« Crimson
peak » : derrière ce titre étrange (qui se traduirait par « Sommet
cramoisi ») se cache une histoire gothique de fantôme et de maison hantée.
Un genre auquel Guillermo del Toro, le réalisateur génial des « Hellboy »
et du « Labyrinthe de Pan », semblait prédestiné. Il s’y attaque avec
sérieux, respect et habileté.
Sérieux et respectueux
N’était
l’apparition récurrente à l’écran d’un spectre, le réalisateur semble avoir
contenu pour cette histoire sa fantaisie débordante (voire délirante).
Obéissant à une forme classique (dans le sens mélioratif du terme), del Toro
traite cette histoire de maison hantée et de secrets familiaux au premier
degré, se reposant pour faire vivre cette histoire sur les interprétations
impeccables de Mia Wasikowska et Tom Hiddleston, dont le physique convient
parfaitement à ces rôles archétypaux de baron séducteur mais maléfique et de
jeune rêveuse perturbée par des démons.
Cependant,
trop respectueux, tant dans ses références parfois trop explicites (l’indépassable
(?) « Shining » en tête, mais aussi « La maison du diable »),
que dans l’obéissance aux codes du genre, le fantasque Guillermo del Toro s’est
peut-être montré trop sage en cherchant à s’inscrire dans le
« canon » du film gothique. Le scénario de « Crimson peak »
est très bien construit mais est mis en scène avec une telle attention qu’il se
devine quelque peu à l’avance. Ainsi, la révélation du grand secret du film n’étonnera
ainsi personne.
Beau et horrible
Et
pourtant, Guillermo del Toro réussit quand même son coup. S’appuyant (c’est sa
signature) sur des effets spéciaux traditionnels et des décors réels, le film diffuse
un charme enchanteur, et fait naître une émotion qu’aurait noyé le numérique. L’effroi
est d’autant plus vif lorsqu’il est provoqué par des effets simples, quasi
forains, dont le réalisateur use avec habileté.
« Crimson
peak » est surtout d’une beauté magnifique. Le manoir où se déroule la
majorité de l’action est une collection de bonnes idées de décor, habilement
exploitées, à l’image de ce gisement d’argile qu’exploite le baron et dans
lequel s’enfonce le manoir. Le rouge de cet argile s’immisce partout dans le
manoir et envahit peu à peu l’écran, jusqu’à un final très sanglant, surprenant
car flirtant avec le gore. C’est assez douloureux à regarder, et pourtant c’est
sublime. La très belle musique de Fernando Velazquez ajoute encore à l’émotion
du final.
A la conclusion
du film, le charme a opéré : saisi par la beauté macabre de cette
histoire, on a déjà envie d’y refaire un tour. Ce qui est un marqueur certain
de la réussite du long-métrage (et une caractéristique de tous les films de del
Toro).
On retiendra…
La beauté du film, qui tient à
ses décors fabuleux, à sa mise en scène soignée et sa superbe bande originale.
Le final gore.
On oubliera…
Le scénario ne ménage aucune
réelle surprise, inscrivant le film dans un respect du genre de la fiction
gothique qui n’est que discrètement détourné.
« Crimson peak » de
Guillermo del Toro, avec Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire