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Maintenant que les bornes d’achat sont devenues
la norme dans les multiplexes, les distributeurs n’hésitent plus à distribuer
des films sous des titres plus ou moins imprononçables.
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Tu devrais plutôt dire : difficiles à
retenir. « Zugarramurdi » : ce nom bizarroïde est en fait un
village de Navarre, en Espagne, connu pour ses grottes qui servirent au
Moyen-Age à l’organisation de sabbats… jusqu’à ce que l’Inquisition
intervienne.
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Le réalisateur le plus fou du cinéma espagnol,
Alex de la Iglesia, s’est inspiré de cette histoire pour son dernier film, une
sorte de comédie horrifique qui ne ressemble à rien d’autre qu’à un film… d’Alex
de la Iglesia.
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Ce réalisateur voit ses films comme des
montagnes russes : il faut que tout fuse, se déchaine, explose en
permanence. Les rares moments de calme sont invariablement brisés, au moment le
plus inattendu, par une nouvelle rupture qui relance la course. Cette mise en
scène hystérique, forcenée, frénétique, crée le chaos par tous les moyens :
ce qui implique parfois…
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Souvent !
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… la bifurcation de l’intrigue dans des
directions complètement farfelues ou l’emprunt de raccourcis qui se fichent de
toute cohérence. Le but étant de créer un tumulte perpétuel qui ne laisse pas
le temps au spectateur de prendre du recul.
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Atteindre cet état de confusion quasi-permanente
implique aussi l’oubli de toute limite, tel dans ce film la vraisemblance
des effets spéciaux: de la Iglesia n’a pas froid aux yeux et s’offre des duels
de sorcières troglodytes en apesanteur – il a quand même eu la décence de
supprimer les câbles de suspension de l’image.
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Mais qu’importe ! Seul compte la relance de
ce délire qui ne cesse de déborder. Le plus fort dans tout ceci est que le
réalisateur raconte effectivement quelque chose, grâce à des conversations
parodiques aux préoccupations bien moins extravagantes que les soubresauts de l’intrigue.
Ainsi, il est ici question du machisme et du féminisme.
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Cependant, de la Iglesia n’atteint pas avec « Les
sorcières de Zugarramurdi » le niveau de son chef-d’œuvre, le beau et
sombre « Balada triste », farce noire et démente sur la guerre d’Espagne
qui avait été récompensé par le Lion d’argent à Venise en 2010 et le prix du meilleur
scénario (des mains de Tarantino !). « Les sorcières de Zugarramurdi »
est quelques crans en-dessous, parce qu’il est dès le départ moins ambitieux,
mais aussi parce qu’il s’épuise par moments.
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Ce qui ne l’empêche pas de contenir de
stupéfiants moments de beauté, comme lors de l’entrée d’un cortège en plein
sabbat dans la grotte de Zugarramurdi… Décidément, une proposition
cinématographique détonante.
On retiendra…
La mise en scène fou furieuse
d’Alex de la Iglesia.
On oubliera…
Le scénario très inégal, les
plongées récurrentes dans le registre nanar.
« Les sorcières de
Zugarramurdi » d’Alex de la Iglesia, avec Hugo Silva, Mario Casas, Carmen
Maura,…
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