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J’enrage ! Les lecteurs de cette semaine le
savent, mais nous non ! Aurons-nous pu le voir ? Aura-t-il été
critiqué dans cet article ou celui de la semaine dernière ? Raah !
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Du calme ! Tu n’as pas besoin de te mettre
dans un état pareil… Au moins pour « Sur la route ». Ce serait une
gigantesque surprise si ce film remportait la récompense suprême.
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Ah ! Hélas… Le film était si attendu que la
sélection officielle du festival de Cannes ne pouvait pas ne pas l’accueillir.
Des films en compétition c’était donc aussi le plus redouté : s’y trouvait-il
pour sa qualité… ou pour contenter une attente disproportionnée ? ça va
être douloureux, mais il faut dire la vérité, qui est du côté de la deuxième
option.
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Tant d’attente pour ça ! L’adaptation du
roman de Jack Kerouac au cinéma, on en entendait parler depuis des dizaines
d’années. De nombreux projets se sont succédés au bureau de Francis Ford
Coppola, qui, depuis qu’il avait acheté les droits du roman en 1978, cherchait à
en faire un film. Le livre lui tenait tellement à cœur qu’il renonça à l’adapter
lui-même, puis à l’adapter tout court jusqu’à ce qu’il découvre « Carnets
de voyage » du brésilien Walter Salles, un road-movie racontant la
jeunesse d’Ernesto « Che » Guevara. L’idée lui a paru bonne :
confier au réalisateur qui s’est imposé comme un maître du genre l’adaptation
du livre à l’origine de tous les road-movie…
- Pauvre Coppola. Si le cinéma était mathématique,
son équation aurait abouti à un résultat extraordinaire. Mais le cinéma est un
art. Et le « Sur la route » de Walter Salles en une piètre œuvre.
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Pauvres lecteurs de Kerouac, oui. On ne peut pas
vraiment dire que « Sur la route » soit un mauvais film. Le scénario
ne trahit absolument pas le roman, la reconstitution de l’Amérique de 1949 est
très réussie, la musique excellente, la plupart des acteurs sont bons voire
très bons et les nombreux second rôles savoureux. Alors peut-être que ceux qui
n’ont jamais entendu parler de l’œuvre de Jack Kerouac apprécieront-ils le film...
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Même pas ! Ils le trouvent
interminable !
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… mais pour les lecteurs et les spectateurs
avertis, il y manque l’essentiel : le souffle, l’esprit, le mouvement du
roman. « Sur la route » dans sa version originale est une ligne
droite, une prose qui ne revient jamais à la ligne, sans un seul paragraphe. Un
texte qui ne se lit pas mais se dévale, sans que l’on puisse s’arrêter, d’une
formidable puissance, parcouru d’éclats magnifiques, de scènes inoubliables.
Des phrases dont la beauté vous marque… Des phrases que Salles a littéralement
et donc bêtement traduit en images. Sa mise en scène est trop simple.
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Qui l’aurait cru ? Quand il s’agit de créer
du mouvement, faire ressentir un déplacement, le cinéma se fait battre à plate
couture par la littérature. Le livre est un voyage. Le film reste une séance de
cinéma.
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Tandis que le deuxième film de la semaine,
« Cosmoplis », est bien plus qu’une séance de cinéma, une incroyable
réflexion d’une profondeur inattendue et difficilement appréciable. Là aussi, on
pourrait qualifier ce film de road-movie.
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Mais dans les bouchons !...
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En compétition lui aussi, et où l’on retrouve
Robert Pattinson, qu’on avait quitté dans la saga Twilight. Alors, qui de
Kristen Stewart ou de lui aura le mieux rebondi à Cannes ?
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Sans aucun doute Robert, qui présente dans ce
nouveau film de David Cronenberg, un riche trader du futur qui, hum… discute
avec son entourage. Dans sa limousine. Bloqué dans un embouteillage monstre.
Dans un futur proche.
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Oui, ce film est un des ovnis de cette année ;
il se rapproche beaucoup du théâtre, avec une succession de dialogues s’une
incroyable complexité et profondeur, autour de notre société et du rapport à
l’argent.
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Enfin, c’est ce que tu crois avoir
compris ! Car il faut être particulièrement attentif et concentré pour
réussir à suivre les développements philosophiques que s’échangent les
personnages. Autant dire que nous n’avons pas tout suivi, loin de là.
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Mais l’originalité de la forme, la performance
des acteurs, et surtout la magnifique photo, la mise en lumière, qui fait
paraître l’image à un point de netteté et de réalisme qu’elle ne l’est plus du
tout, font de ce film peu courant une des bonnes surprises de ce festival.
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Pour spectateurs avertis ! Mais le voyage
vaut plus que largement le détour…
On retiendra…
Les performances des acteurs
principaux et des seconds rôles, aussi réussis dans les deux films.
On oubliera…
Un manque cruel de souffle et
de magie pour un road-movie et la complexité de Cosmoplis.
« Sur la route » de
Walter Salles, avec Sam Riley, Garett Hedlund, Kristen Stewart,…
« Cosmopolis » de
David Cronenberg, avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, Sarah Gardon,…
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