Avant de signer en
1964 le monstre littéraire qu’est « Et quelquefois j’ai comme une grande idée », Ken Kesey a publié deux ans auparavant le roman qui l’a rendu
célèbre, « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Le livre est
aujourd’hui rentré dans la culture populaire grâce à son adaptation cinéma, au
point qu’il est impossible de lire le premier roman de Kesey sans associer aux
personnages les visages des acteurs du film qui les interprètent, Jack
Nicholson en tête.
« Vol au-dessus d’un nid de
coucou » nous plonge dans le quotidien de patients d’une section d’un
hôpital psychiatrique américain. Tout y est organisé et chronométré d’une main
de fer par l’infirmière en chef Mlle Ratched. Jusqu’à l’arrivée d’un patient
très turbulent, McMurphy, qui en bousculant l’ordre tyrannique institué par
l’impitoyable infirmière, va réveiller beaucoup de consciences parmi les patients
du service et raviver leurs espoirs.
L’histoire est narrée
à la première personne par un autre patient du service. Cette narration de
l’intérieur donne une sensation documentaire au roman, d’autant plus frappante que
la réalité qui y est dépeinte témoigne de pratiques aberrantes et méconnues
(que l’on espère révolues), notamment l’usage des électrochocs. Infiniment
drôle et en même temps très triste – car on se doute dès les premières pages de
l’issue de la confrontation entre McMurphy et Mlle Ratched –, « Vol
au-dessus d’un nid de coucou » fait vivre avec beaucoup d’émotions une
galerie de personnages forcément hauts en couleurs, et se distingue par la
sensibilité de sa narration. Le narrateur est en effet victime de douces
hallucinations voire de crises de folie, qui confèrent aux situations racontées
une poésie à mille lieues de la description froide et clinique du fonctionnement
d’un service psychiatrique qu’on aurait pu craindre.
Ce premier roman de Ken Kesey reste son plus connu alors qu'il est bien moins ambitieux et virtuose que « Et quelquefois j’ai comme une grande idée ». L'excellente fortune de l'adaptation cinématographique par Milos Forman de « Vol au-dessus d’un nid de coucou » explique sûrement la différence de notoriété entre ces deux romans, composant l'essentiel de l'oeuvre romanesque de Ken Kesey. Il faut lire « Vol au-dessus d’un nid de coucou »... mais aussi et surtout « Et quelquefois j’ai comme une grande idée » !
« Vol
au-dessus d’un nid de coucou » de Ken Kesey (1962)
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