La saga littéraire se terminait d’une manière plutôt décevante. On ne s’étonnera donc pas si le film répète les erreurs du livre. « Harry Potter » au cinéma ne s’achève donc pas sur le meilleur film de la saga (qui restera le troisième opus signé Alfonso Cuaron, curieusement celui qui a eu le moins de succès…) – mais sur le plus impressionnant.
On se rend compte à la vision de cette deuxième partie à quel point l’épisode précédent était calme et bavard. Ici, la guerre qui ne se dessinait qu’en arrière-plan dans les opus précédents est enfin montrée à l’écran. Le film peut enfin resserrer son intrigue, en concluant une à une les pistes narratives développées par la saga, et laisser place à l’action et à l’épique. On peut toutefois s’interroger sur l’intelligibilité de ces « révélations » finales : certes simple rappel pour les lecteurs de l'oeuvre, mais véritable casse-tête pour les autres, à qui on conseillera au mieux de lire les livres, sinon de revoir les films juste avant pour y comprendre quelque chose. Mais qui n’a pas encore lu Harry Potter ?
Effets spéciaux extraordinaires et 3D originale
Ce dernier épisode est donc le plus spectaculaire, grâce à ses effets spéciaux et sa 3D. La conversion en 3D, très réussie, a complètement bouleversé le montage de cette deuxième partie, bien différente à ce niveau de la première. Dans le film précédent les scènes d’action était montée au stroboscope (la course-poursuite dans les bois, notamment). Illisible en 3D. C’est donc le montage opposé qui a été opéré dans la suite : à l’avalanche de plans ultra-rapides et tonitruants succède de longs plans-séquence défilant au ralenti, et au son assourdi. La mise en scène se met donc entièrement au service de la 3D, avec plusieurs effets de jaillissement. Tant mieux pour le spectacle, tant pis pour la continuité avec le film précédent. Pas sûr que vus ensemble, les deux parties soient homogènes.
Un dernier mot sur la 3D : pour la première fois, c’est une image à courte focale qui a été convertie en 3D, donnant un rendu visuel unique très appréciable, passée la déstabilisation initiale.
Trop pauvre en émotion
Cependant bien que le spectacle soit assuré, on reste quand même sur sa faim : le film aurait pu être bien plus émouvant ! Le siège final de Poudlard semble un peu brouillon, et le duel final avec Voldemort un peu trop rapide. Mais ce qui pose problème par-dessus tout, c’est la maladresse récurrente qui gâche parfois le spectacle. David Yates n’a aucun talent pour susciter l’émotion, qui ne repose que sur l’excellente musique d’Alexandre Desplat et le sentiment d’assister à la conclusion d’une énorme entreprise cinématographique. On se souvient du traitement complètement raté de la mort de Sirius Black dans « L’Ordre du Phénix » (le moins bon opus de la saga). Il récidive ici encore lors de plusieurs scènes, et en particuliers lors du discours risible de Neville Londubat face à Lord Voldemort.
Un épilogue malencontreux
Mais le défaut majeur de cette conclusion est, comme pour le livre, le fameux épilogue « 19 ans plus tard ». Plutôt que de suivre à la lettre le roman, le scénariste aurait au moins pu épargner au spectateur ce qui avait tant agacé les lecteurs ! Déjà mauvais en littérature, l’épilogue s’alourdit encore au cinéma d’un défaut majeur. La principale qualité de cette saga cinématographique, ce qui fait son unicité, est d’avoir réussi à garder les mêmes acteurs tout au long des huit films, et les mêmes spectateurs. Comme ces derniers, ils vieillissaient de film en film, créant une complicité inédite. Les voir artificiellement vieilli de vingt ans lors de la dernière séquence de la saga est une négation même de cette complicité, une incohérence finale qui acquiert presque un caractère outrageant.
La saga ne s’achève donc pas en apothéose. Spectaculaire mais froid, cet ultime épisode a tout simplement les défauts des précédents réalisés par David Yates.
On retiendra…
La conclusion d’une saga d’une ampleur sans précédent au cinéma. Les effets spéciaux spectaculaires et la 3D. La musique d'Alexandre Desplat.
On oubliera…
La mise en scène qui a du mal à susciter l’émotion, l’épilogue final.
« Harry Potter et les reliques de la mort, deuxième partie » de David Yates, avec Daniel Radcliff, Rupert Grint, Emma Watson,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire