-
Je crois que l’on doit des excuses à nos
lecteurs pour notre présence moins soutenue qu’à l’ordinaire dans les pages de ce site…
-
Il faut dire qu’avec le 67ème festival
de Cannes et les reprises de ses sélections à Paris – toujours en cours – le calendrier
des projections était si chargé que le temps nous a manqué ! Mais
maintenant que nous avons pu voir la plupart des films de la compétition
cannoise, il est temps de se remettre au travail.
-
Juste à temps, pour parler de ce qui
était l’un des meilleurs films de la sélection officielle : « Bird
people » de Pascale Ferran !
-
Un film qui représentait déjà un événement étant
donné la rareté de sa réalisatrice (très impliquée par ailleurs) : « Bird
people » est son quatrième long-métrage en vingt ans. Evénement, surtout,
pour le secret gardé par la production autour du contenu du film…
-
C’est ce mystère qui explique sans nul doute la
sélection de « Bird people » dans la section Un Certain Regard du
festival de Cannes – il ne concourrait donc malheureusement pas pour la Palme d’or.
La moindre exposition d’Un Certain Regard était peut-être la seule manière de
protéger l’immense surprise qu’est le coup de force narratif qui intervient au
mitan de la projection, pour que les spectateurs puissent eux-aussi en faire l’expérience
à sa sortie en salles…
-
Nous ne vous dévoilerons donc pas ce qui est
sans conteste l’idée de scénario la plus folle du cinéma français depuis bien
longtemps… Mais sachez qu’il ne faut pas attendre la deuxième moitié du film
pour être surpris par « Bird people ». L’ouverture du film – un voyage
dans le RER B –, presque un film dans le film, expérimente déjà beaucoup. Pour
raconter cette histoire dont on ne peut deviner le propos que dans les
dernières minutes du film, Pascale Ferran multiplie les innovations. Sa mise en
scène ose sans cesse, et convoque toutes les techniques narratives dans un
grand ensemble (très ordonné) qui répond à la nature chorale de cette oeuvre
qui souhaite s’inscrire dans la contemporanéité absolue.
-
« Bird people » se déroule en effet dans
un hôtel à proximité de l’aéroport de Roissy, dans cet aéroport, dans les
transports en commun,… : toujours dans des lieux de transit où est
perceptible l’abolition de la notion de frontière de notre société moderne et
mondialisée, mais où les individus ne se sont pas rapprochés pour autant.
-
Difficile au départ de saisir ce dont nous parle
Pascale Ferran, avec cette forme qui s’adapte à la multiplicité éclatée de son
sujet : en suivant deux personnages, le film glisse d’un lieu à un autre
avec des surprises narratives qui surprennent constamment, et ne se laisse
appréhender dans son ensemble que tardivement.
-
Pascale Ferran avait déjà démontré dans « Lady
Chatterley », et pas forcément pour le meilleur, qu’elle n’avait pas peur
du ridicule. Mais dans « Bird people », l’irruption de ce décollement
de la réalité ne fait pas rire, mais émerveille par sa poésie et enthousiasme pour
son innovation – idée par ailleurs techniquement superbe dans sa réalisation.
-
Au risque de réduire la surprise, on ne vous en
dira pas plus : il faudra se rendre en salles pour en faire l’expérience…
On retiendra…
« Bird people »
invente, ose, innove : un geste cinématographique magnifique.
On oubliera…
Si on peut applaudir Pascale
Ferran parce qu’elle ose le ridicule, on ne la suit pas lorsqu’elle s’y
complait – ce qu’elle ne fait heureusement que très rarement ici.
« Bird people » de
Pascale Ferran, avec Josh Charles, Anaïs Demoustier,…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire