Sortant de
la publicité, Joseph Kosinski avait été placé aux commandes dès son premier
film d’une superproduction Disney, « Tron : l’héritage ». Catastrophe
scénaristique, le film s’était révélé très décevant, malgré une bonne direction
artistique et, surtout, une incroyable musique de Daft Punk. Or, il semble bien
que ce ratage soit plus dû aux impératifs d’une production Disney qu’à l’absence
de talent de son réalisateur : avec « Oblivion », Joseph
Kosinski, adaptant sa propre histoire, semble réaliser son vrai « premier
film »… sous la bannière d’Universal, qui a récupéré les droits du film
après que Disney les ait abandonnés – le film n’étant pas assez familial au goût du studio. « Oblivion » est un excellent blockbuster de science-fiction.
Qui n’est ni une suite, ni un remake et ne vise pas non plus à l’établissement
d’une franchise : c’est assez rafraichissant pour être signalé, mais c’est
aussi loin d’être la seule qualité du film.
Un émerveillement visuel…
« Oblivion »
frappe dès le début par la beauté de ses images. La direction artistique à l’épure soignée
impressionne tout au long du film. « Oblivion » est aussi doté d’une
magnifique BO électronique, signée par M83.
Ces deux
qualités se retrouvaient déjà dans « Tron : l’héritage ». Sauf
que c’étaient les seules : ce n’est pas le cas ici, puisqu’« Oblivion »
est doté d’un excellent scénario, d’apparence aussi épurée que sa direction artistique,
mais qui réserve en fait de multiples rebondissements. On aime particulièrement
la première partie du film, qui se résume à une exploration de la Terre
transformée en désert par un de ses derniers habitants, joué par Tom Cruise. Kosinski
prend le temps d’installer son film, et ne court pas après l’action. Un rythme
plutôt lent, presque antispectaculaire, qui détone par rapport au tout venant
hollywoodien – le film maintiendra jusqu’au bout cette résistance aux effets
pyrotechniques.
… abondamment référencé
L’émerveillement
de ce début s’estompe un peu lorsque le premier rebondissement arrive, et que l’on
se rend compte que le scénario du film n’est pas si original que ça. « Oblivion »
n’invente rien (si ce n’est peut-être ces gigantesques machines vidant la Terre
de son eau de mer) et accumule beaucoup de références à d'autres films de science-fiction. Pour n'en citer que deux, le « Solaris »
de Tarkovski, et l’incontournable « 2001, l’Odyssée de l’espace », référence principale car on la retrouve tant dans la direction artistique que dans la mise en scène
en quête d’épure. Mais sur ce point, à trop vouloir bien faire, Kosinski oublie
de donner de l’épaisseur à ces personnages. L’épure, admirable ailleurs, n’aurait
peut-être pas dû être poussée jusque-là. Si elle est logique chez Jack Harper, joué
par Tom Cruise (qui tient ici comme dans le reste de sa filmographie le rôle d’un
personnage d’apparence normale cachant en fait une identité ambiguë - rôle qui
convient si bien à son jeu lisse), elle est bien plus gênante chez le
personnage interprété par Olga Kurylenko, qui semble imperméable aux émotions.
Si « Oblivion »
ne fait au final que recycler des thèmes connus de la science-fiction, il le
fait d’une très belle manière. Passé chaque révélation, la direction que prend
le film semble évidente au spectateur, mais le film étonne chaque fois en
empruntant un autre chemin, qui ne fait pas forcément progresser l’intrigue.
Cette avance par à-coups réussit à rendre surprenant un scénario qui, raconté d’une
autre manière, paraîtrait plus convenu.
On retiendra…
L’extraordinaire direction
artistique, la musique de M83, le rythme du film : tout concourt à assurer
un très beau spectacle cinématographique.
On oubliera…
Rien de vraiment neuf dans l’histoire
d’« Oblivion ». Un épilogue qui aurait dû être coupé au montage.
« Oblivion » de
Joseph Kosinski, avec Tom Cruise, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough,…
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