En 2011,
mission accomplie pour Brad Bird : le réalisateur des films d’animation
Pixar (« Les indestructibles » et « Ratatouille ») passait
au film « live » avec « Mission impossible : Protocole
fantôme ». Et avec brio : Bird avait certes abandonné l’animation
pour les prises de vues réelles, mais sa réalisation avait gardé un côté
cartoon, qui, loin de fragiliser les enjeux du scénario, apportait une
fantaisie et un humour des plus agréables dans ce blockbuster de commande.
Fort de
cette réussite, Bard Bird est revenu chez Disney pour y réaliser « A la
poursuite de demain ». Notons que cette « traduction » française
du titre original, « Tomorrowland », en plus d’être belle, a
aussi le mérite de brouiller les pistes quant à l’origine de ce projet de long-métrage :
Tomorrowland est le nom d’une section du parc Disneyland…
Le futur selon Disney
Il n’y aura
donc rien de bien excitant au début du film à découvrir sur grand écran cette
ville futuriste qu’est Tomorrowland, qui ressemble surtout à un parc
d’attractions. Les habitants ont l’air de bien s’y amuser, le spectateur
beaucoup moins. Le spectacle proposé est très convenu et surtout cette ville
ressuscite le cauchemar visuel de la laideur numérique (façon « Star Wars :
la menace fantôme »). On comprend que la direction artistique ait
volontairement travaillé le côté lisse et propre de cette ville supposée idéale
(si l’on souhaite vivre dans un parc d’attractions), mais l’intention de départ
s’est retrouvée complètement dévoyée par la représentation en images de
synthèse, puisque tous les décors transpirent le numérique, rappelant sans
cesse au spectateur l’irréalité de ce qu’il regarde.
La seule
bonne idée de cette direction artistique est en fait d’avoir tourné un grand
nombre de scènes dans la Cité des sciences de Calatrava à Valence. Pour le
reste, cette direction artistique se complait à recréer, sans le réinventer,
les représentations très naïves du futur tel qu’imaginé dans les années 60, au
moment de la conquête spatiale. C’est donc extrêmement kitsch, et malgré tous
ses efforts, le film échoue complètement à créer une nostalgie de cette époque
où le merveilleux scientifique existait encore : « A la poursuite de
demain » réussit tout au plus à paraître passéiste, ce qui est en
contradiction totale avec le message progressiste porté par le film.
Ce qui est
assez problématique, étant donné que le film souhaite jouer de la confiance
dans l’avenir de cette époque pour la réactiver aujourd’hui. « A la
poursuite de demain » revendique
haut et fort sa naïveté et son optimisme. Il entend combattre le cynisme
et le pessimisme ambiant. Or, sans le socle de la nostalgie, cette naïveté et
cette revendication de la naïveté sont des plus agaçantes. C’est en tout cas
une stratégie bien facile et… naïve de vouloir se protéger des accusations de
naïveté en l’assumant avec fierté.
Malgré ces mauvais choix artistiques et ces
intentions trop affichées, Brad Bird ne coule pas son film en reprenant les
recettes de son cinéma d’animation et en sortant à plusieurs reprises du cadre narratif
ultra classique du blockbuster à grand public.
Le plaisir du cartoon
Bien que
bancale dans sa réalisation, l’idée du scénario de développer l’une après
l’autre les histoires des deux personnages principaux avant de ne les lier qu’à
la fin brise de manière fort bienvenue la linéarité du récit.
L’humour de
Brad Bird fait surtout mouche à plusieurs reprises. Un vrai charme à partir du
moment où une course-poursuite s’enclenche. Excepté au moment de l’épisode
grotesque à la Tour Eiffel, Brad Bird retrouve à ce moment des codes du cinéma
d’animation. La course-poursuite lui permet de déployer la fantaisie
« cartoon » où l’action ne progresse plus que pour le plaisir du
déclenchement de mécanismes, machineries, pièges, et gadgets. C’est un réveil certes
un peu tardif, mais qui perdurera jusqu’à la conclusion du film, passant outre
d’autres baisses de niveau.
L’autre élément qui séduit est le côté
« méta-cinématographique » du film. Au tout début du film, l’image se
fige à plusieurs reprises, pendant qu’une voix-off intervient pour corriger la
narration – le procédé est identique à celui que le réalisateur avait déjà
utilisé dans « Ratatouille ». Sauf qu’il est ici étendu puisqu’il permettra
de raccorder le début avec la fin « à message » du film. Fin de ce
fait remarquable, et portée par un vrai souffle malgré une symbolique
lourdingue (les éoliennes…). On apprécie aussi particulièrement les
justifications finales du grand méchant – force est de reconnaitre qu’en dépit
de ses allures de parc d’attraction enfantin, « A la poursuite de demain »
n’est pas si bête.
On retiendra…
Bien que tardive, la fantaisie
cartoon de Bird apportent humour et intelligence.
On oubliera…
La laideur de la direction
artistique, la naïveté suraffichée, les raccourcis du scénario.
« A la poursuite de
demain » de Brad Bird, avec Brit Robertson, George Clooney,…
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