dimanche 20 avril 2014

Sa (Her)


-          La sortie du nouveau film de Spike Jonze était forcément attendue, avec ce « pitch » complètement fou : un homme, Théodore (le toujours extraordinaire Joaquin Phoenix), tombe amoureux du système d’exploitation de son ordinateur – qui n’est figuré que par la voix de Scarlett Johansson.
-          Depuis le temps qu’on discute de cinéma, c’est la première fois que je me suis posé une question… troublante. Nos discussions pourront-elles être bientôt rédigées par deux ordinateurs ?
-          Quelle importance, si les lecteurs n’y voient aucune différence ? Cette interrogation est justement l’un des thèmes centraux de « Her »… qui anticipe sans invraisemblance certaines évolutions sociales actuelles.
-          En effet : malgré sa situation de départ qui semble extravagante, le futur de « Her » nous apparait très vite comme des plus crédibles. C’est le grand tour de force de Spike Jonze : ne vivons-nous pas déjà dans ce futur ?
-          Son regard sur le bouleversement de nos modes de vie suite à l’évolution technologique ultra rapide est d’ailleurs des plus ambigus tout au long du film : il est impossible de savoir s’il approuve ou désapprouve cette étrange histoire d’amour qu’il nous raconte. Il se moque en effet régulièrement de cette société de demain, où tout le monde dialoguera seul avec l’IA de son téléphone lors de ses déplacements… et ce, pendant qu’il déroule son histoire d’amour d’un nouveau genre.
-          Je me suis interrogé pendant toute la projection… L’hésitation (feinte) du regard porté par le réalisateur sur cette histoire et ce futur rejoint et accompagne celle du spectateur, qui, devant l’audace de certaines scènes, ne sait pas s’il doit rire ou s’émouvoir. La limite du ridicule est parfois franchie, et même si le film regorge d’humour pour désamorcer les effets de ces prises de risque, cela ne suffit pas toujours.
-          Il n’empêche : Jonze tient son pari. En dépit de quelques – rares – passages à vide, le film fascine et séduit de bout en bout.
-          Alors même qu’il se réduit, la plupart du temps, à une conversation entre un acteur seul à l’écran (Joaquin Phoenix) et une voix « off » !
-          Encore une fois, c’est l’audace et l’étrangeté de cette histoire qui permettent à « Her » de captiver ses spectateurs. Mais, hélas, pas jusqu’à la fin…
-          Quel dommage de terminer cette histoire ainsi ! Si on apprécie grandement l’évocation au cinéma de ce concept – la Singularité – sujet à tant de spéculations aujourd’hui, quel regret de voir Jonze s’esquiver et prendre la fuite au moment de conclure…
-          Au moment, surtout, le plus intéressant de son film ! Nous faire miroiter les étoiles pour finalement prendre la tangente…
-          Cependant, cette déception finale n’enlève rien à ce qui précède. Mais ça empêche définitivement « Her » de figurer parmi les grandes réussites de l’année…

On retiendra…
Alors que son pitch semble des plus extravagants, « Her » se révèle être un film qui résonne fortement avec notre actualité.

On oubliera…
Les cadrages peu inspirés, et surtout la fin, trop facile et décevante.


« Her » de Spike Jonze, avec Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams,…

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