Après
l’impressionnant mais discutable « Whiplash », Damien Chazelle a fait
sensation en ressuscitant la comédie musicale classique avec « La la
land » (autre réussite imparfaite) il y a deux ans. Jouissant depuis du
statut de « super auteur » à Hollywood, il retrouve Ryan Gosling pour
raconter, à quelques mois du cinquantième anniversaire du premier alunissage, le
parcours de Neil Armstrong de 1961 à 1969.
Pourquoi le voir ?
Damien Chazelle
nous fait vivre au plus près d’Armstrong les différentes missions qui l’ont
conduit à être sélectionné pour Apollo 11. L’immersion est totale. Ça tremble,
ça grince, ça tourne, à vous donner littéralement des sueurs froides. Chaque
mission est un moment de tension d’une intensité folle, où l’on retrouve le
talent du réalisateur déjà exprimé lors des séquences musicales de
« Whiplash » pour mettre en apnée ses spectateurs. Face à ces
épreuves, un homme mutique qui semble obsédé par la poursuite d’un mystérieux
objectif, Neil Armstrong, joué par un Ryan Gosling une fois de plus
impressionnant d’émotion dans le registre minimaliste.
Le film a
l’intelligence de laisser une place à la critique de la conquête spatiale et
d’éviter toute référence patriotique américaine à cet événement qui a marqué l’humanité toute entière.
La dernière
scène du film, où Armstrong est séparé de sa femme par une vitre, dit tout du
mystère de l’expérience, ineffable, vécue par cet homme, qui nous sera à jamais
inaccessible. « First man » rappelle ainsi le caractère inouï d’un
moment d’Histoire – comme l’a fait récemment, dans un registre très différent
(et avec une toute autre réussite…) Pierre Schoeller en reconstituant la décapitation
de Louis XVI dans « Un peuple et son roi ».
« First man » de
Damien Chazelle, avec Ryan Gosling, Claire Foy,…