« Ben-Hur » :
l’histoire cruelle de cette fratrie qui se déchire au temps de Jésus-Christ (à
l’origine, un roman publié en 1880) avait impressionné à l’ère du cinéma muet
dans la première version de 1925 signée Fred Niblo. Elle a été de nouveau
portée à l’écran avec toute la démesure de l’ère éclatante du Technicolor par
William Wyler en 1959. Quand on évoque « Ben-Hur », c’est de ce
film-ci que l’on parle, tant elle a marqué les esprits et reste impressionnante
(notamment sa célèbre course de chars). A l’ère du numérique et de la 3D, il
était donc presque logique qu’une nouvelle version de cette histoire désormais
mythique soit produite… Mais comment passer après le film de Wyler de 1959,
même cinquante-sept ans plus tard ?
Une parodie involontaire de péplum
Cette
nouvelle adaptation est une erreur totale. C’est tout simplement un mauvais film,
très mal filmé, encore plus mal monté. Petite prouesse, ce blockbuster réussit au
niveau des effets spéciaux à perdre sur les deux tableaux : il concilie la
laideur du numérique avec le toc des décors en cartons et des accessoires en
plastique. La direction artistique est une vraie calamité (cette Antiquité est
invraisemblable), à moins de regarder le film comme une parodie de péplum – dans
ce cas l’un des éléments les plus drôles du film est sans nul doute la coiffure
de Morgan Freeman (pourquoi s’est-il embarqué dans cette galère ?).
Pour tout
ce qui n’est pas de l’action, le réalisateur Timur Bekmanbetov se révèle très
maladroit. Avec ces dialogues risibles, ces acteurs sans expression et ces
décors et costumes en carton-pâte, « Ben-Hur » a tout d’un téléfilm.
On se demande vraiment pourquoi Bekmanbetov a accepté ce projet (proposé à
beaucoup de réalisateurs). Lui qui est si adroit dans la fantaisie
(l’extraordinaire « Abraham Lincoln, chasseur de vampires », 2012) n’est
clairement pas capable de raconter cette histoire aussi lourde sans verser en
permanence dans le comique involontaire…
On a
l’impression que le réalisateur a tout misé sur la fameuse séquence de la
course de chars (est-ce pour ce passage qu’il a accepté de tourner ce
remake ?). C’est assurément le meilleur moment du film, mais il ne s’agit
pas pour autant d’un grand moment de bravoure cinématographique. Certes, ça
fait plein de bruit, ça envoie du sable en 3D sur la tête des spectateurs, mais
c’est empêtré dans une laideur numérique qui affadit tout et ne rend plus rien
impressionnant, et surtout, c’est filmé au stroboscope, ce qui fait qu’on n’y
comprend rien.
En
définitive, ce « Ben-Hur » ne restera pas comme ses prédécesseurs
dans l’histoire du cinéma, d’autant plus qu’il ne propos strictement rien de
nouveau par rapport à eux, et se contente de les copier jusque dans les
principes de mise en scène. Si ce « Ben-Hur » parvient à rester dans
les mémoires d’ici la fin de l’année 2016, ce sera déjà un exploit…
On retiendra…
Une 3D parfois marrante.
On oubliera…
Laid, involontairement
comique, filmé et monté n’importe comment, cette nouvelle version de
« Ben-Hur » fait honte à celles de 1925 et 1959. Absolument sans
intérêt. Sauf si vous voulez démontrer (très cruellement) que « Hollywood,
c’était mieux avant ».
« Ben-Hur » de Timur
Bekmanbetov, avec Jack Huston, Toby Kebbell,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire