lundi 28 novembre 2011

Réveil difficile (Sleeping beauty)

Une jeune étudiante qui a besoin d’argent multiplie les petits boulots. Suite à une petite annonce, elle intègre un étrange réseau de beautés endormies. Elle s’endort. Elle se réveille. Et c’est comme si rien ne s’était passé…



-          Bon sang, à cause de toi je ne fais que de bailler ! Que t’est-il arrivé, tu n’as pas dormi ce week-end ?
-          Malheureusement, pas autant que je le voulais. Malgré son titre, « Sleeping beauty » ne m’a pas aidé à m’endormir.
-          Pardon ? Ne me dis pas que tu as été traumatisé par ce film ? La commission de classification des œuvres cinématographiques française a décidé d’interdire ce film, premier long-métrage australien en compétition officielle à Cannes, aux moins de 16 ans. Une interdiction jugée trop sévère par la presse qui l’avait découvert à Cannes. Le distributeur, sincèrement indigné ou avide de cette publicité gratuite, a fait appel à cette décision, mais celle-ci s’est trouvée confirmée par Frédéric Mitterrand lui-même. En signe de contestation, l’affiche du film est désormais barrée d’un bandeau rouge « censuré ».
-          Il est certain qu’à cause de cette affaire, les spectateurs ne se déplacent pas tant pour voir un film sélectionné à Cannes mais plutôt pour savoir ce qu’il contient de si choquant.
-          Il est tout aussi certain que nous, nous ne nous sommes pas déplacés pour cette seconde raison.
-          Bien évidemment. Que vas-tu donc imaginer ? Et pour répondre à ta question, l’interdiction ne me semble pas vraiment justifiée, surtout lorsque l’on compare « Sleeping beauty » à « L’apollonide », interdit aux moins de 12 ans. Le motif officiel étant que « Sleeping beauty » a été jugé par la commission comme une « incitation à la prostitution », ce qui est un énorme contresens.
-          Si l’on regarde le film jusqu’au bout, il semble évident que la réalisatrice transmet plutôt le message inverse de celui qu’on a voulu lui attribuer. On est encore une fois très loin de l’ambigüité de « L’apollonide » !
-          Mis à part cette interdiction, on pourrait peut-être discuter de la qualité réelle du film. Il se révèle être une légère déception, la réalisatrice semble ne pas avoir bien maitrisé les informations que la mise en scène apporte au spectateur : on en sait parfois trop et parfois trop peu sur ce que subit Lucy, jouée par Emily Browning. Le film aurait pu être bien plus percutant si la caméra n’avait pas hésité entre le point de vue personnel de Lucy et un point de vue omniscient.
-          La prestation d’Emily Browning constitue finalement le plus grand intérêt du film. Déjà poupée presque inexpressive dans « Sucker punch » de Zack Snyder, elle est ici carrément transformée en pantin désarticulé. Une manière de jouer assez inhabituelle, terriblement glaçante. Le malaise qu’elle provoque est sûrement la réelle explication à cette sévère interdiction. On attend toutefois de voir si elle est capable d’autre chose.

On retiendra…
L’apathie d’Emily Browning, la mise en scène très précise où chaque plan cache un sens.

On oubliera…
Beaucoup de scènes semblent ratées, et c’est un sentiment d’inachèvement qu’éprouve le spectateur au sortir de la salle.

« Sleeping beauty » de Julia Leigh, avec Emily Browning, Rachael Blake, Ewen Leslie…

lundi 21 novembre 2011

Un choc titanesque (Les immortels)


-          Les films mythologiques intéressent de nouveau les studios américains depuis le succès de « 300 » en 2007. Le genre avait été abandonné après « Le choc des titans » de 1981, mais fait depuis un retour en force : cette année c’est au tour de « Les immortels » de sortir au cinéma.
-          Malheureusement, je ne suis pas certain que le succès soit au rendez-vous. Beaucoup de spectateurs sont ressortis traumatisés de la projection de « Le choc des titans » version 2010, énorme nanar qui restera dans l’histoire pour la qualité catastrophique de sa conversion 3D. Le film a tellement déçu qu’il a dû dissuader beaucoup de spectateurs d’aller voir par la suite des films en 3D ou inspiré de la mythologie grecque…
-          Même si j’ai dû te traîner au cinéma pour assister à la projection de « Les immortels », tu ne pourras pas nier que celui-ci est autrement réussi.
-          En effet, « Les immortels » s’avère être l’un des meilleurs blockbusters américains de cette année ! C’est tout d’abord un choc visuel, qui intervient dès la première séquence du film : le réalisateur indien Tarsem Singh a choisi de représenter l’Antiquité comme l’ont fait les peintres de la Renaissance. « Les immortels » est un incroyable pari visuel qui aurait pu à l’arrivée déboucher sur un film à l’esthétique kitsch, mais qui se révèle être en fait d’une extraordinaire originalité.  Ce choix artistique s’avère même retranscrire de la meilleure manière qui soit la dimension mythologique de l’histoire : « Les immortels » n’essaye en aucun cas de se raccrocher à une quelconque réalité. Costumes et décors sont tous stylisés au maximum, mélangeant toutes les époques et toutes les cultures, et rapprochant le film d’un opéra.
-          Certains spectateurs risquent fort d’être déroutés par cette audace visuelle, qui n’est toutefois pas le seul point fort du film. Le scénario, coécrit par deux grecs, ne s’inspire que lointainement des mythes grecs. Le film crée donc encore la surprise avec ce scénario original. Et bien que le film ait été converti en 3D, celle-ci s’avère de grande qualité et rajoute encore à la splendeur visuelle.
-          Bien que « Les immortels » soit une réussite, il n’est pas non plus exempt de défauts. Les dialogues du film sonnent souvent faux, et la musique médiocre n’a pas du tout l’originalité des images qu’elle accompagne. Quant aux acteurs, ils ne sont pas tout convaincant, en particulier l’acteur principal. Mais Mickey Rourke dans le rôle du roi Hypérion offre un formidable numéro.

On retiendra…
L’esthétique du film, très surprenante et très belle qui transforme le film en ovni visuel.

On oubliera…
Les dialogues ne sont pas toujours à la hauteur, et la musique manque cruellement d’originalité.

« Les immortels » de Tarsem Singh, avec Henry Cavill, Mickey Rourke, Freida Pinto,…

mercredi 16 novembre 2011

Retour en France (L'ordre et la morale)


-          Fatigué et profondément déçu des méthodes de productions de Hollywood, Mathieu Kassovitz revient en France avec « L’ordre et la morale », l’accomplissement d’un projet de longue date pour le réalisateur.
-          Kassovitz voulait depuis longtemps raconter les péripéties qui ont conduit l’armée française à lancer un assaut en avril 1988 sur l’île d’Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) pour libérer trente gendarmes pris en otage par des indépendantistes kanaks, alors que le capitaine du GIGN Philippe Legorjus avait négocié une libération des otages sans effusion. Les événements sont vécus par le spectateur aux côtés de ce capitaine, qui découvre peu à peu comment cette prise d’otages est instrumentalisée par la politique. La France est en effet entre les deux tours de l’élection présidentielle qui verra la réélection de François Mitterrand.
-          Apparemment ce n’est pas non plus en France que Kassovitz trouvera la tranquillité et la liberté qui lui manquaient lors des productions de « Gothika » (2003) et « Babylon A.D » (2008) : tournage interdit en Nouvelle-Calédonie « pour raisons de sécurité », refus de l’armée française d’apporter un soutien logistique sur le tournage, et enfin à trois semaines de sa sortie en salles, le refus de l’exploitant des salles de cinéma de Nouvelle-Calédonie de diffuser le film.
-          Kassovitz est un des rares réalisateurs français qui se confronte de manière frontale aux erreurs de la République française. Après « La haine » sur les banlieues en 1995, « Assassin(s) » en 1997, le réalisateur suscite de nouveau la polémique.
-          Rassurons le spectateur : « L’ordre et la morale » n’est pas un plaidoyer pour la cause kanak, ce qui aurait sonné faux et agacé le spectateur. Le réalisateur a voulu garder une neutralité en essayant de décrire objectivement avec le plus de précisions possible tout ce qui a conduit au choix de l’assaut par l’armée française. Cette description n’est évidemment pas sans émotion, et l’on aura du mal à se ranger du côté de l’armée à l’issue de la projection, mais le film ne nous force pas à adhérer à adopter une vision unilatérale des événements.
-          L’histoire de cette prise d’otages est incroyable et complètement méconnue en métropole. Mais le film n’a pas pour seul mérite de rappeler cet événement, même si c’est déjà beaucoup. Il est admirablement bien réalisé, très clair dans sa narration presque mécanique (musique quasi-absente, découpage du film suivant les jours restant avant l’assaut), et réussit à faire entendre très facilement leurs enjeux. Sans oublier l’époustouflante séquence finale filmée en plans-séquences.
-          Cette narration mécanique du film représente aussi sa limite. Celui-ci ne quitte que trop rarement sa fonction explicative (lors de la scène finale par exemple). Le réalisateur n’exprime au final rien de plus que ce qu’il explique si bien dans le film. C’est certes déjà beaucoup, et nécessaire, sauf que le spectateur n’aura pas besoin d’une nouvelle projection pour explorer plus profondément le film : la leçon est déjà comprise.

On retiendra…
Une narration virtuose des événements. Le spectateur est littéralement aux côtés du capitaine Legorjus.

Ou oubliera…
Le film est tout entier tourné vers son objectif d’explication.

« L’ordre et la morale » de Mathieu Kassovitz, avec Mathieu Kassovitz, Iabe Lapacas,…

lundi 14 novembre 2011

Enrhumé ? (Contagion)


-          Atchoum !
-          Ça va ? Que t’arrive-t-il, tu t’es enrhumé à cause du mauvais temps ?
-          Rien de grave, je tiendrai le coup pour cet article, consacré au dernier film de Steven Soderbergh.
-          Une telle présentation ne donne aucun indice quant au sujet ou à la qualité du film ! Steven Soderbergh est un réalisateur très prolifique (22 films en 23 ans de carrière) qui à force d’éclectisme a un peu perdu de son identité. Depuis sa Palme d’or à 26 ans, il oscille entre le pire et le meilleur en s’attaquant à tous les sujets.
-          Et alors ? Que sa filmographie soit déroutante ne diminue en rien la grande qualité de « Contagion ». Le film raconte la propagation à travers le monde d’un virus mortel – vous l’aurez deviné, très contagieux -, et les ravages qu’il provoque dans la société. Le spectateur suit les efforts contre l’avancée de la maladie d’une multitude de personnages, qu’ils soient directeurs d’institutions de santé publiques, chercheurs, journalistes ou simples civils. Aaatchoum !
-          Evite d’éternuer sur le clavier, s’il-te-plaît. Le film est extrêmement réaliste, le scénario a manifestement été très documenté. A tel point qu’au sortir de la projection on n’est plus très sûr que ce soit bien de la science-fiction. Toutes les étapes de lutte contre la pandémie sont détaillées, de l’étonnante recherche du « patient zéro » à la course au vaccin…
-          Mais « Contagion » n’est absolument pas un documentaire ! Son aspect très réaliste ne le rend que plus effrayant et dérangeant. La mise en scène de Soderbergh est géniale car elle traite les événements d’une manière très froide, scientifique, presque insensible : les personnes infectées meurent trop vite pour que l’on ait le temps de s’y identifier. En refusant de créer de l’empathie entre les victimes et le spectateur, Soderbergh met celui-ci dans une position très inconfortable  qui ne fait qu’accentuer l’horreur de la situation.
-          Dommage qu’il ne réussisse pas à maintenir cette distance jusqu'au bout. La fin du film n’évite pas quelques effets lacrimogènes au milieu de séquences beaucoup plus réussies.
-          Le film est par ailleurs doté d’une magnifique photographie (aussi signée Soderbergh) et interprété par un incroyable casting : Matt Damon, Jude Law, Kate Winslet, Gwyneth Paltrow, Laurence Fishburne,…
-          Et aussi Marion Cottillard ! Qui n’a malheureusement pas le rôle le plus intéressant… Atchoum ! ça ne pouvait pas louper : tu m’as refilé ton rhume. Hé ! Mais que fais-tu allongé par terre ? Oh non ! Tiens le coup, j’appelle le 112 !
On retiendra…
La mise en scène glaçante du film, très dérangeante. Et le réalisme du film : cette pandémie, bien que fictive, est trop crédible pour ne pas être inquiétante…

On oubliera…
La baisse de niveau finale. La mise en scène perd de sa neutralité et essaye de créer artificiellement de l’émotion…

A noter :
Soderbergh a annoncé qu’il ne réaliserait plus de films après ses cinquante ans, lassé du métier. Ses trois derniers films devraient logiquement sortir l’an prochain (!).

« Contagion » de Steven Soderbergh, avec Matt Damon, Laurence Fishburne, Kate Winslet,…

lundi 7 novembre 2011

Source d'ennui (La source des femmes)


-          Le film de la semaine était, une fois de plus, en compétition au dernier festival de Cannes. Mais « La source des femmes », bien que coproduit par la France et réalisé par Radu Mihaileanu, représentait le Maroc. C’est peut-être bien la seule raison expliquant comment un film aussi léger a pu se retrouver en sélection officielle à Cannes.
-          Tu vas te faire des ennemis en reniant « la légèreté ». Te prends-tu pour DSK ?
-          Très drôle. Mais je maintiens. Dans ses précédents films (« Va, vis et deviens » en 2005, « Le Concert » en 2009), Radu Mihaileanu était toujours au bord de la mièvrerie. Il y cède ici. « La source des femmes » est présentée comme un conte, narrant le combat des femmes pour l’adduction d’eau au village. Celles-ci sont en effet obligées de parcourir un dur chemin pour aller chercher de l’eau. Elles décident, pour faire plier les hommes, de faire la grève de l’amour.
-          Nous ne critiquons pas la justesse de la cause défendue par le film. Mais une grande cause ne fait pas un grand film. Le film veut se veut porteur d’un message, mais sa manière de le faire entendre aux spectateurs semble tout sauf recherchée. Même en gardant en tête l’introduction présentant le film comme un conte, on ne peut que regretter que les intentions du réalisateur ne soient aucunement voilées. Tout est désespérément littéral sauf lorsqu’il s’agit d’évoquer le sexe. Et ce rare second degré est si grossier qu’il est risible, comme ces passages où l’entomologiste lit en voix-off son article sur la pugnacité des êtres vivants de l’infiniment petit.
-          Les scènes les plus réussies sont justement celles où, enfin, la mise en scène apporte de la profondeur : les passages dansés en particulier, et en premier lieu la scène où les femmes du village dansent en chantant leurs revendications à des touristes qui ne comprennent pas l’arabe et croient n’assister qu’à un spectacle traditionnel.
-          Pour faire changer les mentalités, but évident du film appelé à être diffusé dans tout le monde arabe, le réalisateur ne sait pas se faire subtil. Le spectateur ne peut pas accepter de se faire manipuler s’il s’aperçoit qu’on l’y contraint, ni entendre un message asséné avec autant d’obstination. C’est toute l’erreur de « La source des femmes », qui en ne cachant pas ses efforts pour éduquer ses spectateurs apparait comme désespérément naïf.
-          Mis à part cette erreur, la projection du film reste un moment agréable, mais sans plus. La photographie est vraiment très belle, les acteurs sont convaincus, et le scénario regorge de scènes faisant sourire, voire rire (mais c’est plus rare).
-          Mais on a beau chercher, il n’y a toujours rien qui vienne justifier la présence de Radu Mihaileanu en sélection officielle !
-          Je crois que la seule explication vient du printemps arabe ; le festival de Cannes n’a pas pu se résoudre à faire l’impasse sur cette actualité et le seul candidat envoyé à temps devait être le film de Mihaileanu.

On retiendra...
La photographie, le casting et son interprétation.

On oubliera…
L’absence de second degré, d’ambigüité, d’espace au spectateur où celui-ci ne se sent pas manipulé.

« La source des femmes » de Radu Mihaileanu, avec Leïla Bekhti, Hafsia Herzi, Biyouna,…

mercredi 2 novembre 2011

Rambo V (Forces spéciales)


-          Un reporter de guerre nommé Stéphane Rybojad, auteur de plusieurs documentaires et ayant suivi pendant plusieurs années l’armée française en Afghanistan, livre cette semaine sa première fiction cinématographique. Elle raconte l’intervention d’une équipe composée de six soldats des forces spéciales françaises pour libérer en Afghanistan une reporter prise en otage par des talibans.
-          Un réalisme de documentaire, une vision nuancée de l’intervention des forces de l’OTAN en Afghanistan, un regard humain et pourfendeur de préjugés sur la population afghane : voilà en gros tout ce que rate Stéphane Rybojad.
-          Le cinéma regorge de surprises. Pour quelqu’un de son expérience, on pouvait s’attendre de la part de Rybojad à tout autre chose qu’une francisation de « Rambo III ». Mais non : dans ce film, tous les afghans sont talibans, et meurent par douzaines sous les rafales des six soldats français qu’ils sont censés poursuivre. Ces derniers se tirent de ces escarmouches bien évidemment sans aucune égratignure, et s’ils meurent ce ne sera qu’assassinés lâchement de dos, sans voir leur agresseur.
-          Arrête-toi, tu vas donner envie de vomir aux lecteurs en racontant la couardise des talibans. Laisse-moi les réconforter : le film contient aussi de grands moments d’héroïsme comme la traversée de l’Himalaya sans nourriture et sans eau après une semaine de course dans le désert.
-          Ne dévoile pas trop le film. La question que je me pose est : quel processus a bien pu amener Rybojad, en passant de documentariste à cinéaste, à renier complètement tout son travail de journaliste ?
-          Je ne vois que deux réponses : soit ces documentaires, diffusés sur « Envoyé Spécial » relevaient déjà de la propagande, soit Rybojad s’est montré excessivement lourd dans ses remerciements à l’armée française pour leur soutien logistique sur le tournage. Ce qui est certain est que ce film est un gigantesque clip conçu à la gloire de l’armée française.
-          Tu devrais finalement mieux cacher aux spectateurs potentiels le passé de documentariste pour « Envoyé spécial ». Le film en porte la marque de manière incongrue : les transitions sans aucun rythme rappellent celles des reportages M6, et le film est inondé de sous-titres explicatifs… n’expliquant rien.
-          C’est bien vrai : pourquoi lors la première apparition du personnage de Victor à l’écran est-elle accompagnée du sous-titre (certes lapidaire) « Victor », alors que dans la seconde qui suit un enfant à l’arrière-plan appelle à plusieurs reprises par son prénom le personnage ainsi doublement présentés ?
-          Il n’y a pas que les sous-titres qui ne servent à rien : des scènes entières sont inutiles comme la toute première, montrant l’arrestation de criminels de guerre en Europe de l’Est.
-          Ce ne sont pas que certaines scènes qui sont dispensables, c’est le film en entier. A voir pour motiver un changement d’orientation vers l’armée ou juste pour faire une blague de très mauvais goût à ces amis.

On retiendra…
Les acteurs se sont, malheureusement pour eux, beaucoup investis dans ce film.

On oubliera…
Un film de propagande sur l’armée française, qui veut essayer de nous faire croire que les pays arabes ne sont peuplés que de terroristes islamistes, en plein printemps arabe, à quoi cela ressemble-t-il sinon à un navet ?

« Forces spéciales » de Stéphane Rybojad, avec Diane Kruger, Djimon Hounsou, Benoît Magimel,…


Spielberg, ad hoc pour Tintin ? (Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne)


-          Avais-tu vu dans ton enfance « Tintin et les oranges bleues » (1964)  ou « Tintin et le mystère de la toison d’or » (1961) ?
-          Non, mais j’ai vu la série de dessins animés. J’en ai retenu la musique…
-          J’avais vu en cassette ces deux films, et même à l’époque je me souviens m’être bien ennuyé. Ces deux films étaient pour le moment les deux seules adaptations cinématographiques de l’univers d’Hergé. Leur seul mérite est d’avoir prouvé que Tintin ne pouvait pas passer au cinéma en prises de vue réelles. La faute à la fameuse houppette : aucun acteur ne peut jouer avec sans être ridicule !
-          Il n’y avait pas ce problème-là dans les dessins animés, qui m’ont semblé plus réussis. Mais ils se contentaient du strict minimum au niveau de l’adaptation: celle-ci consistait littéralement en une animation du dessin d’Hergé. Aucune surprise ne pouvait donc surgir de cette série, qui n’avait aucun intérêt pour qui avait lu les albums, et qui n’apportait rien à l’œuvre d’Hergé.
-          Je suis d’accord avec toi, il faut forcément trahir pour adapter une œuvre au cinéma. Mais là où réside toute la difficulté est : jusqu’où cette trahison peut-elle aller ?
-          La réponse des spectateurs à cette question cruciale dépendra (entre autres) de leur degré de tintinophilie. Mais personne ne pourra reprocher à Spielberg le choix de la motion capture pour son adaptation, la technologie incroyable qui avait déjà démontré toute sa puissance dans « Avatar ». Le résultat à l’écran est stupéfiant et semble bien conforme à la ligne claire d’Hergé.
-          D’accord, du point de vue technique le film de Spielberg est une réussite. Mais on peut avoir plus de réserves quant au scénario. Celui-ci respecte dans les grandes lignes l’histoire du « Secret de la Licorne », mais est complété par des scènes tirées d’autres albums et surtout par des scènes d’action… assez problématiques. La technique de la motion capture autorise au réalisateur à se détacher complètement du réel et ainsi livrer des courses-poursuites à la manière d'"Indiana Jones" sous forme de plans-séquences impossibles mais extraordinaires. Augmenté de la 3D, le spectacle est assuré, même si par moments on se croirait dans un jeu-vidéo. Mais les BD n’ont jamais contenu autant d’action.
-          Le film de Spielberg est mené à un rythme trop frénétique par rapport à la lecture des cases figées d’Hergé. Le plaisir est grand pour le spectateur du film, mais bien moindre pour le lecteur des bandes-dessinées qui ne reconnaîtra plus l’univers de Tintin dans ce déchaînement d’action qui fait de « Tintin » un réel  blockbuster américain, beaucoup moins sage que les adaptations franco-belges que tu as cité au début.
-          Si Tintin et les Dupont/d sont très convaincants, on ne reconnait pas vraiment le capitaine Haddock (joué par Andy Serkis, le Gollum du « Seigneur des Anneaux ». Mais même si on y ajoute le manque d’humour du film par rapport aux BD, ce Tintin-là reste une grande réussite et un très bon divertissement.
On retiendra…
La motion capture, une technologie qui semble désormais évidente pour retranscrire le dessin d’Hergé au cinéma sans faire un film d’animation.

On oubliera…
Le rythme trop effréné du film, qui transforme par moments l’univers de Tintin en parc d’attraction.

A noter :
Peter Jackson, producteur du film, et Steven Spielberg, réalisateur, échangeront leur rôle pour le deuxième épisode qui sera tourné lorsque Peter Jackson aura terminé de travailler sur son adaptation de Bilbo le Hobbit (deux films en décembre 2012 et 2013).
Quant à Spielberg, absent des écrans depuis 2008, il revient avec trois films d’ici l’été 2013.

« Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne » de Steven Spielberg, avec Jamie Bell, Andy Serkis,…