L’histoire
est simple : une escouade de policiers doit démanteler un réseau de
trafiquants de drogue retranchés dans un immeuble en décomposition de trente
étages. Une simplicité qui, loin d’être un défaut, constitue l’atout
maître du film. Pas une once de second degré ne traverse la mise en scène de
Gareth Evans. Le pitch peut faire rire, mais tout ça est filmé avec un sérieux
qui propulse déjà « The raid » parmi les meilleurs films du genre.
Il n’y a
pas que cette simplicité qui tire le film de partout vers l’irréel : ses
incessants combats chorégraphiés, ses personnages (presque) invincibles, la
multiplicité de ses rebondissements auraient pu transformer « The raid »
en une parodie burlesque de film d’action. Mais le réalisateur, par sa mise en
scène, maintient obstinément le cap du réalisme, quelles que soient les
extravagances qu’il a écrites dans son scénario ou demandées à ses acteurs-cascadeurs. Un exemple parmi d'autres : il ne triche pas avec les décors en refusant les plans impossibles. Le ton est grave, l'image d'un gris très pâle. On y croit, on est plongé dans l’histoire, le cauchemar de ses policiers est
aussi le nôtre – condition nécessaire pour faire naître l’intense tension qui
parcourt le film du début à la fin.
De même,
les combats sont ici éloignés des chorégraphies aériennes tirant vers la danse ou
la poésie comme dans « Hero » ou « Tigre et dragon ». Ici,
les coups font mal, les couteaux éviscèrent, les membres se brisent et tous les
éléments du décor sont exploités par les combattants. Le film est quand même
interdit, avec raison, aux moins de 16 ans.
Inlassables scènes d’action
Les
policiers, qui se retrouvent piégés dans l’immeuble, doivent pour survivre
capturer le boss final, ou plutôt le chef de ce réseau criminel, qui pilote tout l’immeuble
depuis son appartement au quinzième palier. L’histoire est en fait plus
complexe que cela, mais obéit toujours à ce principe : il faut monter les
étages, passer d’un niveau à l’autre comme dans un jeu-vidéo, car chaque niveau
est plus dur que le précédent. Le générique final reflète très bien cette
inspiration : la partie relative aux acteurs, très longue, est une liste
numérotée des personnages, nommés par l’arme qu’ils utilisent ou par l’étage où
ils se trouvent.
Comme on l’a
dit, la simplicité de ce dispositif tirée du jeu-vidéo est bien plus
réjouissante que problématique et permet surtout à Gareth Evans de réaliser une
montée en tension impressionnante du début à la fin de son film. Lorsque les
combats se déclenchent dans la deuxième partie du film, la plus longue, la
succession de scènes d’action ne connaîtra pas de fin. Ni de baisse de régime :
le rythme dingue et crescendo de « The raid » empêche le spectateur
de décrocher. C’est ce qui rend ce film inouï : une suite incessante de
bagarres, rythmées par la très bonne musique électronique de Shinoda et
Trapanese [1],
qui surprennent toujours, qui ne lassent jamais. Au bout de dix minutes, on se
dit que c’est exceptionnel. Après une heure de ce régime, on ne peut plus qu’avouer
qu’on n’avait encore jamais vu ça.
Le spectacle
est incommensurable (impossible d’être déçu), le genre est poussé à son paroxysme,
mais ce film ne vous plongera pas dans un abîme de réflexion à la fin de la
projection. A cette altitude, ça n’a aucune importance. Mais c’est ce qui
explique que je ne lui ai pas mis la note maximale. Dans une telle formule, peut-on
apporter plus de profondeur ? Qu’il y réponde ou non dans ses prochains
films, qu’il essaie ou non de faire encore plus grand, Gareth Evans est assurément
un réalisateur à ne pas perdre de vue.
Des films
de cet acabit, des ovnis pareils, sont très rares. Essayez de ne pas le rater.
On retiendra…
Une succession (quasiment) ininterrompue
de scènes d’action aussi impressionnante que leur escalade, et d’un sérieux extraordinaire.
On oubliera…
Les quelques réflexions du
film sont très basiques.
« The raid » de
Gareth Evans, avec Iko Uwais, Yayan Ruhian,…
[1]
Dans la version originale, la bande-son est composée par Prayogi et Yuskemal.
Le distributeur américain du film a commandé à Shinoda et Trapanese une
nouvelle bande-son pour le public occidental, alors que le film était encore en
production.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire