Pourquoi être allé le voir ?
Une fable
fantastique suédoise réalisée par un danois d’origine iranienne, crédité d’une
presse ultra élogieuse, et ayant remportée la compétition « Un certain
regard » à Cannes : il y a de quoi éveiller l’intérêt.
Pourquoi aller le voir ?
Difficile d’évoquer
« Border » autrement que par des formulations vagues et elliptiques.
C’est un film très étrange, dont la qualité repose en partie sur le mystère de
l’identité de ses personnages principaux, et sur le caractère inédit de ce qu’il
ose représenter à l’écran – soit autant de sujets qu’il serait dommage de dévoiler
dans une critique !
« Border »
nous confronte d’emblée à son parti pris esthétique fort d’avoir pris comme
personnages principaux des personnes au physique déplaisant et disgracieux, et
de montrer frontalement cette laideur – en fait, des acteurs rendus méconnaissables
par un énorme travail de maquillage. C’est donc un film dérangeant, qui met mal
à l’aise par la crudité de ce qu’il montre, mais aussi par les agissements de
ses personnages… « Border » traite comme rarement (voire
comme jamais ?) de l’altérité, avec une puissance métaphorique exceptionnelle.
Pourquoi ne pas aller le voir ?
« Border » est de ces films qui désarçonnent tant qu'on ne sait pas très bien quel jugement critique y porter à la sortie de la salle de cinéma. A la multitude de questions impossibles à résoudre qu’il suscite par son sujet, s’ajoute
des questions non moins difficiles à tranches sur sa forme-même : peut-on
complètement aimer un film qui nous dégoûte, qui ose autant échapper à un certain
confort visuel ?
La seule
autre limite que je pourrais citer est le moment de la révélation du mystère de
l’identité des personnages principaux. Cette révélation m’a d’abord semblé
grotesque – mon jugement sur le film a vacillé pendant quelques instants… Un
bon rappel du fait qu’il est toujours extrêmement difficile de donner une
explication à un mystère sans décevoir.
« Border » d’Ali
Abbasi, avec Eva Melander, Eero Milonoff,…