Pourquoi être allé le voir ?
Chaque film
de Lars von Trier est en soi un événement. Avec celui-ci, Lars von Trier a eu
de nouveau le droit d’intégrer la sélection officielle du festival de Cannes
(hors compétition pour commencer), sept ans après la fâcheuse conférence de
presse de « Melancholia » qui l’avait conduit à être déclaré « persona non grata » – il
avait de fait présenté les parties 1 et 2 de « Nymphomaniac » à
Berlin et à Venise en 2014.
Pourquoi le voir ?
Matt Dillon
interprète avec un brio et un courage qui force l’admiration Jack, ce
personnage monstrueux de serial killer imaginé par Lars von Trier. Il rend
totalement crédible la folie de son personnage, et est pour beaucoup dans le
comique du film.
Le final
étonnant racontant la descente au plus profond des enfers de Jack, intitulé justement
« Catabase », est un collage hétéroclite de séquences tournées dans
des styles très différents (du tableau animé ultra kitsch au found footage angoissant) citant les
représentations les plus célèbres de l’Enfer – et c’est d’autant plus
terrifiant. Cette partie contient la plus belle séquence du film, celle où Jack
regarde des faucheurs en action dans un champ et écoute leur souffle, la seule
peut-être où le parallèle établi par la voix off est beau, et non pas oiseux.
Pourquoi ne pas le voir ?
« Nymphomaniac »
était abominable et bête. « The house that Jack built » s’inscrit
dans son exacte continuité. Ça commence plutôt bien pourtant : l’humour
est très noir, mais fait encore rire. Mais à force de provocations de plus en
plus extrêmes, le rire du spectateur s’étrangle. Puis ses yeux se
ferment : Lars von Trier va trop loin. Les jeux macabres qu’il décrit, le
discours nauséabond tenu par son personnage (illustré selon sa nouvelle méthode
de montage – cf « Nymphomaniac » – de photos tirées de Google images),
sont tellement atroces que le film en devient irregardable.
Complètement
mégalomane, Lars von Trier fait en plus au travers de ce serial killer son
propre autoportrait. On peut reconnaitre que c’est l’un des rares cinéastes qui
cherche vraiment à bousculer ses spectateurs (comment ne pas penser que ce film
est dangereux pendant la projection ?), ce qui serait quelque part
admirable… si ce n’était pour raconter en fait des banalités, ici sur le mal.
« The house that Jack
built » de Lars von
Trier, avec Matt Dillon, Bruno Ganz,…
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