Avec « Insomnia »
en 1997, le norvégien Erik Skjoldbjærg avait frappé les esprits. Le film a même fait l’objet d’un
remake hollywoodien, réalisé par Christopher Nolan, en 2002. Mais depuis ce qui
était alors son deuxième film, aucune autre œuvre de Skjoldbjærg n’avait été distribuée
en France… jusqu’à « Hold-up », réalisé en 2010 et sorti au début du
mois d’août, son cinquième film.
Documentaire
« Hold-up » raconte sur
un ton très réaliste le braquage le plus spectaculaire que connut la Norvège,
le 5 avril 2004, dans la ville de Stavanger. Un ton très réaliste, car Skjoldbjærg
fait de son film un quasi-documentaire. Le montage retransmet en
temps réel et presque sans musique les mouvements des différents groupes
(employés de la banque de dépôt, policiers, braqueurs), en indiquant en inserts
l’heure et le lieu où se déroulent la scène, ainsi que les noms des
personnages. La caméra suit au plus près les mouvements des personnages, leurs
déambulations dans les couloirs, dans les rues de la ville au volant de leurs
voitures… permettant à chaque fois au spectateur d’avoir le point de vue des
différents protagonistes sur l’histoire. Lorsque deux actions se passent simultanément,
le montage ne fait pas de va-et-vient entre les deux groupes, les deux visions
du même événement. Il laisse la scène se terminer, puis passe au groupe suivant
en revenant en arrière chronologiquement (« cinq minutes plus tôt »),
montrant parfois la même scène mais sous un point de vue différent.
Ces retours en arrière ne rendent
pas pour autant la compréhension des événements plus aisée. Mais s’ils brouillent
un peu le spectateur, ils apportent une fraicheur bienvenue à un montage sinon
mécanique.
L’anti-spectacle
Le parti
pris de réalisme documentaire du réalisateur n’est en effet pas des plus
passionnants, et ne convainc donc pas vraiment. « Hold-up » est un
film mitigé. On peut applaudir le radicalisme de cette mise en scène, sauf que
celle-ci appauvrit terriblement le film, qui en devient aussi quelconque que
son titre. Oui, la réalité est bien plus ennuyeuse et bien moins palpitante que
les films de braquage hollywoodiens, comme le souligne l’un des braqueurs au
début du film. Mais Skjoldbjærg aurait quand même pu rendre ces actions minutées plus
fascinantes. Par son jusqu’au-boutisme anti-spectaculaire, « Hold-up »
est en quelque sorte le « Policier, adjectif » du film de braquage.
De plus, Skjoldbjærg fait parfois
quelques écarts avec sa ligne réaliste. Le ralenti précédant le moment où un
braqueur enfonce un marteau contre la vitre de la banque a un sens, et relance
le film de manière bienvenue. Mais la fin abrupte où les intertitres expliquant
le parcours des différents protagonistes après le braquage sont entrecoupés de
scènes du film déjà vues, bêtement illustratives, et renvoyant de plein fouet
au spectateur l’artificialité du montage et de tout ce qu’il vient de voir. Il
est dommage de discréditer toute l’entreprise de sa mise en scène avec une fin
bâclée par manque d’inspiration…
Reste une vision assez saisissante
de la place où se tient la banque de dépôt, traversée tout au long du film par
les citoyens de Stavander, qui ne remarquent pas ou trop tard qu’un braquage a
lieu. Un braquage aussi anti-spectaculaire pour eux que pour nous, spectateurs…
On retiendra…
Le choix de mise en scène du réalisateur, qui fait
de son film un quasi-documentaire.
On oubliera…
Le choix de mise en scène du réalisateur, qui fait
de son film un quasi-documentaire.
« Hold-up »
d’Erik Skjoldbjærg,
avec Marit Synnøve Berg, Frode
Winther Gunnes,…
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