-
Alors, tu en as pensé quoi ?
-
Euh… Ce n’est pas facile d’exprimer un avis
positif ou négatif en sortant de la projection d’un tel film… Décrire ce que
l’on ressent en regardant ce film va être une tâche ardue. C’est en apparence
extrêmement funèbre - mais on se demande par moments si le film ne serait pas
en fait une comédie, tant les situations décrites sont absurdes…
-
Le moins que tu puisses dire, c’est
qu’ « Alps » est… inhabituel. Ce film grec est le second du
réalisateur Yorgos Lanthimos (après « Canine » en 2009). Avec Athina
Rachel Tsangari (« Attenbreg »), ils ont relancé, en pleine crise, la
cinématographie grecque. « Alps » a ainsi été récompensé du prix du
scénario à la mostra de Venise de… 2011.
-
Il semble que le distributeur français ait
hésité avant de le distribuer - ou beaucoup réfléchi à la manière de le faire…
-
Ces deux cinéastes ont fondé ce qu’on appelle la
« weird wave ». Bizarre est en effet l’adjectif qui décrit le mieux
« Alps ».
-
Et pas seulement parce que le film ne dévoile
pas dès le début les informations permettant de comprendre (ou non) ce qu’il se
passe : c’est surtout le ton qui dérange. « Alps » est un film
où toutes les émotions paraissent anesthésiées. Les situations dépeintes, le
sujet du film (le deuil, l’absence) devraient être tristes. Mais le réalisateur
est doté d’un incroyable sens de l’absurde qui lui permet de créer à la place un
étonnant vide émotionnel.
-
Les meilleurs scènes font penser au non-sens de
Quentin Dupieux (« Rubber », « Wrong ») ! Et sont très
frappantes.
-
En effet – mais c’est aussi nettement plus
sinistre.
-
Certaines scènes sont quand même drôles – ou
plutôt, bizarrement drôles. Comme lors du dialogue où le mystérieux titre du
film trouve son explication…
-
Sauf qu’à part ces quelques moments où
l’étrangeté du film devient (presque) comique, c’est comme tu l’as le néant
émotionnel. Mais cette prouesse de la mise en scène est paradoxalement son plus
grand défaut !
-
« Alps » est vraiment austère. Pour
atteindre ce néant, le réalisateur a recouru à une photographie très froide,
presque monochrome, l’image semblant envahie par le gris pâle. Sans rien vous
dévoiler de l’histoire, le vide se retrouve jusque dans le jeu des acteurs, qui
jouent à minima. Yorgos Lanthimos explore donc jusqu’au bout son concept, ce
qui donne un film qui serait très beau s’il n’était aussi… inconfortable. En
fait, je ne sais toujours pas si j’ai vraiment aimé ce film.
On retiendra…
Un ton indéfinissable, infiniment triste mais aussi
complètement absurde. On ne saurait mieux dire que « bizarre ».
On oubliera…
Très théorique et conceptuel, le film a du mal à
progresser une fois qu’il a exposé ses interrogations au spectateur.
« Alps » de Yorgos Lanthimos, avec
Aggeliki Papoulia, Ariane Labed,…