- Un reporter de guerre nommé Stéphane Rybojad, auteur de plusieurs documentaires et ayant suivi pendant plusieurs années l’armée française en Afghanistan, livre cette semaine sa première fiction cinématographique. Elle raconte l’intervention d’une équipe composée de six soldats des forces spéciales françaises pour libérer en Afghanistan une reporter prise en otage par des talibans.
- Un réalisme de documentaire, une vision nuancée de l’intervention des forces de l’OTAN en Afghanistan, un regard humain et pourfendeur de préjugés sur la population afghane : voilà en gros tout ce que rate Stéphane Rybojad.
- Le cinéma regorge de surprises. Pour quelqu’un de son expérience, on pouvait s’attendre de la part de Rybojad à tout autre chose qu’une francisation de « Rambo III ». Mais non : dans ce film, tous les afghans sont talibans, et meurent par douzaines sous les rafales des six soldats français qu’ils sont censés poursuivre. Ces derniers se tirent de ces escarmouches bien évidemment sans aucune égratignure, et s’ils meurent ce ne sera qu’assassinés lâchement de dos, sans voir leur agresseur.
- Arrête-toi, tu vas donner envie de vomir aux lecteurs en racontant la couardise des talibans. Laisse-moi les réconforter : le film contient aussi de grands moments d’héroïsme comme la traversée de l’Himalaya sans nourriture et sans eau après une semaine de course dans le désert.
- Ne dévoile pas trop le film. La question que je me pose est : quel processus a bien pu amener Rybojad, en passant de documentariste à cinéaste, à renier complètement tout son travail de journaliste ?
- Je ne vois que deux réponses : soit ces documentaires, diffusés sur « Envoyé Spécial » relevaient déjà de la propagande, soit Rybojad s’est montré excessivement lourd dans ses remerciements à l’armée française pour leur soutien logistique sur le tournage. Ce qui est certain est que ce film est un gigantesque clip conçu à la gloire de l’armée française.
- Tu devrais finalement mieux cacher aux spectateurs potentiels le passé de documentariste pour « Envoyé spécial ». Le film en porte la marque de manière incongrue : les transitions sans aucun rythme rappellent celles des reportages M6, et le film est inondé de sous-titres explicatifs… n’expliquant rien.
- C’est bien vrai : pourquoi lors la première apparition du personnage de Victor à l’écran est-elle accompagnée du sous-titre (certes lapidaire) « Victor », alors que dans la seconde qui suit un enfant à l’arrière-plan appelle à plusieurs reprises par son prénom le personnage ainsi doublement présentés ?
- Il n’y a pas que les sous-titres qui ne servent à rien : des scènes entières sont inutiles comme la toute première, montrant l’arrestation de criminels de guerre en Europe de l’Est.
- Ce ne sont pas que certaines scènes qui sont dispensables, c’est le film en entier. A voir pour motiver un changement d’orientation vers l’armée ou juste pour faire une blague de très mauvais goût à ces amis.
On retiendra…
Les acteurs se sont, malheureusement pour eux, beaucoup investis dans ce film.
On oubliera…
Un film de propagande sur l’armée française, qui veut essayer de nous faire croire que les pays arabes ne sont peuplés que de terroristes islamistes, en plein printemps arabe, à quoi cela ressemble-t-il sinon à un navet ?
« Forces spéciales » de Stéphane Rybojad, avec Diane Kruger, Djimon Hounsou, Benoît Magimel,…
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