Cette «
nouvelle épopée grecque » - comme le présente le distributeur du film – est
effectivement un road movie situé en Grèce. Suite au décès de leur mère, deux
frères albanais, Dany et Odysseas, partent à la recherche de leur père qu’ils
ne connaissent pas, pour lui réclamer
une partie de sa fortune mais surtout sa reconnaissance, indispensable à
l’obtention d’un passeport grec.
Un rempart à la crise
Sur cette
amorce a priori lugubre comme une tragédie grecque, Panos H. Koutras déploie un
univers très coloré, une folie, un humour qui évoquent beaucoup le cinéma de
Pedro Almodovar. Semblant d’abord un peu forcée, l’extravagance du personnage
principal, Dany, devient rapidement aussi attachante qu’elle agaçait au départ,
à l’image du film dans son ensemble. Les embardées excentriques des deux
frères, qui insufflent émotion et
énergie au long-métrage, font contrepoint au cadre nettement plus inquiétant où
se déroule cette histoire, soit la Grèce en pleine crise de la dette, où
sévissent en presque totale impunité des ligues d’extrême droite.
L’appel au
rêve apparaît alors comme une nécessité pour Dany et Odysseas, capables de
réinventer leur misère en conte de fées. C’est ainsi que sur le chemin les
menant à leur père, Dany embarque bientôt son frère Odysseas dans des auditions
pour concourir à l’équivalent grec de la « Star Academy ». Pour cette fratrie,
le rempart le plus efficace contre la tristesse ambiante est les chansons de la
diva italienne Patty Pravo, réinterprétées dans des fabuleuses scènes musicales
où l’émotion souvent affleurante éclate soudainement. Interviennent aussi, à
des moments toujours inattendus, des séquences oniriques, qui participent au
décollement du film de ce dur portrait de la crise sociale grecque dépeint par
ailleurs.
C’est cette
capacité à réenchanter son environnement que Panos H. Koutras célèbre à travers
cette comédie douce-amère. Koutras a la très bonne idée, avec les
auto-persuasions de Dany, de piéger ses spectateurs ou de laisser planer le
doute sans jamais trancher. Comme le montre la fin de son film, vivre importe
plus que de débrouiller mensonges et vérités.
On retiendra…
Difficile de résister à la
capacité de réinvention de ces personnages, pourtant persécutés dans la Grèce
en crise. La mise en scène, lorsqu’elle ne résout pas les ambigüités.
On oubliera…
Le mauvais goût de certaines
séquences se traduit parfois par quelque laideurs visuelles.
« Xenia » de Panos H. Koutras,
avec Kostas Nikouli, Nikos Gelia,…
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