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Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi est-ce
que tu marches comme ça ?
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Ah, je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis
que j’ai vu « Lincoln » je n’arrive plus à marcher correctement.
Inconsciemment, j’adopte la même démarche que celle de Daniel Day-Lewis
lorsqu’il interprète le plus célèbre des présidents américains.
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Pourtant, tu n’as pas pris son accent – ton
anglais est toujours aussi pitoyable !
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Il y a des limites au pouvoir du cinéma… Mais ça
faisait longtemps qu’un acteur ne m’avait pas autant impressionné ! Depuis
Natalie Portman dans « Black swan », en fait. Même si les onze rôles
de Denis Lavant dans « Holy motors » l’an dernier n’étaient pas moins
excellent…
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Tu dévies un peu du sujet, là. Daniel Day-Lewis
est un acteur très rare au cinéma (vingt films en quarante et un ans de
carrière !), peut-être parce qu’il s’investit jusqu’au fanatisme dans
chacun de ses rôles. Une fois de plus, il s’est complètement transformé pour
jouer Lincoln. Voix, stature, démarche : dès son apparition à l’écran, on
est immédiatement saisi par sa présence, sa stature hors du commun. Surtout, le
jeu de Day-Lewis, l’éclairage, la mise en scène apportent une aura
indéfinissable au personnage, qui intrigue jusqu’à la fin du film…
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Et qu’on ne retrouve pas chez les autres
personnages – voire même ailleurs au cinéma ? Cette aura qu’a su donner
Spielberg à Day-Lewis donne immédiatement la sensation de se retrouver face à
une figure historique, et explique sans peine l’incroyable charisme du
président. Une réussite totale.
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« Lincoln » est aussi une première
dans la conséquente filmographie de Spielberg : pour son vingt-septième
long-métrage, Steven Spielberg n’a jamais donné autant d’importance à sa
direction d’acteurs. Contrairement à ce à quoi il nous avait habitué,
« Lincoln » n’est pas un nouveau film de guerre. La guerre de
Sécession n’est montrée que dans les premières minutes du film – elle sera
ensuite vécue à travers les messages télégraphiques (!). « Lincoln »
se déroule presqu’entièrement dans des espaces fermés, de la Maison Blanche à
la chambre des députés, et l’action n’y progresse que par les dialogues.
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Un peu comme cette critique ?
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Oh non : longues et complexes – parfois mêmes
difficiles à suivre, les conversations de « Lincoln » sont hautement
passionnantes. Bien plus qu’un film sur Abraham Lincoln, c’est un film sur l’exercice
politique, qui soulève nombre d’interrogations. Pour parvenir au vote de
l’abolition de l’esclavage, Lincoln n’hésitera pas à se jouer des lois
démocratiques – jusqu’à la corruption, à maquiller la vérité - jusqu’à mentir
ou se renier, et à exploiter l’état de guerre. De telles manœuvres, montrées
dans toute leur complexité, n’ont pas perdu de leur actualité…
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Mais au fait, n’as-tu pas été déçu que Spielberg
ne raconte que les quatre derniers mois de la vie d’Abraham Lincoln ?
C’est dommage de passer ainsi sous silence son combat contre les vampires.
On retiendra…
La transformation de Daniel
Day-Lewis : on a rarement vu un tel charisme chez un personnage au cinéma.
La forme inédite pour un film de Spielberg, la complexité des dialogues.
On oubliera…
La mise en scène se fait
peut-être un peu lourde à la toute fin.
« Lincoln » de Steven Spielberg, avec
Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones,…
Une grosse déception pour ma part - très cliché et qui faire clairement une distinction très manichéenne du Pour et du Contre l'Amendement. Du dialogue sur 2h30 complètement renfermé (presque que de l'intérieur), un John Williams pas inspiré - et ce malgré les perf de Day-Lewis et de Lee Jones.
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