Michel
Franco est un réalisateur mexicain dont l’ascension dans la cinéphilie
internationale semble irrésistible. Elle doit tout au festival de Cannes. Son
premier long-métrage y a été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs (« Daniel
y Ana », 2009). Il est revenu à Cannes en 2012 pour son deuxième
long-métrage, « Después de Lucía »,
remportant le prix Un Certain Regard. Cette année, il a atteint la plus prestigieuse
des sélections avec son troisième long-métrage, « Chronic », récompensé
du Prix du scénario. Trois longs-métrages seulement, et il ne lui manque déjà
plus que la Palme d’or.
Malsaine mise en scène
C’est un
euphémisme de dire à propos de « Chronic » que ce n’est pas un film
joyeux. Il raconte la vie d’un infirmer, appelé David et interprété par Tim
Roth, s’occupant de plusieurs malades en phase terminale. Vu la dureté du
sujet, il ne doit pas avoir été beaucoup abordé au cinéma. La description de ce
métier est donc intéressante dans ce qu’elle révèle des comportements humains
(dans le film, l’infirmier et le malade dont il s’occupe nouent d’étranges
relations d’inter-dépendance, que la famille du malade ne comprend pas). Mais
une chose est sûre : il ne fallait surtout pas raconter ce métier comme l’a
fait Michel Franco. Ni avec cette mise en scène, ni avec ce scénario.
Si « Chronic »
est un très mauvais film, peut-être le plus mauvais sorti au cinéma cette
année, ce n’est pas parce qu’il est mal filmé, ou que son réalisateur maitrise
mal les techniques cinématographiques – bien au contraire. C’est parce qu’il
est ignoble. Michel Franco montre frontalement la déchéance des malades dont s’occupe
David, d’une manière extrêmement crue. Sa mise en scène relève d’une fausse
pudeur qui ne devrait tromper personne, car elle ne vise qu’à faire choc. La
maladie est horrible, mais la montrer ainsi ne fait honneur à personne, et
surtout pas aux malades. Avec ce film, Michel Franco joue en fait avec ses
spectateurs en se protégeant derrière la vérité de ce qu’il décrit. Son
réalisme cru lui sert de caution pour manipuler les spectateurs, le choquer par
sa frontalité et donc par son courage de cinéaste, sa lucidité. Or non :
cette mise en scène est bassement sensationnaliste, et n’utilise que des
procédés fallacieux. La preuve indiscutable de la tromperie de la réalisation
arrivera (comme un coup de grâce) à la toute fin du film, inénarrable par sa
bêtise.
Que « Chronic »
ait été sélectionné en compétition à Cannes relève donc d’une très lourde
erreur. Qu’il ait en plus été récompensé relève du scandale. Ce que montre ce
film du cinéma de Michel Franco ne mérite pas qu’on l’encourage.
On retiendra…
Qu’il ne faut pas voir ce
film, pour des raisons morales pourrait-on même dire.
On oubliera…
Une mise en scène qui, sous
couvert de réalisme, ne vise qu’à choquer ses spectateurs pour démontrer une virtuosité
cinématographique qui n’a rien à voir avec le sujet du film.
« Chronic » de
Michel Franco, avec Tim Roth, Sarah Sutherland,…
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