« Independence
day » avait marqué mon enfance. La vision de ces gigantesques vaisseaux
extra-terrestres recouvrant les capitales de la Terre pour y déchaîner
l’apocalypse était si terrifiante que je me souviens encore de la peur que
j’avais éprouvée tout au long de sa projection. Si déjà à l’époque j’avais
trouvé le film beaucoup trop long, puis en grandissant et rétrospectivement
(sans l’avoir jamais revu), beaucoup trop à la gloire de l’Amérique pour que je
puisse encore le considérer comme un grand film, il est resté dans ma mémoire…
Que je le veuille ou non, « Independence day » est donc devenu une
référence personnelle dans le champ du blockbuster ou du film de
science-fiction.
Vingt ans
après la sortie du film, Roland Emmerih, son réalisateur jadis au sommet de
Hollywood et depuis « White house down » retombé dans ses limbes (son
dernier film n’est même pas sorti au cinéma en France), réalise une suite à son
film le plus célèbre : « Independence
day : résurgence ».
Cadeau empoisonné
Pour faire
plaisir aux fans du premier film, à cette génération marquée par son
visionnage, « Independence day 2 » fête lui-même l’anniversaire du premier
film. Vingt ans séparent la sortie des deux films, vingt ans se sont donc
écoulés entre les histoires racontées dans les deux films. Ainsi, dans
« Independence day 2 », est célébrée la victoire obtenue à la fin
d’« Independence day ». Or, si l’on s’attache à ces dates, regarder
ce film ne vous donnera pas confiance dans l’avenir. En vingt ans, beaucoup de
choses ont changé. En mal.
On se rend
compte très rapidement que Roland Emmerich, devenu has been, n’a même pas
essayé de se remettre sur la sellette avec cette suite qui semblait pourtant gagnée
d’avance. La mise en scène est inexistante, d’une platitude absolue, sans
aucune imagination. On attend désespérément qu’une émotion se dégage du film,
qui ne soit pas l’ennui. Les scènes d’action ? Elles sont tellement mal
filmées qu’elles sont illisibles et incompréhensibles. Les moments terrifiants
du premier film (l’arrivée des vaisseaux sur Terre, la communication avec
un extra-terrestre, l’entrée dans un de leur vaisseau) ? Ils sont reproduits à
l’identique ici (quelle originalité…), mais en accéléré. Le film va en effet
très vite, beaucoup trop vite, et jamais aucune pesanteur ne sera donnée à ce
récit d’invasion extra-terrestre qui devrait faire ressentir à ses spectateurs
la peur de la fin du monde. Non, « Independence day 2 » se perd dans
des péripéties pitoyables d’incohérence.
Le film
cherche à faire oublier son indigence scénaristique et sa pauvreté formelle
derrière un humour tout sauf drôle très encombrant, trahissant complètement
l’histoire qu’il voulait raconter et les émotions qu’il voulait véhiculer.
Est-ce le signe d’une défaite avouée du réalisateur, qui face à la nullité de
son film, a préféré se protéger derrière le paravent de l’humour et du
« fun » ? Ou ce comique faisait-il partie dès le début du
projet ? Auquel cas on comprend le refus de Will Smith de participer à
cette suite. (Par contre, le mystère de la présence de Charlotte Gainsbourg au
casting – dans un rôle ridicule – reste entier.)
Cette suite
n’aurait jamais dû exister. Elle gâche le bon souvenir qu’on pouvait avoir du
premier film. Pire, ce film est tellement raté et en même temps tellement
patriote que je me suis senti insulté au cours de la projection. Qu’on puisse
proposer à des gens un spectacle aussi pauvre sans rien leur donner d’autre que
de la bêtise et de la propagande pro-Amérique a de quoi révolter.
On retiendra…
Un seul plan de cinq secondes,
où un vaisseau envahit peu à peu l’écran, provoque une émotion.
On oubliera…
Une catastrophe générale qui
cherche vainement à se protéger derrière un humour pas drôle. Un tel degré de
nullité artistique fait de ce film une insulte au cinéma à grand spectacle et
au film de science-fiction.
« Independence day : résurgence » de Roland
Emmerich, avec Jeff Goldblum, Liam Hemsworth, Bill Pullman,…
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