Voilà un
film bien étrange. C’est en effet un film français… de science-fiction. Plus
exceptionnel encore, « Evolution » est même un bon film de
science-fiction (récompensé au festival du film de Saint-Sébastien).
Métaphores visuelles
Ce deuxième
long-métrage de Lucile Hadzihalilovic raconte la vie d’une communauté isolée où
tous les adultes sont des mères et tous les enfants des garçons. A l’image du
film, l’intrigue est minimaliste : il s’agira de lever petit à petit le
mystère de cette communauté. L’intrigue est si étique que le film ressemble
d’ailleurs à un court-métrage étiré un peu abusivement en un long. Mais la
lenteur qu’on pourrait qualifier de
contemplative a en fait une raison : la soumission totale de cette
œuvre audiovisuelle au pouvoir de ses images. Ce qui prime en effet, et ce qui
a peut-être motivé sa réalisation du film, ce sont ces images fortes que le
film déroule dans son rythme engourdi (un rythme qui n’est pas sans raison
narrative – mais en dire plus révélerait des pans de l’intrigue). Les dialogues
sont rares, et lorsque les personnages parlent, c’est souvent pour ne rien dire
d’important.
« Evolution »
est donc visuellement très beau, et très évocateur – on sent que cette histoire
tient à cœur à la réalisatrice. Elle a réussi à insuffler un mystère persistant
à chacune des images, en utilisant notamment l’étrangeté de ces décors naturels
– des plages de Lanzarote aux fonds marins, tous les paysages semblent
extra-terrestres –, au risque de verser parfois de l’illustration. La rétention
d’informations est l’autre source du mystère du film, et c’est aussi là qu’il
trouve sa limite. Car une fois que le spectateur a percé à jour le
fonctionnement de la communauté, la lenteur du film, qui épaississait
auparavant le mystère, devient subitement insistante et lourde. Une
accélération aurait été souhaitable dans sa dernière partie.
« Evolution »
n’en reste pas moins un film marquant, singulier, décalé, qui en interloquera
plus d’un.
On retiendra…
Un mystère déployé narrativement
comme visuellement, par de très belles images.
On oubliera…
La lenteur du film ne crée
plus sur la fin du film du mystère mais de l’ennui.
« Evolution » de
Lucile Hadzihalilovic, avec Max Brebant, Julie-Marie Parmentier, Roxane Duran,…
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