C’est une
curiosité qu’on peut aller voir dans quelques salles en France :
« Virtual revolution », premier film d’un français, Guy-Roger Duvert,
réalisé avec des financements américains et issus d’une campagne de financement
participatif sur Ulule. Un film « sauvage », libre et indépendant de
tout circuit, groupe, institution. Un film de science-fiction, qui raconte une
enquête dans un Paris du futur où la société s’est divisée en deux
catégories : les « connectés » qui préfèrent les jeux en réalité
virtuelle à leur propre vie, et les « hybrides », qui jouent de temps
en temps mais n’en oublient pas pour autant la vie réelle.
Psychanalyse du réalisateur à ciel ouvert
Pour parler
de l’emprise croissante des technologies du virtuel sur notre vie quotidienne,
ce scénario, signé aussi Guy-Roger Duvert, est déjà lourdement métaphorique. Il
est aussi lourdement didactique : avec sa narration en voix off et ses
dialogues lents et explicatifs (apparemment, on prendra le temps d’articuler
ses pensées avant de s’exprimer dans le futur), le film semble vouloir prouver
à son spectateur qu’il est intelligent en s’expliquant lui-même. Ce qui au
contraire le fait paraître très bête.
Comme si le réalisateur (à cause de la difficulté qu’il a eu pour financer son
film ?) était tout le temps sur la défensive vis-à-vis de ses spectateurs,
redoutant leur jugement… A ce titre, la fin du film, où une horde de
« connectés » déconnectés agressent un petit groupe
d’ « hybrides », ressemble à une exorcisation du pire cauchemar
du réalisateur : sa mise à mort critique par ses spectateurs.
De l’hommage au plagiat
Pour le
reste, le film est simplement mauvais. Les acteurs, pour impliqués qu’ils
soient, restent marmoréens. Le rythme est très mal géré et alterne scènes
d’action gratuites avec scènes de dialogues poussives chargées de faire avancer
tant bien que mal l’intrigue. La réalisation s’égare dans quelques effets de
mise en scène m’as-tu vu (tels les ralentis ou le plan-séquence à rallonge) qui
font décrocher le spectateur du fil de l’histoire. Curieusement, tous ces
défauts apportent aussi un charme à ce long-métrage. Parce qu’ils donnent une
vraie allure « amateur » à « Virtual revolution », et que
derrière « amateur » on sent la passion qui a présidé à l’élaboration
de ce film, et que tout ça est très rafraîchissant. (Sauf en ce qui concerne le
sous-titrage, lui-aussi amateur au vu du nombre de fautes commises.)
Mais on ne
pourra pas passer sous silence le gros, l’énorme problème de ce film : son
usage des références. A ce niveau-là, plutôt que d’inspiration ou d’hommage, on
devrait plutôt parler de plagiat. Pour se figurer à quoi ressemble tout le film
en-dehors de ses séquences en réalité virtuelle (qui empruntent à d’autres
films ou jeux-vidéos), il suffit de s’imaginer « Blade runner » avec
une Tour Eiffel plantée au milieu du décor de la ville (l’intrigue est censée
se dérouler à « Néo-Paris » – ce qui n’a d’ailleurs aucun intérêt
pour l’intrigue). C’est assez triste car ça donne l’impression que visuellement,
l’équipe de « Virtual revolution » n’était capable que de copier.
C’est encore plus triste, car ça range « Virtual revolution », malgré
la qualité de ses effets spéciaux, dans la catégorie des « fan
films », comme on en voit maintenant régulièrement sur le web.
Par ses
défauts-mêmes, « Virtual revolution » est donc un film rare et
rafraîchissant, mais quand très mauvais. Une curiosité, vraiment.
On retiendra…
Voir un long-métrage qui
ressemble à un film amateur au cinéma, ça redonne cette sensation presque
foraine de proximité avec l’équipe ayant réalisé le film.
On oubliera…
Le plagiat
de « Blade runner », le scénario poussif, les acteurs
inexpressifs, la réalisation qui en fait trop,…
« Virtual
revolution » de Guy-Roger Duvert, avec Mike Dopud, Jane Badler,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire