Avant même de voir « Transformers 3 », on peut s’attendre à de gros défauts inhérents à la franchise et déjà rédhibitoires. D’abord, c’est une oeuvre de Micheal Bay, le réalisateur le plus bourrin et répétitif de Hollywood. Le film est ensuite opportunément tiré de jouets (des voitures se transformant en robots) qui peuvent contenter les enfants américains mais qui sont bien incapables de faire de même avec des spectateurs plus âgés. Enfin, on parle ici d’une suite, un produit à abêtissement massif devenu la seule spécialité de cet Hollywood appauvri, cimetière de scénarios originaux et nouveaux.
Ces défauts étaient attendus : ils sont bel et bien là. Et bien accompagnés qui plus est. Il n’y a donc pas de miracle pour ce neuvième essai par Michael Bay de réalisation d’un film de cinéma et non pas de parc d’attractions.
La mise en scène agaçante et répétitive de Bay
Comme d’habitude, le réalisateur répète ses tics de mise en scène : toujours la même ambiance, la même lumière, le même montage. Ça ne ressemble plus à la touche personnelle du réalisateur, mais à une uniformisation par Bay lui-même de ses propres films. Pas étonnant donc qu’un internaute repère et révèle la réutilisation dans « Transformers 3 » de plusieurs plans de voitures qui s’écrasent déjà vus dans « The Island ».[1] Pour la subtilité de la mise en scène, Michael Bay fait encore des étincelles ; on voit ainsi la caméra glisser vers l’actrice Rosie Huntigton-Whiteley, la remplaçante de Megan Fox, alors qu’un vendeur fait l’éloge des courbes d’un modèle de voiture, ou un drapeau américain en lambeaux envahir subitement l’arrière-plan dans les dernières minutes expédiées du film. Sans parler des énormes placements de produits, travers réputé de Bay, encore plus visibles en 3D.
Le scénario propose toujours des blagues lamentables et risibles, alors que le film a terriblement besoin de sérieux pour pouvoir exister : les robots-voitures portent déjà le ridicule du film au-delà des limites acceptables, au point qu’on se demande parfois si le film ne se parodie pas lui-même. Voir l’Autobot Optimus, dans sa lutte contre le Décepticon Mégatron, déclamer face caméra de sa voix grave : « Nous nous battrons toujours pour la liberté » et d’autres phrases pompeuses du même genre prouve au moins que le scénariste n’échoue pas systématiquement quand il s’agit de faire rire le spectateur.
Scénario banal et invraisemblable
Cet épisode se voulait doté d’un réel scénario, en réadaptant les missions Apollo à la sauce Transformers. Bay a même réussi à convaincre Buzz Aldrin de faire un caméo. On aura au moins appris que ce dernier a très mauvais goût au cinéma, ou désespérément besoin d’argent.[2] Mais Bay n’a pas le talent nécessaire pour faire croire à son histoire, finalement pas intéressante et très classique. Le film se fourvoie complètement lorsqu’il montre Sam Witwicky (Shia LaBeouf) courir à Chicago non pas pour sauver l’Humanité (pas assez émouvant) mais pour sauver sa bien aimée Carly (Rosie Huntigton-Whiteley). La tâche est surhumaine ; aucun réalisateur n’aurait pu rendre crédible une telle histoire d’amour : alors que LaBeouf filait le parfait amour avec Megan Fox dans les deux volets précédents, il se retrouve sans crier gare et sans explication (à la réflexion, c’est mieux qu’il n’y en ait pas) dans les bras de Huntigton-Whiteley suite à la défection de la seconde.
Une 3D écrasante
Mais « Transformers 3 » se relève un peu dans sa dernière heure, suite sans fin de scènes d’action assurant un spectacle purement visuel allant crescendo, rendues encore plus impressionnantes avec la 3D (j’ai vu le film en IMAX 3D). Cette dernière est d’excellente facture : voilà donc enfin un réalisateur qui a compris que pour faire sentir le relief il fallait occuper l’image en profondeur. Depuis les insectes et la flore exubérante qui emplissait les images d'« Avatar », il semblait qu’aucun réalisateur ne savait utiliser la technologie à Hollywood. Ici pas d’effets de jaillissement mais de la poussière, des étincelles et des objets qui envahissent le champ et confèrent à l’image l’épaisseur qui manque si cruellement au scénario… On se croirait alors dans un manège de parc d’attractions, puisqu’on ne se préoccupe plus guère du scénario. On ne pourra nier qu’un tel festival pyrotechnique procure un plaisir certain. Un tel spectacle vaut largement le prix d’une place de cinéma IMAX 3D. A ce niveau-là, le film mériterait sûrement une étoile de plus. Sauf que ce n’est assurément pas du cinéma, et vu le succès remporté par le film ce n'est pas ce blockbuster qui fera changer la politique actuelle de production des studios américains.
On ressort donc de la projection avec un gros coup sur la tête, les yeux défoncés par tant de 3D (le montage du film est sûrement un peu trop rapide pour rendre celle-ci confortable), et frustré de voir un scénario si faible tenter de relier entre elles des scènes d’action si prodigieuses. « Transformers 3 » est un gros film, mais pas un grand film – en fait, pas un film tout court.
On retiendra…
L’accumulation des scènes d’action dans la dernière heure du film, très impressionnante grâce à une 3D plutôt bien utilisée et de bonne qualité.
On oubliera…
Tout le reste. Et en particulier l’éloge omniprésent de la voiture.
« Transformers 3 : la face cachée de la Lune » avec Shia LaBeouf, Rosie Huntigton-Whiteley,…
[2] Buzz Aldrin n’est pas le seul : Orson Welles a jadis doublé un Transformers dans un dessin animé sorti au cinéma en 1986 !
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