne convainquent pas, à cause d’une interprétation des acteurs pas toujours à la hauteur. Ils se heurtent surtout de plein fouet au registre beaucoup plus léger de l’autre moitié du film, centrée sur une vente aux enchères d’un fût exceptionnel de whisky. Au lieu de faire respirer le film, les intermèdes comiques de cette première moitié le rendent boiteux. Le réalisateur s’est révélé incapable de réaliser la transition d’un registre à l’autre, ce qui devient manifeste une fois basculé complètement dans la comédie : le ton grave du début est alors complètement évacué. Et on est déçu de comprendre que, loin d’essayer de mêler habilement les deux registres, le réalisme de la première partie ne servait qu’à définir les motivations des personnages de la seconde. La cassure est nette. Ken Loach, soixante-seize ans cette année, est-il fatigué ?

Humour salvateur
Toutefois, le réalisateur anglais sauve son film par cette réjouissante partie comique, heureusement réussie. Les quelques facilités du scénario (un personnage de benêt pas du tout original) se font facilement oublier grâce au cadre atypique de cette comédie : la production et la dégustation de whisky. Un optimisme final revigorant, mais qui, lorsqu’on le considère dans son ensemble, rend encore plus bancal ce vingt-cinquième long-métrage de Ken Loach. Cependant récompensé d'un prix du jury à Cannes. Le palmarès cannois 2012 n'a pas fini de nous étonner.

On retiendra…
La partie comique du film, et son cadre inhabituel : la dégustation de whisky.

On oubliera…
Les figures comiques du film ne se mêlent jamais à la partie réaliste du film. Face à ce conflit, le réalisateur évacue complètement la chronique sociale pour ne se concentrer que sur la comédie.

« La part des anges » de Ken Loach, avec Paul Brannigan, John Henshaw, William Ruanne,…

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