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Dans la liste des prétendants aux statuettes
lors de la cérémonie des Oscars de cette année figure « Dallas buyers club »,
premier film américain du québécois Jean-Marc Vallée. Soit l’histoire vraie de
Ron Woodroof, électricien qui, lorsqu’il découvre qu’il est séropositif, va se
battre pour faire rentrer aux Etats-Unis des remèdes à la maladie en provenance
de l’étranger et non approuvés par l’autorité de régulation sanitaire
américaine, la FDA...
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L’histoire est aussi étonnante que terrible –
que le réalisateur y consacre un film est une entreprise salutaire, bien que
tardive. Vallée déploie une mise en scène efficace, qui joue avec le temps et
les ellipses. Cependant, passée la surprise initiale, le montage, à force de
faire des boucles, finit par affaiblir le long-métrage lorsque son intrigue s’essouffle
– d’où la curieuse impression que le film n’avance plus passé un certain
moment.
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« Dallas buyers club » vaut surtout
pour ses acteurs. Les espoirs d’Oscars du film se concentrent en fait sur deux
catégories, meilleur acteur et meilleur acteur dans un second rôle.
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Des nominations qui n’ont hélas rien d’extraordinaire
tant les performances respectives de Matthew McConaughey et Jared Leto sont
extraordinaires.
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Euh… Mais pourquoi, alors, ta phrase
exprime-t-elle un regret ?
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C’est le paradoxe de ces interprétations « hors
normes », où les acteurs poussent le degré de mimétisme à un point si élevé
qu’ils se prêtent à tous les sacrifices, comme la perte de poids. Ainsi, peu de
spectateurs ignoreront que les deux acteurs ont perdu chacun plus de vingt
kilos pour le tournage…
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Si des lecteurs l’ignoraient encore, les voilà
informés.
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… donnant
une côté purement physique, déjà impressionnant à leur prestation. Un registre
dans lequel Jared Leto en impose encore plus, puisque son personnage est un transsexuel.
Tout au long du film, les deux acteurs à l’allure de zombies ne cesseront de
tousser et de s’évanouir, dans un festival de souffrances forcément très
émouvant.
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Bien sûr que c’est émouvant ! Tu ne vas
quand même pas reprocher aux acteurs une telle implication, ni au réalisateur
de vouloir restituer au plus près les conditions de vie des malades du sida aux
Etats-Unis dans les années 1980 !
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Non ! Je m'interroge, toutefois, sur la pertinence d'une telle interprétation. A vouloir imiter au plus près une réalité qui est pourtant, par définition, impossible à reproduire, les efforts si énormes des acteurs finissent par faire éclater aux yeux des spectateurs leur artificialité... Ce que je reproche aussi, c’est que ce type d’interprétation va bientôt devenir le
symbole-même de l’académisme. Avec la multiplication de ces performances, et
des récompenses associées, on a de plus en plus l’impression que plus un acteur
souffre pour un rôle et plus il se rapproche de l’Oscar… ce que mettait si bien
en abyme l’interprétation de Natalie Portman dans « Black swan » de
Darren Aronofsky (2011).
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Dans un registre identique cette année, on peut
citer Chiwetel Ejiofor, aussi en lice pour l’Oscar du meilleur acteur pour s’être
fait torturé dans le film (historique, là aussi) « 12 years a slave »
de Steve McQueen…
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Espérons, donc, que les votants sauront faire
preuve d’un peu plus d’originalité dans leur choix. Il est d’ailleurs curieux
de constater que Matthew McConaughey est encore plus époustouflant dans son
petit rôle de courtier fou du début de « Le loup de Wall Street » que
dans « Dallas buyers club »…
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Et avec tous ses kilos !
On retiendra…
Les transformations de Matthew
McConaughey et Jared Leto.
On oubliera…
A un moment donné, le film se
met à faire du surplace.
« Dallas buyers club » de
Jean-Marc Vallée, avec Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner,…
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