- Tu les as entendus ?
- Quoi ?
- Les coups de tonnerre ! L’orage devait être tout proche…
- Hum… J’étais sûrement trop absorbé dans mes révisions pour le remarquer. Rédiger cette chronique me changera peut-être les idées.
- Avec de tels propos, tu ne peux que m’inquiéter… maintenant que nous avons vu « Take shelter », plus aucun coup de tonnerre ne me laissera indifférent.
- Il est certain que l’année commence fort avec cet excellent film, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il te dérange à ce point !
- Il m’a autant dérangé qu’enthousiasmé : en réalisant son deuxième film seulement, le jeune Jeff Nichols s’impose comme un grand réalisateur. Dans ce long-métrage aussi poisseux que les heures précédents un orage d’été, le spectateur est plongé dans l’esprit de Curtis LaForche, un père de famille en proie à de telles visions apocalyptiques qu’il décide, dans l’incompréhension de ses proches, d’agrandir son refuge anti-tornade pour se protéger d’un danger qu’il est seul à ressentir.
- La réussite du film tient à ses multiples interprétations, n’en proposant qu’une au départ pour en développer d’autres au fur et à mesure que le film avance, ce qui crée un suspense intense : Curtis est-il un prophète ou un fou ? L’originalité de la mise en scène est qu’elle ne cherche aucunement à faire naître la confusion dans l’esprit du spectateur entre ces deux interprétations. L’on sait parfaitement distinguer les rêves vaticinant de Curtis de la réalité. « Take shelter » ne multiplie pas les pistes de réflexion, il les superpose.
- Le film réserve quelques grandes séquences très fortes émotionnellement, lorsque le spectateur partage les cauchemars de Curtis. Le temps d’une séquence, le montage use d’un procédé redoutablement efficace, en intercalant les images du rêve avec celles du réveil de Curtis, faisant craindre au spectateur qu’il n’en sortira jamais. D’ailleurs, le film entier marque durablement.
- Malheureusement, je me dois de tempérer un peu ton enthousiasme à propos du film : sans vous dévoiler la fin, j’ai trouvé que « Take shelter » se terminait de manière trop attendue. J’en attendais peut-être trop de la part de ce film récompensé des grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes et du festival de Deauville.
- Mais le film ne pouvait pas se terminer autrement !
- C’est bien là le problème : on sait déjà à quoi s’attendre avant de l’avoir vue. On est en droit d’attendre un peu plus de nouveauté. La froide certitude d’une fin du monde dans « Melancholia » était décidément bien rafraîchissante.
On retiendra…
L’interprétation de Michael Shannon qui porte tout le film sur ses épaules, la mise en scène de Jeff Nichols.
On oubliera…
Un regret : la fin n’est pas aussi originale que ce qui précédait.
« Take shelter » de Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain,…
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