jeudi 22 novembre 2018

Arrête-moi si tu peux (The house that Jack built)


Pourquoi être allé le voir ?
Chaque film de Lars von Trier est en soi un événement. Avec celui-ci, Lars von Trier a eu de nouveau le droit d’intégrer la sélection officielle du festival de Cannes (hors compétition pour commencer), sept ans après la fâcheuse conférence de presse de « Melancholia » qui l’avait conduit à être déclaré « persona non grata » – il avait de fait présenté les parties 1 et 2 de « Nymphomaniac » à Berlin et à Venise en 2014.

Pourquoi le voir ?
Matt Dillon interprète avec un brio et un courage qui force l’admiration Jack, ce personnage monstrueux de serial killer imaginé par Lars von Trier. Il rend totalement crédible la folie de son personnage, et est pour beaucoup dans le comique du film.
Le final étonnant racontant la descente au plus profond des enfers de Jack, intitulé justement « Catabase », est un collage hétéroclite de séquences tournées dans des styles très différents (du tableau animé ultra kitsch au found footage angoissant) citant les représentations les plus célèbres de l’Enfer – et c’est d’autant plus terrifiant. Cette partie contient la plus belle séquence du film, celle où Jack regarde des faucheurs en action dans un champ et écoute leur souffle, la seule peut-être où le parallèle établi par la voix off est beau, et non pas oiseux.

Pourquoi ne pas le voir ?
« Nymphomaniac » était abominable et bête. « The house that Jack built » s’inscrit dans son exacte continuité. Ça commence plutôt bien pourtant : l’humour est très noir, mais fait encore rire. Mais à force de provocations de plus en plus extrêmes, le rire du spectateur s’étrangle. Puis ses yeux se ferment : Lars von Trier va trop loin. Les jeux macabres qu’il décrit, le discours nauséabond tenu par son personnage (illustré selon sa nouvelle méthode de montage – cf « Nymphomaniac » – de photos tirées de Google images), sont tellement atroces que le film en devient irregardable.
Complètement mégalomane, Lars von Trier fait en plus au travers de ce serial killer son propre autoportrait. On peut reconnaitre que c’est l’un des rares cinéastes qui cherche vraiment à bousculer ses spectateurs (comment ne pas penser que ce film est dangereux pendant la projection ?), ce qui serait quelque part admirable… si ce n’était pour raconter en fait des banalités, ici sur le mal.

« The house that Jack built » de Lars von Trier, avec Matt Dillon, Bruno Ganz,…