On imagine
que la lutte pour acquérir les droits d’adaptation du prix Goncourt 2013,
énorme succès en librairie, a été féroce. C’est finalement Albert Dupontel qui
a réussi à s’imposer, à l’heureuse surprise générale. Grâce au succès public et
critique de « 9 mois ferme », l’acteur-réalisateur a pu accéder à un
projet au budget ambitieux, exigé par ce film d’époque. Or, connaître le succès
et accéder à des productions de plus grande ampleur et donc plus risquée
financièrement conduisent plutôt à l’académisme.
Futur classique
Mais Dupontel
n’a rien cédé : dans « Au revoir là-haut », il se montre
toujours aussi fou, virtuose et drôle qu’auparavant, tout en étant encore plus spectaculaire.
Le pari était encore moins gagné d’avance que sur un tel sujet – la Grande
Guerre et ses conséquences – le cinéma français avait déjà livré de très bon
films français récents, tels que « Un long dimanche de fiançailles »
de Jean-Pierre Jeunet (2004) et « La chambre des officiers » de
François Dupeyron (2001). Mais aucun n’a l’ampleur d’ « Au revoir
là-haut ».
Quelque que
soit le prisme choisi pour analyser le film, « Au revoir là-haut » apparaît
comme une réussite. Son scénario retranscrit le foisonnement de péripéties et
de personnages du roman sans embrouiller le spectateur ni paraître compliqué. L’image
est somptueuse. Les cadrages virtuoses dont est adepte Dupontel s’enchaînent
ici sans virer à l’épate, tant l’on est profondément happé par la narration.
Ils s’intègrent très bien au cadre épique et tragique de ce film, bien mieux en
tout cas que la dernière comédie du réalisateur où les mouvements compliqués de
caméra ressemblaient à de la sophistication gratuite. La direction artistique,
qui s’exprime notamment à travers les masques portés par la gueule cassée
Edouard Péricourt, apporte une forme poétique inespérée à l’image, très
émouvante. Les acteurs composent de formidables numéros, des premiers aux
seconds rôles, même les plus éphémères (Michel Vuillermoz, épatant). Seule
facilité, l’interprétation par Dupontel de son personnage doucement ahuri manque
d’originalité. Mais on comprend que le réalisateur n’ait pas eu l’énergie de se
lancer dans une nouvelle performance alors qu’il réalisait le film.
Par son
style affirmé, Albert Dupontel réussit à produire un mélange très émouvant de
tragique et de comédie. Un grand film, tout simplement.
On retiendra…
Le style Dupontel, fait
d’outrances et de sophistications comiques, augmenté d’une puissance visuelle
inattendue apportée par une incroyable direction artistique, restitue avec
beaucoup d’émotions le mélange de comédie et de drame de cette histoire.
On oubliera…
L’interprétation de Dupontel,
pas du tout surprenante.
« Au revoir
là-haut » d’Albert Dupontel, avec Albert Dupontel, Nahuel Perez Biscayart,
Laurent Lafitte,…
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